Nom très énigmatique qu’est Get Me A Fresh Brain. Sean Scott Garrity compte bien faire remuer nos méninges, dans une burlesque et monstrueuse création. De quoi se prendre pour le Dr Freshenbrain ?
Enfin l’on peut être considéré(e) comme un cerveau du côté obscur. Puisque Get Me A Fresh Brain nous met dans la peau d’un(e) fraiche/frais diplômé(e) d’un doctorat du mal. Nous en profitons pour retourner dans la petite ville d’Europe de l’Est dans laquelle nous avons grandi. Et pas vraiment pour y faire le bien. Ni même pour simplement se faire mousser. Notre but est plus vil : créer notre premier monstre et prendre notre revanche sur ces lieux. Mais pour remporter la partie, il s’agira de faire face aux créatures de la, du ou des autres génies maléfiques. Car celle ou celui qui détiendra la dernière en piste, sera la/le N1. Avec pour alternative afin d’atteindre cet objectif, de dévaster 4 bâtiments.
En tant qu’enfant spirituel(le) du baron Frankenstein, l’on se doit de procéder à nos expériences dans un château. Chaque participant(e) en possède donc un. Et a droit à une assistante et un assistant. La ville est elle constituée de 7 bâtisses. Ces dernières sont loin de servir à une simple destruction. Puisque c’est grâce à elles que l’on pourra confectionner nos monstres. Deux cimetières, le marché, la morgue, l’hôpital, l’université et le zoo. La banque n’est elle pas représentée par une carte. On dépose donc les jetons de monnaie en tas à proximité. Chaque joueuse/eur prend une valeur de 10 en or et deux cartes d’actions, au hasard et l’on est désormais paré(e)s à se lancer dans Get Me A Fresh Brain.
Tour après tour, l’on effectue le même rituel de base, qui change selon ses choix. Ainsi, l’on se sert des actions pour réunir les parties du corps nécessaires à la constitution d’un monstre. Un cerveau, un set de bras et de jambes et un torse. Plusieurs choix s’offrent à nous. La morgue et l’hôpital sont particulièrement intéressants. On y trouve de la chair fraîche. Ces éléments ayant des valeurs, qui rendront notre créature plus ou moins puissante. Il en va de même pour le zoo, où l’on peut acquérir les membres d’un gorille.
Mais une telle qualité a un coût et l’on ne peut pas toujours y accéder. Si l’on n’a pas de quoi soudoyer les employé(e)s, l’on se rabat sur les abats… Ou presque. On s’en va alors piller les tombes, mais attention au résultat. Les morceaux, que l’on choisit au hasard, ne sont pas forcément très récents. La faible force ajoutée à son monstre pourrait dans ce cas devenir un handicap. Mais le manque de moyens, peut contraindre à en passer par-là, sans quoi l’on n’arriverait peut-être pas à finaliser son projet. On doit ainsi déjà user de stratégie avec soi-même. Surtout que l’on ne peut effectuer qu’une action avec un(e) assistant(e) par manche et de même pour son doc.
Qu’il s’agisse d’effectuer ces basses besognes, mais également d’aller au marché. Pour acheter des ensembles de fournitures médicales, indispensables à l’expérience. Et bien évidemment, nous ramener le fruit de son travail. Lorsque cela sera fait, il faudra d’ailleurs la/le payer. Aucun esclavagisme ici. En plus de lui donner de l’argent, ce qui est une action, pour les courses évoquées. Cerise sur le gâteau, on travaille même en ville en vue d’étendre son pécule. Terminé le temps des larbins qui auraient fait tout ça.
Il ne faut néanmoins pas oublier sa/son/ses concurrent(e)s. Ce qui agrémente la dimension tactique, étant donné qu’il est possible de perturber les assistant(e)s, si l’on joue une carte correspondant à leur vice. Une personne ne résistant pas aux bijoux ? Hop, détournez son attention. De quoi lui faire perdre tout ce qu’elle comptait ramener au château. On a aussi l’opportunité d’accoster un(e) assistant(e). Mais seulement si l’opposant(e) est seul(e). Si sa consœur/son confrère ou son docteur l’accompagne, le guet-apens n’est pas envisageable. Faire voyager en commun ses protagonistes traverse donc l’esprit. Mais l’on y perd énormément de temps et peut légitimement privilégier la division des tâches.
L’affrontement se déroule sur la valeur de l’intelligence ou de la force, à sélectionner par la joueuses/le joueur offensive/if. Ce à quoi l’on ajoute un jet de dé de 6 pour chaque duelliste. Celle ou celui qui gagne l’affrontement, peut prendre quelque chose que la/le perdant(e) transporte. Soit une partie de corps, tout son or, un set de fournitures ou un objet comme une potion ou une arme. Le combat entre 2 monstres se déroule de la même manière. Sauf qu’eux ne détiennent qu’une statistique de force, calculée en additionnant celle des membres le composant. La créature défaite se fait en revanche éliminer. Tandis qu’un bâtiment est détruit à partir du moment où l’on envoie un monstre l’attaquer.
Au travers de la rareté de son univers dans le milieu ludique, Get Me A Fresh Brain se permet de l’originalité visuelle. James Van Niekerk et Colton Balske délivrent ainsi des personnages et morceaux de monstres qui officient dans l’horreur burlesque. On désire davantage faire rire que peur. La boite est elle bien fournie. De nombreuses cartes, des jetons de personnages, d’autres d’argent, un dé… Le tout de haute qualité. Avec une approche très appréciable pour les pions. On retrouve des cartes à l’effigie des protagonistes, à glisser dans des supports. On préfère toujours ce choix, à celui de classiques meeples.
Conclusion
Prenant tactiquement, avec les décisions à prendre entre ses besoins et les fourberies à infliger. Et apportant une dimension asymétrique dès que l’on a créé un monstre, Get Me A Fresh Brain est un jeu profond, au sein d’une ambiance drôle, autant que d’une drôle d’ambiance.