Sous l’impulsion du Centre Social Le Sourire Dunois, la Compagnie GIVB (Groupe d’Intervention Vocal Basic) est venue présenter Ne Le Dis Surtout Pas, au théâtre de Châteaudun (Eure-et-Loir 28). Le spectacle se plaçait ainsi en ce samedi 16 mars, comme préambule de la semaine de Lutte contre les Discriminations, organisée par le Centre Social susnommé.
Ce seul en scène conte l’histoire de Stéphane Baup-Danty-Lucq, incarnant son propre rôle. Et ayant coécrit l’œuvre avec Barbara Drouinaud Bobineau. Une équipe qui ne saurait s’avérer complète sans Matthieu Bernard, régisseur loin d’être anodin. Notamment par les omniprésents jeux de lumière, détenant une véritable importance. Dont lors du final, où ils se mêlent à la libératrice musique de Gilles Bordonneau.
Cette histoire, il s’agit de celle des vérités du passé mises en action par un homme, pouvant désormais vivre à peu près comme bon lui semble. Là où pendant tant d’années, il a dû se cacher face à ses proches, si ce n’est envers lui-même. Et plus encore ce jour, à l’orée de ses 21 ans, où sa mère ayant compris que son grand copain était en réalité davantage un petit ami, lui asséna cette phrase choc, si ce n’est choquante : « Ne le dis surtout pas à ton père, sinon il va me quitter ! ».
Cette citation lancinante, perturbante et intrigante, tant son interprétation peut s’avérer multiple, devient le point d’ancrage pour se plonger dans la vie de son véritable acteur. De son enfance où, sans dévier dans des clichés, il préfère s’éclater à l’élastique avec les filles, que jouer avec les garçons. Même si bien plus tard, il s’amusera également avec des mecs… Cependant d’ici-là, c’est un long cheminement qui aura lieu.
Un parcours jonché d’obstacles, dont le plus grand reste le secret. Si cette tranche de vie nous fait avancer jusqu’au début des années 2000, elle permet de constater que finalement la société n’a pas tellement changé dans son regard. Et les familles non plus. À la rigueur, les moyens de rencontres ont bouleversé les choses. Un thème que Stéphane aborde avec autant de drôlerie, les explosions de rires dans la salle le confirme, que de sensibilité.
Car à travers ces méthodes plus discrètes de rencontrer des mecs chauds dans ta région, c’est tout bonnement dans son intimité la plus profonde qu’il nous fait pénétrer. Émotionnellement, sexuellement, les images de ses doutes, ses peines, ses joies, apparaissent devant nos yeux. Même la rue des Peupliers à Pessac (ndla : j’ai trouvé l’allée des Peupliers), on a l’impression de la visualiser. Tandis qu’il nous relate son hésitation, devant sa première rencontre IRL, suite aux services d’un réseau téléphonique.
Mais l’hilarité et la découverte de ses émotions positives, par le biais de mises en scène originales, à l’instar de celle de Super Mario Bros. qui devrait plaire à nombre d’entre vous, ne fait pas tout. La difficulté de vivre comme il le désire, particulièrement sans tabous avec son entourage, s’avère encore impossible. Jusqu’à ce jour, où il décide de l’annoncer à son père, dont nous vous laissons découvrir la manière. Un évènement nous menant vers un final de tous les possibles.
Ce dernier, durant lequel on ne peut que souligner l’impact de la grand-mère paternelle. Rouage familial essentiel, avec sa manière bien à elle de s’exprimer. Ce que l’auditoire a apprécié. Toutefois ce que nous nous avons davantage apprécié, ce fut de constater que les personnes, malheureusement trop peu nombreuses et cela en dit long sur notre société, ne se stoppaient aux termes fleuris de la mamie. Et étaient vraiment émues par cette aventure de vie.
La pièce s’est conclue sur un échange de questions/réponses, avec les spectatrices et spectateurs. J’ai eu l’occasion de demander à Stéphane s’il y avait des sujets et anecdotes douloureuses, qu’il avait décidé de n’évoquer. Tout en lui ajoutant sur un ton léger, qu’il en parlerait bien sûr dans le prochain. Il a avoué qu’un événement dur, mais qu’il a réussi grosso modo à digérer, n’y figure pas, sans en indiquer la nature. Ce qu’évidemment je respecte au plus au point. Par ailleurs, il a rebondi en soulignant le second spectacle qu’il joue avec la Cie GIVB : Naître. S’axant lui sur l’envie de parentalité.
Conclusion
D’une tendresse et d’un humour n’étiolant jamais la dramaturgie des thématiques, Ne Le Dis Surtout Pas s’avère aussi essentiel pour remuer les esprits et les cœurs, que pour divertir. Nous vous laissons avec une vidéo contenant plusieurs extraits, néanmoins le texte a évolué depuis. Par conséquent, vous y verrez des séquences ayant considérablement changé. Et nous trouvons que cela fut pour le meilleur.