Critique du roman Abélard & Lily de Laura Creedle

Pour son premier roman, Abélard & Lily, Laura Creedle n’a pas fait le choix du classicisme, en suivant une mouvance. Si comme tant d’autres elle parle de romance, son approche via des personnages atteints de « troubles », ressort d’emblée du lot. Encore faut-il le faire avec soin et ça on le découvrira par la suite.

Abélard & Lily

Les opposés s’attirent. Voici un dicton qui sied à Abélard & Lily. D’ailleurs l’illustration de Dorian Danielson traduit comme il se doit l’identité du livre. Cactus piquant d’un côté, fleurs semblant si douces de l’autre. Le tout ne formant qu’une entité. Une jolie allégorie pour démarrer sa lecture.

Abélard & Lily sont en couple, cependant de nombreuses personnes diraient qu’il ne fonctionnera pas, car les 2 semblent s’opposer. Voire pire : elle et il ne vont pas ensemble. Une des phrases les plus stupides au monde. Au même titre que l’inverse. Dire que telle personne allait, va ou irait bien avec telle autre, est tout aussi idiot. Surtout lorsqu’il s’agit de critères physiques, ce qui est le plus souvent le cas. Où juste de par certains de leurs traits. Ici ce que la plupart appelle des handicaps. Si celles et ceux lançant ça changent de trottoir en voyant un(e) « handicap(e) », par crainte de le devenir (c’est majoritairement pour cela), on se demande qui a un handicap en réalité.

Abélard & Lily

D’une part Lily. Souffrant de TDAH, elle est hyperactive, mais n’est pas sortie du système « classique ». Elle est impulsive, commet des bourdes, mais faisant souvent rire. L’auteure, touchée par le même problème, sait en jouer, pour montrer les difficultés en vivant avec. Sans non plus tomber dans l’extrême. Tant dans le côté humoristique, que dans le pathos. D’autres souffrent d’un syndrome plus fort, mais ce n’est pas le cas ici. Même si tout est loin d’être drôle. Y compris pour les cours.

Elle est finalement une lycéenne banale puisqu’elle a un petit ami. Abélard. Atteint lui d’Asperger. Faisons simple, l’autisme des personnes aux capacités intellectuelles élevées. Il a quand même pu poursuivre ses études basiques jusqu’ici. Bien qu’il s’ennuie en cours. Toutefois, on parle en connaissance de cause, si le système et le personnel scolaire qu’Abélard a croisé dans toute sa vie est du niveau de ceux de la réalité, on comprend qu’il n’ait pas été mieux orienté.

Cependant cela va évoluer. En s’éloignant scolairement, c’est également le couple qui risque de se fragiliser. On sait ce que signifient les relations  à distance. Pourtant, cet évènement semble les aider à échanger via leur passion commune pour les Lettres d’Abélard et Héloïse, par Héloïse d’Argenteuil et Pierre Abélard. Tout comme leurs illustres ainé(e)s, Abélard & Lily se lancent dans une correspondance leur permettant de s’ouvrir l’un(e) à l’autre. Chose non aisée quand l’une a tendance à connaitre des problèmes lorsqu’elle s’exprime oralement. Tandis que l’autre n’est pas motivé à l’idée de parler. Même si pour leur moitié, elle et il veulent se secouer. Une jolie relation à suivre, loin d’être insipide.

Abélard & Lily

Conclusion

On sort forcément touché(e) d’Abélard & Lily. Le couple ne sonne pas faux et l’approche de l’auteure frappe de par sa sincérité. Les problèmes de vie de tous les jours des 2 protagonistes sont mis en lumière, tout en y associant une certaine douceur. On espère que les mentalités des gens envers les personnes souffrant de n’importe quel symptôme, syndrome, « handicap »… changeront à cette lecture.