Test : Alien Isolation (PS4)

Alien Isolation

Encore à ce jour, Alien reste l’une des symboles phares du cinéma mixant habilement la science-fiction et l’horreur. Au niveau vidéo-ludique, les portages d’Alien n’ont pas toujours été très élogieux. Le dernier essai, signé Gearbox Software, avec le très (trop) tardif Aliens Colonial Marines, n’a pas tout à fait convaincu à sa sortie. Sega ne s’est pas laissé aller pour autant et collabore pour Alien Isolation avec The Creative Assembly. Cette dernière lecture se voudra, d’une part, beaucoup plus proche du premier opus cinématographique d’Alien (1979), et d’autre part, sensiblement axée sur le gameplay de type survival. Une fois de plus, ce n’est pas ici non plus que l’on vous entendra crier, vous voilà prévenus.

Recherche héroïne solitaire malchanceuse

Amanda Ripley a un fameux souci : sa mère, Ellen Ripley (héroïne de la saga Alien au cinéma), a disparu depuis une quinzaine d’années. L’obsession de sa fille est donc de retrouver la boîte noire du Nostromo, le célèbre vaisseau où se trouvait jusqu’alors sa génitrice. Comme tout bon pitch horrifique, l’isolement a ça de bon qu’il nous rend particulièrement fragile et enclin au faux pas. Bon, encore plus que dans le cas d’un misérable groupe d’humains qui, de toute façon, ne peut pas faire de grand miracle face à la férocité et à la résistance d’un Alien. Et cet isolement, présent dans le titre, se présente assez rapidement. Cherchant d’ultimes indices pour retrouver sa mère, Amanda apprend que la boîte noire du vaisseau disparu se trouverait sur la station spatiale Sevastopol. Le débarquement sur la station ne se fait pas vraiment dans les normes et les protagonistes, dont Amanda, sont naturellement séparés. S’il faudra un moment dans Alien Isolation pour que l’on rencontre le célèbre xénomorphe (présent ici en solitaire, mais c’est déjà bien suffisant) on se rend bien vite compte que l’Alien n’est pas la seule menace. C’est bien simple : tout autre que vous représente un obstacle. Cela va des Androïdes froids et meurtriers, aux humains, paranoïaques et psychopathes… jusqu’à l’ennemi ultime qui va rapidement se confondre avec la tuyauterie et générer un stress permanent et continu.

Alien Isolation

Le character design est plutôt travaillé. Le stress, permanent et visible, est l’un des premiers signaux permettant au xénomorphe de savoir où vous êtes ! 

Correction : dans l’espace, il faut éviter de crier

Si Alien Isolation se joue à la première personne, il s’écarte très rapidement des canons du genre et épouse tout aussi vite la notion de survival. Ici, s’il est dit que personne ne vous entendra crier, vos ennemis sont néanmoins à l’affût de tout mouvement et de tout bruit suspect. L’affrontement frontal est donc souvent la pire des idées (bien qu’avec des armes telles que le mythique lance-flamme, on se sent déjà un peu plus en sécurité) et le déplacement accroupi sera rapidement la meilleure des stratégies pour se faufiler dans chacune des pièces de la station. Et il faut dire que c’est sacrément difficile. Difficile parce que l’Alien, surtout, possède une intelligence artificielle complètement imprévisible. Malgré l’outillage de diversion mis à notre disposition dans Alien Isolation, il est souvent difficile de se baser sur une tactique précise, tant les choses peuvent changer d’une situation à l’autre. Il faut donc croiser les doigts (mais pas trop) et croire en sa bonne étoile. À cela, certains pesteront sur la présence parfois trop espacée d’un point de sauvegarde à l’autre… obligeant souvent à se refaire toute une séquence. Le jeu est ainsi à deux doigts de jouer la carte réussie du die’n’retry, pure représentation vidéo-ludique de l’apprentissage par l’échec qui, ici, n’est malheureusement pas très motivante puisque le lot de choses à refaire est parfois colossal. Oui, c’est frustrant. Et, oui vous allez crier.

Alien Isolation

Une fois certain que l’Alien est dans les parages, il vaut mieux se cacher. L’authentique capteur de mouvements issu des longs-métrages apporte beaucoup de crédibilité à l’ensemble. Mais attention : l’accessoire est aussi utile que dangereux puis qu’il rend impossible le port d’arme en simultané ! 

Il en faut peu pour être… en danger !

Alien Isolation propose une ambiance très travaillée, entièrement localisée, et en adéquation avec le premier film de Ridley Scott. Si j’ai trouvé le jeu très beau (surtout au niveau des effets de lumière, de fumée, etc.), c’est surtout la direction artistique qui surprend. Cela se traduit d’abord par des décors tout bonnement impressionnants… issus de l’imaginaire des 80’s concernant la science-fiction. Ne comptez pas retrouver des écrans lisibles et gigantesques ou une technologie proche de ce que l’on imagine du vrai futur. Place aux écrans bicolores, essentiellement textuels, aux bips intempestifs et aux accessoires de plusieurs kilos épais comme une brique. Le studio a d’ailleurs précisé que l’un des objectifs étaient de proposer seulement des objets qui auraient été construits dans cette vision rétro-futuriste de 1979. Ce souci du détail dans Alien Isolation est absolument saisissant de réalisme, si l’on peut dire. Amanda s’équipe d’ailleurs d’un capteur de mouvement antédiluvien, seul élément permettant vaguement de localiser les ennemis… dont l’Alien.

Alien Isolation

S’il y a des armes efficaces contre les humains et les androïdes, il s’agit souvent d’éléments très bruyants. La chose qui mettra tout le monde d’accord ? Le célèbre lance-flamme. S’il ne tue pas le xénomorphe, il permet néanmoins de l’éloigner pendant un moment. 

Les bienfaits du FPS narratif

Alien Isolation propose, avant tout, un mode solo. Le jeu fera donc grincer des dents les aficionados du multijoueur. Ça sera un défaut pour les uns mais ça le sera beaucoup moins pour les autres. Ma perception de la qualité du FPS, et donc de l’immersion, est naturellement subjective… et pour moi, un bon FPS est avant tout narratif. Bien que l’histoire de Alien Isolation soit assez téléphonée, elle tient malgré tout en haleine et la menace permanente apporte, vous vous en doutez, toute sa profondeur. En plus de ce mode solo, le jeu propose un Mode Survie. C’est assez explicite : vous commencez dans une zone généreusement équipée en munitions et armes et vous allez devoir survivre aux assauts de vos ennemis. Une fois passé dans la zone de danger, un timer se lance. Il faudra tenir le plus longtemps possible. Un classement servira de trophée et se basera sur le temps de survie, les cachettes utilisées, etc. Soyons clairs, ce mode est un mode sado-masochiste, certes, mais possède ses propres atouts. Si le mode de base ne propose qu’une map, des DLC sont d’ores et déjà prévus. Si votre palpitant résiste à l’ambiance général du mode solo, nul doute que vous trouviez votre bonheur dans ce Mode Survie. Pour un projet issue d’une licence dont Sega ne semblait trop savoir que faire, The Creative Assembly redonne aisément ses lettres de noblesses à cette univers geek intemporel. Pour autant, il serait hypocrite de dire que le studio a vraiment innové. En dehors de son ambiance, Alien Isolation reste très classique. On retrouve des éléments issus de différents titres. Si l’impact de la trilogie Dead Space est indéniable, on retrouve aussi divers astuces narratives comme les boîtes audio que l’on retrouve dans certains FPS récents comme les Bioshock.

Alien Isolation

Parmi les éléments empruntés au genre, le piratage de système. Ici, l’identification de symboles avec timer. Tout ça, avec l’Alien qui rode, un régal. 

Conclusion

Alien Isolation est une excellente surprise. Excellente si vous arriver à garder votre calme et à ne pas avoir un cœur qui palpite face au terrible côté imprévisible de l’Alien… sans doute le pire ennemi que l’on puisse rencontrer dans un jeu vidéo… même 35 ans après. Si les fans de la licence de science-fiction attendaient LE jeu sur Alien, le voici, assurément. En dehors de son visuel vraiment convaincant et son respect scrupuleux de la licence, techniquement, Alien Isolation n’est peut-être pas le jeu next-gen particulièrement attendu de cette fin d’année. Cependant il peut clairement s’ajouter à votre wishlist si le genre vous plait et que vous voulez revivre l’horreur de la famille Ripley. Il se présente en plus comme l’hommage parfait au film de Ridley Scott.

Les plus :

  • Une ambiance de folie !
  • Un jeu globalement beau avec une très bonne direction artistique
  • Un rendu rétro-futuriste jubilatoire
  • Un xénomorphe à l’IA particulièrement imprévisible
  • Un jeu Alien réussi, un !
  • Une surprise inattendue

Les moins :

  • Si vous n’aimez pas sursauter, ce jeu ne va pas vous aider
  • Le côté die’n’retry un peu raté causé par des points de sauvegarde vraiment trop éloignés
  • Un certain classicisme
  • Des cut-scenes un peu saccadées par moment

Note : 4,5/5