Chronique roman Aucune Terre n’est Promise

Originellement disponible chez Mnémos, c’est à l’occasion de son édition chez Pocket, que l’on a appris l’existence d’Aucune terre n’est promise. Soit l’envie d’immédiatement le lire, puisque son auteur n’est autre que Lavie Tidhar. Dont l’ouvrage La mafia des bonbons (Castelmore) nous reste encore en tête. C’est dans un tout autre genre qu’il s’emploie cette fois, en figurant parmi la fameuse collection Les étoiles montantes de l’imaginaire. Dont le roman, traduit par Julien Bétan, arbore fièrement l’autocollant.

Aucune terre n'est promise

Nous n’allons pas intégralement vous recontextualiser l’histoire réelle, au sein de laquelle l’auteur fonde son univers dystopique. Celui-ci l’accomplit déjà très bien en à peine 4 pages en introduction. Ce qui vous évitera par conséquent une redite. Sachez toutefois qu’en 1904, à l’ouest du Kenya et à la frontière de l’est de l’Ouganda, le projet d’un état accueillant les juives et juifs menacé.e.s, fut abordé. On vous laissera désormais en découvrir l’histoire plus en détail et son échec, en amont du récit. Ce dernier sur lequel on se consacrera.

Une fiction durant laquelle ce pays, la Palestina, s’établira bel et bien. Voyant divers évènements historiques réels, connaître une autre destinée. Ce qui offrira à bon nombre de personnes un refuge salvateur. Et pour nous, un radical changement par rapport à l’holocauste. Cependant, de l’eau a coulé sous les ponts, ou plutôt sous les murs ! Entre cette période et le moment où l’auteur de pulps en peine, Lior Tirosh, quitte Berlin pour retourner en son pays natal. Il se rend pourtant vite compte que ce n’est la terre promise qui l’attend.

Vous saisirez rapidement l’analogie. Ararat City est encerclée de murs, la protégeant a priori. Les réfugié.e.s et / ou leur descendance, ne sont plus les bienvenu.e.s. Les terres se disputent violemment à présent ! Et le danger en devient constant. Notre héros, qui ne songeait pas un seul instant qui allait devoir en être un, a du mal à encaisser le choc. Ajoutez-y les tourments sur sa vie dont il s’éloigne et vous aurez droit à un homme plein d’entrain… Enfin pas vraiment ! Et autant vous dire que tout lui tombe dessus : poursuites, accusation de crime… Ce n’est vraiment pas sa période !

Il semble en plus souvent tellement à l’ouest, pas géographiquement cette fois, que la découverte pour nous de sa nièce s’avère très particulière. Mais s’il compte réellement la revoir, il lui en faudra passer par une aventure aussi mouvementée humainement, qu’au niveau du suspense. Tant à cause de la disparition de la jeune femme, que des problèmes de l’homme. Soit un thriller à l’atmosphère fantastique. Car maintenant que l’on s’attend à un polar plein d’humanité et politique, l’écrivain nous chamboule ! La facette SF arbore désormais une tout autre dimension. Et non simplement un déroulement dans ce monde, où une différence a renversé tout ce que l’on croit savoir. Mieux vaut ne trop en confier à ce propos. Mais pour donner une idée, bien d’autres univers parallèles existent. Et les thèmes forts de l’ouvrage, y verront des distinctions certaines dans leur forme, entre chaque personnage principal venant d’ailleurs.

Conclusion

Les surprises scénaristiques par le mélange des genres, n’étiolent les profondes thématiques de longue date et toujours aussi concrètes dans notre propre univers, d’Aucune terre n’est promise. Particulièrement en ce qui concerne l’interminable et tragique conflit israélo-palestinien. Une manière autant originale, que poignante, de l’aborder lui et bien d’autres sujets.