Deux ans après sa sortie originelle, la trilogie L’Héritière des Raeven de Méropée Malo revient chez Castelmore. Et l’on commence évidemment par son tome 1, Sorcière malgré elle.
Il faut bien avouer qu’à partir du moment où l’on évoque une histoire à base d’une jeune femme se révélant en tant que sorcière, tombant sous le charme d’un membre de la famille rivale à la sienne, on a de quoi flipper. Depuis une dizaine d’années, l’on a droit à des tonnes de productions littéraires, télévisuelles et cinématographiques, proposant un pitch de ce genre. En somme, Roméo et Juliette dans un univers fantastique ou réaliste/fantastique. Mais malheureusement depuis la dernière décennie, avec une pauvreté scénaristique flagrante, des situations à la mords-moi le nœud…
Heureusement, un élément révélé assez tôt dans Sorcière malgré elle nous rassure. Notre héroïne Assia, 19 ans, ayant décroché son diplôme, au sein d’une école habituée à la classe aisée. Dans laquelle elle ne se reconnait pas et dont elle ne fait d’ailleurs pas partie. Pouvoir perdurer dans les études s’annonçant pourtant compliqué, sa mère et sa tante étant décédées, les finances sont au plus bas et elle doit vite remballer ses affaires et partir, sans vraiment savoir où.
Elle craint ainsi pour demain, mais tout simplement déjà pour aujourd’hui. Ignorant même si elle pourra manger. Cette sensation de peur, le besoin de sauter sur n’importe quelle opportunité… On prend le tout de plein fouet. Sans que cela semble factice. On s’imagine à sa place, la situation nous touche. Même si l’on se doute qu’elle réussira à grailler quelque chose, puisqu’il reste quasiment 400 pages. Ou peut-être qu’elle ira dans l’au-delà, plus besoin de manger et l’aspect mystique sera accentué.
Rien de tout cela en réalité. Néanmoins ce qui nous plait, c’est justement que l’auteure sait conserver ce sentiment de famine et d’insécurité, notamment matérielle, jamais bien loin durant un bon moment. Car si Assia croyait vite s’en sortir en apprenant qu’elle devenait propriétaire de la demeure familiale, il lui est interdit de la vendre ! La dalle est donc toujours là et pas la dalle angevine. Bien sûr si l’on se doute qu’elle est une sorcière s’ignorant, pour l’instant la jeune femme ne connaissant cette facette, elle s’armera du peu de matériel qu’elle a afin de trouver un job. Histoire de se payer des pâtes. Tous ces détails approfondissent la douleur de cette insécurité. Rien que de recevoir un journal lui faisant craindre un abonnement.
Elle pourra toutefois compter sur Vick. Même si son amie reste éloignée géographiquement, elle la soutient sur tous les plans. Au fil du temps elle rencontrera également des personnes connaissant particulièrement sa mère et sa tante. Qui évidemment lui permettront de la guider vers son destin de Sorcière malgré elle. En revanche en tant qu’instructeur, elle devra essentiellement compter sur le grimoire, ce qui est plutôt amusant.
Elle en apprendra beaucoup sur sa famille, immensément respectée en ses lieux. Lui octroyant des privilèges. Du coup elle pourrait se reposer sur ses lauriers, mais elle continue son boulot au salon de thé lui paraissant instable, de par le faible trafic. Cependant on ne peut se faire que des ami(e)s et les Raeven ont pour famille rivale les Divallo. Dont Gustave s’accaparerait volontiers la maison d’Assia. Là-bas, seule, elle commence d’ailleurs à prendre peur, entre tentative d’intrusion et autres informations récupéré(e)s à gauche et à droite. Tant en discutant avec les autochtones, que via l’aide de pouvoirs ou bien encore en usant de son premier talent. Assia étant une sorcière 2.0 ! Car bien avant d’avoir connu cette facette d’elle-même, elle est devenue pirate informatique, d’un niveau élevé.
De quoi d’autant plus se demander si Alec Divallo, le jeune homme la charmant, n’est pas mandaté pour la faire succomber. En vue de découvrir les secrets de la maison. Cette relation qui évite la niaiserie des productions évoquées précédemment. On vous laissera découvrir la clé de l’histoire de Sorcière malgré elle, mise en avant par l’illustration d’Adèle Silly, en le lisant.
Conclusion
Mature de par les difficultés d’Assia que l’auteure sait nous faire ressentir, avec des détails si concrets auxquels peu de personnes s’attardent habituellement, Sorcière malgré elle nous touche. Ce sentiment si humain, se mêlant à l’histoire mystique, imprégnée de jalousie et de mystères.