Développé par Supermassive Games et édité par Sony, Until Dawn est la « nouvelle » exclusivité de la PS4, loin du gameplay élitiste d’un Bloodborne mais plus proche d’une vitrine technologique au contrôle simple et limité comme The Order, Until Dawn se veut être un Survival Horror graphiquement au top et très simple d’accès niveau gameplay. Initialement prévu sur PS3 puis maintes fois repoussé, nous étions pourtant en droit d’être inquiets. Un PS Move mis au placard et un changement de plateforme plus tard, voyons si le bébé de Supermassive Games mêlant gameplay à la Heavy Rain conjugué à un cinglant hommage aux Slasher Movies est à la hauteur de nos espérances.
C’est dur d’être un vieux con
Rentrons dans le vif du sujet, Until Dawn suit les codes du Slasher à la lettre : personnages clichés, dialogues indigestes, humour lourdingue et jeu d’acteur digne d’une production AB (mais où est Monsieur Girard ?!), à tel point que le jeu donne vraiment l’impression de s’adresser à un adolescent pré-pubère en pleine crise identitaire…
Mais ne vous détrompez pas, certains personnages sont intentionnellement faits pour ressembler à la potiche de service, la pétasse ou le playboy collectionneur de ces damoiselles, tout est ici entièrement assumé et je pense que c’est bien ça le problème…
Si vous avez toujours aimé les Slashers Movies, que pour vous Scream, Halloween ou Souviens-toi l’été dernier (rayez le film inutile) sonnent comme une religion, alors vous n’aurez aucun mal à rentrer dans cet univers fait de djeun’s (ouais ma gueule !) intentionnellement idiots.
Si vous n’êtes pas ou plus en phase avec les Slashers Movies et que vous vous sentez trop vieux mature alors le jeu perdra probablement une grosse partie de son intérêt. Vous pensez réussir à outrepasser une galerie de personnages aux idées complètements stupides ? (« Et si j’utilisais un fusil à canon scié au lieu d’une pelle pour bloquer une porte ? »), alors lisait la suite de ce test.
La plupart des acteurs sont très bien modélisés, espérons juste pour eux qu’ils n’ont pas le même Q.I que leurs homologues polygonales.
L’effet papillon
Après deux heures assez catastrophiques, la cause à une pléthore de personnages complètement clichés et certaines situations amenées très maladroitement dans l’histoire, il devient rapidement clair que tout cela n’a pour but précis que d’installer un climat horrifique. Et quoi de plus qu’un bon Slasher pour nous faire sursauter ? Un exemple concret après une dispute entre deux protagonistes se résumant à : « Tiens si t’allais faire un tour à la cabane pour te détendre » et hop c’est parti pour une promenade champêtre à travers un petit chemin effrayant jusqu’à une cabane lugubre en plein milieu de la nuit…
Cela peut paraître contradictoire, mais loin d’être aussi prévisible qu’il n’en a l’air, Until Dawn nous offre finalement un scénario bien ficelé avec moult rebondissements et rappelle parfois SAW par ses sacrifices pervers (alors le bras ou la jambe ?). Ce dernier use également de nombreuses fausses pistes afin d’amener votre sens de la déduction dans de mauvaises directions. D’ailleurs, rétrospectivement parlant, de nombreux Survival Horrors se sont pris les pieds dans le tapis là où Until Dawn parvient à passer aisément par-dessus. Car au final, rarement les jeux d’horreurs n’auront réservé autant de surprise aux joueurs.
Un petit air de Silent Hill…
La plupart des chapitres d’Until Dawn sont entrecoupés de face à face avec un Peter Stormare particulièrement crédible et malsain dans le rôle du Psychiatre. Ces passages rappellent fortement un certain Silent Hill Shattered Memories, puisque la plupart de vos réponses influeront directement sur l’habillage du jeu. Il faut ajouter à cela des choix avec de véritables conséquences par la suite, d’ailleurs si l’un de vos personnages meurt vous passerez carrément à coté de certains pans de jeu.
Un Slasher sachant Slasher est un bon Survival
En ce qui concerne le gameplay, là encore Until Dawn divisera, pour ma part celui-ci n’a juste pas la chance de tomber dans un contexte qui lui est favorable, sa sortie aurait dû se faire sur PS3 avec le PS move peu après Heavy Rain qui avait le mérite d’offrir aux joueurs quelque chose de tout nouveau, limite jusqu’à créer un genre à part entière.
Certains plans de caméra sont très réussis.
Depuis, de nombreux jeux sont passés par là (The Walking Dead, Beyond, The Wolf Among Us, Game of Thrones, etc) et Until Dawn a peu de choses pour lui (au niveau du gameplay j’entends bien) pour se démarquer vraiment de ses concurrents, si ce n’est d’être le premier Survival avec une jouabilité basée sur des choix et des QTE.
Celui-ci offre néanmoins quelques idées intéressantes comme l’utilisation de la palette tactile pour certaines actions (tourner les pages d’un livre, déverrouiller un smartphone), ou le choix de ne rien faire durant une action imposée. La meilleure idée de gameplay proposant de rester immobile manette en mains durant certaines phases aux risques de finir entre quatre planches. Bien entendu, il est facile de contrecarrer ce genre de moments en posant la manette sur les genoux ou sur une table, mais jouez le jeu et gardez la en mains, l’immersion n’en sera que bien plus importante, surtout que la détection durant ces phases de jeux est très précise alors retenez votre souffle.
Même si les nombreux totems ramassés n’ont au final que peu d’utilités, ils pourront vous permettre de débloquer une vidéo qui explique certains points restés obscures dans le scénario.
Grâce à sa simplicité, le gameplay d’Until Dawn fera mouche indiscutablement auprès des joueurs occasionnels, faites le avec votre (future) petite amie, sursauts garantis. Par ailleurs, le jeu propose le choix de jouer avec les contrôles traditionnels (un stick pour déplacer le personnage et l’autre pour son champ de vision) ou avec la détection de mouvements (un stick pour déplacer le personnage et les mouvements de la manette pour le champ de vision). Je conseillerais cette dernière option aux joueurs occasionnels malhabile de leurs deux pouces.
L’habit fait parfois le Serial Killer
Techniquement convaincant, la plupart des acteurs (même si je n’en connais pas la moitié) ayant contribué pour Until Dawn sont très ressemblants, on pourra toujours trouver à redire sur les dents brossées trois fois par jours à l’email diamant, mais il suffit de voir le visage de la belle Hayden Pannetiere ou de l’inquiétant Peter Stormare pour se convaincre de la qualité de la modélisation. Sans compter de jolis effets de lumière, lens flare et autres effets de particules très réussis.
On pourra toutefois chipoter contre un framerate inconstant durant les cinématiques, celui-ci a au moins le mérite de ne pas intervenir durant un QTE. On sent également que certains acteurs exagèrent leurs expressions au niveau du visage afin de faciliter la motion capture faciale, quant à la synchronisation labiale, elle est assez discutable dans la version française. Mais qu’importe si tout cela donne une légère impression d’Uncanny Valley, car dans les faits, les graphismes du jeu sont largement au dessus de la moyenne.
Les nombreux « Jump scare » parsemés le long du jeu produiront leur petit effet avec efficacité.
Mais Until Dawn n’est pas seulement beau, il dégage en plus une super ambiance, l’action se passe entièrement de nuit, en montagne, que ça soit dans un immense chalet sans électricité, ou pommé en plein milieu d’une forêt avec pour seule amie une lampe torche. Tout est fait comme il faut pour bien faire flipper et par la même occasion respecter le cahier des charges du Survival Horror réussi. D’ailleurs, afin de vous faire sursauter le jeu use et abuse de nombreux « jump scare » dont certains vous arracheront quelques fous rires.
Conclusion
Pour résumer, les allergiques aux Slashers movies vont avoir du mal à supporter un jeu aux protagonistes tellement stupides qu’on envierait presque leurs morts imminentes, d’autant plus que le tout est accompagné d’un gameplay made in David Cage très limité. Mais laissez à Until Dawn deux bonnes heures pour vous convaincre, car lâchés dans l’action certains de ces personnages se révéleront beaucoup moins antipathique qu’au départ, progressivement vous verrez en Until Dawn un bon Survival, très différent de ceux de ces dernières années lorgnant bien plus du coté du TPS, celui-ci appuyant tout ses efforts sur un gameplay simple et accessible, avec un scénario comportant moult surprises.
Quant à ceux qui adorent les Survival Horrors, conjugués au principe même du Slasher et au gameplay à la Heavy Rain alors vous pouvez aisément rajouter un point à la note définitive car Until Dawn vous fera sursauter de plaisir.
Les plus :
- Un scénario plein de surprises.
- Super ambiance.
- De bons moments de stress.
- Beaucoup de choix et de conséquences.
- Très bon replay value
- Un gameplay accessible…
Les moins :
- …Mais très limité
- Les premières heures involontairement drôle.
- Des personnages complètement stupides
- Assez court (8 heures environ)
Note : 3,5/5