Valkyria Chronicles, Tactical Steampunk par excellence, avait malheureusement connu un bide après sa sortie sur PS3, et ce, en dépit de ses nombreuses qualités qui feraient (presque) oublier sa rigidité après son passage en remaster PS4. Cependant, grâce à un regain d’intérêt depuis sa sortie sur Steam, tonton Sega s’est dit qu’il serait bien de ressortir la franchise sous une nouvelle forme avec Valkyria Revolution (ou Valkyria Azure Revolution chez nos amis Nippon). Alors ? Il a tout bon tonton ?
La septième compagnie du tactical
Amoureux des doubles A vous êtes au bon endroit, pour ce qui est des bons jeux au budget modestes par contre, cela s’annonce un peu plus discutable. Et pour ceux qui espéraient encore un soupçon de tactical dans ce nouveau Valkyria, vous pouvez définitivement circuler. Pourtant, est-ce vraiment pour cette raison que ce nouveau Valkyria n’est pas un bon jeu ? C’est ce que nous allons voir dans les lignes qui suivent.
La narration de Valkyria Revolution nous présente 2 protagonistes qui tentent de reconstituer la véritable histoire de ceux que l’on surnomme les 5 traitres. Le scénario commence alors que le pays de Jutland subit un blocage économique, ce qui le coupe de tout commerce avec les autres nations. Sans ressources devant ce blocage injuste signé par l’empire de Ruzi (mi-Russe, mi-Nazi) dirigé par un Poutine encore plus énervé que l’original, les habitants de Jutland doivent survivre en pleine autarcie. C’est la que nos 5 héros entre en scène, ceux que l‘histoire appellera les 5 traîtres.
Solomon, l’un des 5, tient une place importante en tant que conseiller politique du roi de Jutland, et va, en utilisant le blocage économique comme prétexte, forcer le roi à déclencher une guerre avec l’empire de Ruzi. Car la véritable raison de cette déclaration de guerre pour nos 5 traîtres se trouve être la vengeance, purement et simplement. Cette vengeance, vous allez directement la mener sur le front en la personne d’Amleth, héros sombre et taciturne. Équipé d’une épée qui ferait passer celle de Cloud Strife pour un cure-dent, notre protagoniste principal sera jusqu’à la fin juge et bourreau des têtes pensante de Ruzi.
Être ou ne pas être
Comme je le signalais plus haut, Valkyria Revolution n’a absolument plus rien à voir avec ses aînés en termes de gameplay, oubliez donc la série des Valkyria Chronicles. Valkyria Revolution s’oriente plus du côté de l’A-RPG avec au final, bien moins de composantes tactiques que ce que l’on veut nous faire croire.
Le plus gros changement de Valkyria Revolution par rapport à ses aînés se trouve dans les combats. Alors que Valkyria Chronicles essayait de mettre en place un système en semi-temps réel qui mettait l’accent sur le placement des personnages sur la map, Valkyria Revolution s’attarde sur un système de jeu en temps réel, plus proche d’un A-RPG ou d’un Sengoku Musô.
Une jauge circulaire détermine quand vous pouvez attaquer, celle-ci se recharge très rapidement, une fois pleine vous avez le choix d’attaquer au corps à corps, d’utiliser une arme à feu ou une magie à l’aide d’une pause active permettant de ne quasiment jamais louper sa cible. Vous avez également la possibilité d’esquiver et vous défendre autant que vous le souhaitez sans consommer la jauge circulaire.
Sur le papier, les développeurs de Media Vision (La série Wild Arms, Valkyria Chronicles 3) avaient certaines idées intéressantes comme les changements d’états chez l’ennemi (apeuré, surpris, etc.) en éliminant le leader de l’escouade. En jeu, toutes ces idées même si elles sont bien présentes, sont mal équilibrées, en partie car Valkyria Revolution noie ses nombreux aspects tactiques dans une trop grande facilité, ce qui rend obsolète toute question tactique.
Le système de couverture qui avait beaucoup d’importance dans Valkyria Chronicles est réduit à peau de chagrin dans Revolution. Dans 90% des cas, la couverture sera inutile, la principale fonctionnalité de cette dernière est surtout la régénération, oui, le spectre de the Getaway (PS2, 2002) flotte encore.
Bien sûr, il faudra compter sur la faiblesse des ennemis aux attaques élémentaires, comme la foudre contre tous ce qui est mécaniques par exemple, mais cela ne sera jamais obligatoire à part si vous souhaitez écourter le combat. Le problème est que les combats sont au final très loin d’être grisant, la faute a une variété d’ennemis très faible (comptez 5 ennemis différents au maximum) et à une IA qui ferait passer toute la clique de TPMP pour des surdouées.
Les combats de boss seront les seuls moments du jeu ou l’on vous proposera un minimum de challenge, par conséquent, ces derniers seront les plus plaisants à jouer même si là encore rien d’exceptionnel.
Valkyria Regression
Mais au final, rien dans la besace de Valkyria Revolution ne rend le jeu véritablement tactique, le seul aspect stratégique sera de viser le leader au loin (nul besoin de se mettre en couverture) afin d’affaiblir le groupe avant de rentrer dans le tas en mode gros bourrin.
Autre différence avec Valkyria Chronicles, vous pourrez vous promener librement dans la ville de Jutland, ce qui remplacera l’austérité des écrans de sélection inhérent aux Tactical RPG. La ville vous permettra de faire des emplettes pas toujours utiles et d’accéder à d’autres secteurs, comme l’usine de votre ami Basil afin d’upgrader votre équipement.
Chaque arme liée à un personnage respectif dispose d’un arbre de compétences que l‘on peut augmenter selon certaines caractéristiques, comme l’attaque, la puissance magique, le niveau de magie élémentaires, etc.
Le soucis vient du fait que l’on doit utiliser les sphères de compétences récupérées sur le champ de bataille afin de faire grimper l’expérience de toutes vos stats. Sachant que ces mêmes sphères de compétences vous apportent des techniques particulières lorsqu’elles sont préalablement équipées dans votre palette de combat.
Autrement dit, ou vous gardez précieusement ces sphères, ou vous les utilisées pour faire grimper vos level en gardant en tête que si vous ne possédez pas de double, vous perdrez partiellement une technique, heureusement vous pourrez toujours racheter des sphères de compétences au marché de Jutland.
Le second souci est que le jeu n’en vaut pas la chandelle puisque chacune des sphères de compétences utilisées ne rapportent qu’un maigre gain d’XP. Enfin, dernier problème qui vient conclure tout le système de craft mal foutu. Si vous voulez faire grimper vos stats il va falloir « grinder » à mort et refaire des tonnes de missions annexes, dont le but sera presque toujours identiques, annihiler le capitaine, ou tout ce qui bouge à l’écran. Rien de bien original en somme.
Même si le scénario est l’un des points forts du jeu, notamment grâce aux 5 traîtres qui constituent des personnages psychologiquement intéressant, on ne peut pas dire que la mise en scènes des cinématiques arrange les choses puisque celle-ci comporte encore plus de plans fixes qu’un film d’Ozu, si les personnages ne bougeaient pas les lèvres on aurait presque l’impression de regarder un roman photo.
En sus, même s’il est rare de se plaindre de ce genre de chose ces fameuses cut-scenes sont beaucoup trop nombreuses et tendent à tuer l’équilibre du jeu. On a parfois l’impression d’être plus spectateur que joueur.
Coté graphisme, autant vous le dire clairement, mieux vaut ne pas porter votre intérêt sur la technique, c’est moche et tout comme dans son aîné, les murs invisibles sont omniprésent et le jeu et toujours aussi rigide, sauf que là, on parle d’un A-RPG ce qui se révèle un plus déplaisant. Heureusement le jeu garde la même DA que Valkyria Chronicles.
Bien que dénué d’originalité, le character design est globalement réussi, mais comme à l’accoutumé, les Valkyries ont tendances à respirer bien mieux que la moyenne des autres personnages vu la taille de leurs « poumons » qui frise le ridicule.
Alors qu’on peut lire dans certaines critiques que la bande son de Valkyria Revolution est « générique », On peut noter que celle-ci marque le retour de Yasunori Mitsuda qui remplace le non moins talentueux Hitoshi Sakimoto. Et pour ma part, il s’agit d’une excellente surprise, car depuis quelque temps Mitsuda se montrait inégal dans ses compositions et ne composait jamais la totalité des musiques des jeux sur lesquels il travaillait.
Sur Valkyria Revolution, Mitsuda nous montre enfin le talent qu’il est capable d’exprimer, sans pour autant atteindre les OST de Xenogears ou Chrono Cross, le compositeur phare dote Valkyria Revolution d’un thème principal fabuleux et de nombreux titres réussis, à croire que le bougre à passer plusieurs années à méditer sous une cascade pour se décider enfin de mettre en avant ce qu’il savait faire de mieux, tout ça dans le but de revigorer nos esgourdes déjà polluées par le dernier tube de Jul.
Conclusion
Le plus gros défaut de ce Valkyria Revolution est d’être naturellement assigné au genre tactical lié à ses prédécesseurs et notamment d’avoir été vendu comme tel. Cela n’est pas forcément une mauvaise idée de vouloir s’éloigner du genre tactical pour un spin-off de Valkyria Chronicles, cependant, Valkyria Revolution est un A-RPG tout juste honnête, alors autant être prévenu tout de suite mais vous avez intérêt d’être un sacré morfal de ce genre pour pardonner au titre ses nombreuses errances de gameplay.
Pourtant, malgré ses nombreux défauts on ne peut s’empêcher d’avoir un minimum de sympathie pour Valkyria Revolution, en parti pour son design, ses musiques, son scénario et ses 5 traîtres psychologiquement intéressant, bien qu’ils n’échappent pas au classicisme inhérent du J-RPG. A voir maintenant si les critères précédemment cités passent dans vos priorités.
Les Plus :
- Un scénario plutôt réussi
- De bonnes musiques grâce à un Mitsuda en forme
- Quelques personnages intéressants
- Un Character-design globalement réussi
Les Moins :
- Une technique du début de la génération PS3
- Une stratégie digne d’un Hippo-glouton.
- Une mise en scène catastrophique
- Trop de cut-scenes tue les cut-scenes
- Des combats loin d’être fun
- Système de craft mal foutu
Note : 2,5/5