Test de Tennis World Tour (PS4)

Il est peu d’affirmer que le tennis est laissé de côté depuis un moment au niveau vidéo-ludique. 2018 signe son retour en force avec plusieurs jeux (notre article sur AO International Tennis), dont Tennis World Tour par le studio Breakpoint. Reste à savoir s’il aurait plutôt dû se nommer Unforced Error.

Tennis World Tour

Halep la France

Les supporters des Bleus pourront scander Cocorico, tant le casting de Tennis World Tour leur plaira. Monfils, Pouille, Chardy et Gasquet figurant au programme. On attend avec impatience la version Roland-Garros récemment annoncée, afin de voir si Breakpoint joue la carte du réalisme. Un bug volontaire devant empêcher tout français d’arriver en seconde semaine du Grand Chelem parisien !

En revanche pas de Bleue, Amandine Hesse et les autres laissant la place à un riquiqui quintet. Dont fait partie Eugénie Bouchard, que l’on avait pour beaucoup découverte via Top Spin 4. Depuis très forte durant un temps et désormais plongée dans les méandres de la jet-set plutôt que du sport qui sent la chaussette, on doute de l’intérêt sportif de sa présence. On aurait préféré voir Simona Halep, juste N1 mondiale et au top depuis longtemps. Heureusement le reste est du haut niveau : Wozniacki, Muguruza, Kerber et à un degré moindre Keys. Mais en analysant le roster, on se rend compte qu’être américain(e) est une bonne clé d’entrée vers Tennis World Tour.

On en retrouve 4 chez les hommes, avec Isner pour seule tête d’affiche. Sinon on a plutôt assuré du côté des mi-jeunes commençant à prendre du galon comme Zverev et Thiem. Les têtes brûlées australiennes Kokkinakis et Kyrgios. Le roi de la commedia dell’arte Fognini. Des jeunes qui montent à l’instar de Kachanov, Chun… Les champions Wawrinka et Federer. Sans oublier le magicien Goffin et quelques autres, pour un total de 29 joueuses/eurs plus ou moins bien classé(e)s.

Peu importe le sport, on n’a que faire des licences, seule la qualité de la jouabilité compte. On pourrait avoir le top 200 de la WTA et de l’ATP. Avec des caractéristiques et une modélisation aux petits oignons, cela ne vaudrait rien si la qualité du jeu n’était pas au rendez-vous. Mais à partir du moment où l’on croise des professionnel(le)s, on se doit d’en parler. Pour le coup, ce n’est pas mal du tout dans le nombre. Sauf au niveau des dames, 5 c’est carrément chiche. Par rapport à ce que l’on trouvait auparavant sur le marché, on explose la quantité de joueuses et de joueurs. Et l’on sait que ce n’est pas simple dans le milieu de la petite balle jaune, où l’on ne peut s’offrir la licence d’une fédération, donnant droit à la représentation de toutes celles et tous ceux en faisant partie. Chacun(e)s possédant sa propre image, à l’instar de Michael Jordan au basket, l’exception confirmant la règle.

Les tournois sont eux des versions fictives. Sur ce point aucun problème. Prendre part à une compétition avec telle appellation, tel banque affichée dans les sponsors… On n’en a strictement rien à faire. L’essentiel étant que l’on puisse évoluer sur les multiples surfaces existantes. Que cela soit à Roland-Claquos ou sur le terrain de l’ASPTT Orléans. Idem concernant les tenues, des marques réelles n’ayant pas d’intérêt plus grand qu’une robe, un polo ou une raquette simple. Mais si vous êtes des victimes de la mode des « marques », vous serez comblé(e)s.

Tennis à la carte

Au-delà de la qualité de la jouabilité et sa profondeur, cela est toujours un plus si l’on nous propose diverses approches. De par le genre abordé, on s’attend à certains modes au travers de Tennis World Tour. Malheureusement ils sont simples, subtil jeu de mots pour signifier l’absence du double ! Rien qu’avec cela on en a ras la (Richard) casquette ! Franchement, juste du simple ? Et l’on nous annonce que le double arrivera un jour via un patch. Encore un. On voit de plus en plus de logiciels non finis sortir à prix fort, mais là on franchit la ligne blanche du fond de court ! Faute directe, faute de pied, double faute… Avertissement, on balance tout comme si l’on était Coria ou Nalbandian.

Concernant les modes, à 2 on en passera par les basiques affrontements, en simple comme vous l’aurez saisi et en local. Bien sûr le mode en ligne devant attendre… un patch ! L’académie sert elle de tutoriel, mais ne propose pas grand-chose d’original. Dommage, car le tennis peut offrir beaucoup sur ce point, tant dans la réalité, qu’en jeu vidéo.

On en arrive à la majeure partie du solo : la carrière. Elle démarre mal, avec quelques visages prédéfinis pas folichons. Là où Top Spin premier du nom sur Xbox, permettait des modulations en tout genre hallucinantes à l’époque. Si l’on se passe sans souci de tenniswomen et tennismen réel(le)s, pouvoir modifier de manière prononcée des personnages fictifs est en revanche important. Aussi bien pour que notre avatar nous plaise durant cette longue carrière, puis éventuellement lors de matchs contre d’autres personnes. Tout en voulant parfois former des versions virtuelles de ses joueuses/eurs favorites/is, voire même de ses catcheuses/eurs ou Power Rangers préféré(e)s. Ici on est plus que limité. Ce qui se traduit également lors des matchs à venir. Car pour rallier la première place, sachant que nous démarrons 100e, on rencontrera une pelletée d’adversaires fictives/ifs. Avec aussi peu de choix dans la customisation, on aura souvent droit à des gus possédant le même visage. Comme si IRL on affrontait constamment les sœurs Pliskova et les frères Bryan.

Malheureusement, rien de trépidant dans ce mode. On enchaîne les matchs, les plages de repos et les séquences sociales. Être connu(e) semblant plus important dans la réalité, que de réaliser des performances de haut niveau, cette facette notoriété se retrouve également dans Tennis World Tour. L’enchaînement devient rapidement monotone et les vêtements à acquérir n’allant pas très loin, on n’a même pas la motivation pour aller glaner des éléments un peu foufous. Il y a tout de même la carotte des chaussures et raquettes améliorant nos capacités.

Vous vous doutez que si Tennis World Tour n’est clairement pas fini dans ses modes et dans son enrobage (même sonore, ce qui va mieux depuis… un patch), il ne l’est pas non plus dans sa jouabilité. On se retrouve même avec… Allez vous le savez… Un patch ! Qui, dans la myriade de problèmes ou plutôt de trous béants, qu’il tente de combler en partie, doit donner plus de puissance à des services. Vous vous rendez compte ? Les playtests n’ont même pas permis de voir que les services étaient mollassons ? Ni que des coups sortaient automatiquement dans certains cas, alors que cela n’était absolument pas adéquat ? On s’amuse suffisamment quand on joue, pour affirmer que Breakpoint n’a pas développé quelque chose de médiocre. Sauf que ce n’est absolument pas fini. Tant au niveau de la force des frappes, que dans les déplacements.

Notons d’ailleurs un sprint, qui est une super idée. On y pensait depuis toujours à chaque fois que l’on était sur un JV de tennis. Mais réaliser cette idée n’était pas pratique, de par des courts plutôt courts justement. Soit une accélération peu évidente à mettre en place, par rapport au Handball, Basketball, Football… Mais vu le temps de réaction de nos pantins en général, on n’en tire pas encore la pleine mesure.

Autre idée très intéressante, la présence de cartes. Une particularité que l’on pourrait affirmer de fantaisiste, sauf que les simulations de sports encensées depuis plusieurs années, utilisent déjà des boosts gâchant eux l’expérience. Ici, on prend plutôt cela comme un atout, de par son renvoi immédiat à toute la partie mentale du tennis. La fameuse peur de gagner d’un côté. Le relâchement complet quand on est dos au mur de l’autre… Ces retournements de situation, où l’on se demande comment Zvonareva peut gagner 6-0, 5-0 et finalement perdre le match, tout en pleurant sur le terrain. TWT tente de traduire cela par ses cartes. Le ressenti n’est pas énorme et heureusement. Si cet aspect prenait le pas sur l’affrontement en lui-même, cela deviendrait n’importe quoi. Réussite et originalité sur ce point.

Par contre en parlant de n’importe quoi, il serait bien que la raquette touche la balle. Si en usant de ralentis, on se rend compte dans les autres simulations sportives que l’on ne touche pas souvent le ballon ou la balle, c’est beaucoup trop gros chez Tennis World Tour. D’ailleurs l’éditeur annonce déjà qu’au fur et à mesure des patchs, un travail sera effectué pour réduire l’écart entre la raquette et la sphère. Franchement, ce n’est pas censé être fait avant la sortie ? Du coup, on pense que l’autre ne pourra jamais renvoyer ce superbe slice. Et bien si, alors que l’impact concret n’a jamais eu lieu. Mais la balle est quand même retournée dans notre camp. On est ainsi tout aussi surpris de pouvoir frapper alors que l’on est loin d’être à bonne portée. Quand l’on a compris cela, lors d’une action désespérée, on tente quand même. Mais cela a aussi de quoi nous surprendre lorsque l’on attend tranquillement pour taper, surtout si l’on décide de charger. Puisque déjà à une certaine distance, on peut dégainer.

Tennis World Tour

Tennis Elpabow

Sans s’avérer catastrophiques, les graphismes de Tennis World Tour s’avèrent inégaux sur les sportives/ifs licencié(e)s. Certain(e)s vont d’ailleurs peut-être le remarquer et demander des améliorations. Tout le monde y serait gagnant ! Parfois l’on se dit lors des gros plans, qu’un(e) tel(le) a été réussi(e). Mais parfois tout l’inverse ! Cela est loin d’être primordial, surtout que l’on veut vite repartir vers l’action. Peu importe la qualité de ces saynètes.

Dommage justement que durant l’action, nos champion(ne)s ne dégagent pas un niveau de modélisation plus poussé. Ce à quoi l’on inclura directement les mouvements signatures. Ce qui sait faire la différence, au-delà du simple aspect visuel. On retrouve bel et bien de ces gimmicks, faisant que l’on reconnait entre mille certain(e)s joueuses/eurs.

En revanche concernant les stades et le public, on est dans un niveau assez faible. Mais autant l’affirmer clairement : cela ne pose aucun problème ! Quand on joue au tennis on ne regarde pas autour. Lorsque l’on regarde du tennis en tribunes ou à la télévision, on ne scrute pas les gradins. Et bien lorsque l’on est sur une simulation de tennis, c’est pareil. On se concentre sur le court et les athlètes. Le reste n’est vraiment qu’accessoire.

Un terme collant comme il se doit à la forge : Guy Forget ! Avouons qu’être seul aux commentaires, tant à la T.V. que dans un jeu, est un exercice délicat, pour ne pas dire casse-pipe. Un(e) journaliste pour un duo, aurait permis d’insuffler de l’entrain à Tennis World Tour. Déjà que l’actuel directeur de Roland-Garros n’était pas fabuleux lorsqu’il était consultant. Hormis durant son passage sur Eurosport, où il se lâchait justement un peu. Alors se retrouver en solo, avec des phrases censées être accrocheuses mais ne prenant pas du tout, ce n’est pas être aidé. Qui plus est le choix est douteux. Il fut consultant sporadiquement ces dernières années, ne l’est plus, mais on le choisit en espérant que sa notoriété aidera à faire connaitre le jeu. Pas sûr que cela intéresse le public pourtant.

Il aurait mieux valu choisir des personnes de qualité dans ce domaine (Forget ayant prouvé qu’il l’est dans d’autres), dont c’est actuellement le métier et ayant plus de verve et d’énergie que Guyton. On aurait tout simplement opté pour ce qu’il se fait de mieux : Mathilde Johansson ! En l’associant à un(e) journaliste, comme souligné précédemment. En attendant, moquerie passée après avoir entendu et été déconcentré(e) par les accroches ridicules du vainqueur de la Coupe Davis, on coupera les commentaires.

Tennis World Tour

Conclusion

Fini de loin mais surtout loin d’être fini, Tennis World Tour souffre de 2 maux typiques du jeu vidéo. Premièrement, sortir un produit en parallèle à un événement pour surfer sur la vague, ici Roland-Garros. Ainsi que lancer un jeu absolument pas terminé, bugué, au contenu incomplet et attendant de multiples mises à jour. Ces dernières ne pouvant être téléchargées par de nombreuses personnes n’ayant pas de connexion Internet ou bien trop limitée. Sans omettre la taille prise sur la machine à cause de tous ces patchs. En patientant, le jeu aurait pu être très bon et complet, tout en sortant du lot par ses cartes.

Plus :

  • Le système de cartes
  • Le sprint
  • Casting pas mal

Moins :

  • Pas de double
  • Distance énorme lors de l’impact entre la raquette et la balle
  • Personnalisation faible de son avatar
  • Commentaires

Note : 2/5