Chronique bande dessinée Un palais au village – Quand papa est devenu riche

En ce mois de juin, La Boîte à Bulles ouvre parmi ses thématiques, une retour dans l’enfance de ses héroïnes. Comme cela est le cas de Nannan, dont l’histoire d’Un palais au village – Quand papa est devenu riche, s’inspire directement de la jeunesse de l’autrice et dessinatrice Minna Yu.

Un palais au village - Quand papa est devenu riche

Âgée de 5 ans encore à l’été 1995, Nannan vit dans ce qu’on pourrait appeler un trou perdu. D’ailleurs, son nom signifie Trou du serpent, ce qui n’est sans doute pas pour rien. Trop jeune encore pour être scolarisée, école d’ailleurs très éloignée du village, ses journées oscillent entre bucoliques balades et jeux avec ses copines. Ainsi qu’un peu d’aide à la maison et aux champs avec sa mère. Travaillant elle d’arrache-pied, pour tenir bon dans cette difficile vie. Sans eau courante, avec de minces repas, les anciens vêtements de ses frères pour la petite fille…

Oui, car elle a également 2 frères plus âgés, n’hésitant pas à la taquiner. Surtout le plus grand, mais à la fois cela reste courant pour une famille. Justement, c’est bel et bien le quotidien de celle-ci que l’on suivra. Avec même des informations du passé, notamment à propos d’un grand-père, l’installation de la maison familiale dans ce coin… Un témoignage sensible, particulièrement lors des passages rudes, dont à propos de sa maman courant tous azimuts, en véritable forçat de travail. Et agissant à la fois de son mieux pour bien élever ses enfants.

Une donne qu’elle ne compte pas changer le jour où son mari est revenu village, de l’argent plein les poches. Et cela ne semble pas près de s’arrêter. Lui qui ne vient les voir que très rarement, travaille à Guangzhou. On ne vous révèlera son cheminement afin de faire fortune, mais on se rendra compte à quel point cette B.D. intimiste, s’avère simultanément un fort documentaire sur la Chine des années 1980/1990. Où la modernité, notamment électronique, a changé une grande partie du visage du pays. Et même, dans un premier temps, par les usines à la ville embauchant en masse, créant un exode des familles rurales. Où là tout du moins, du père.

Néanmoins ses apparitions sporadiques bouleverseront la bourgade. Recrutant lui-même à peu près tout le monde sur place, en vue de travailler sur énormément de projets. Tout d’abord, une colossale maison pour sa famille. Mais également une route. Sans compter tout l’aménagement moderne chez elles et eux, dont la première télévision couleur et le seul téléphone là-bas. On se rend compte à quel point on a beaucoup d’ami.e.s dans ces moments-là.

Cependant, la maman de Nannan n’en oublie pas leur vie d’il y a encore très récemment et a du mal à faire avec. Continuant à bosser dur, à ne pas gâcher, à économiser… Et à apprendre à sa marmaille 0ne surtout pas gaspiller. Là où d’autres sembleraient déjà vouloir se la couler douce, en profitant de cette richesse pécuniaire d’autrui.

Conclusion

Mêlant l’émotion, à un docu-pas si fiction sur le changement (en général) et la Chine d’époque, Un palais au village – Quand papa est devenu riche nous confie à la fois quelques bonnes leçons. Dont la principale, donnée par la lutte de chaque instant de la mère. Malgré ses sentiments personnels en tant que femme, qu’elle cache au possible.