Critique du conte La princesse sans bouche

Vous n’êtes pas sans ignorer que derrière de nombreux contes, sont diffusés des messages forts. De manière à ce que les jeunes, mais aussi pourquoi pas les autres, comprennent des sujets graves. Il en va de ce fait pour La princesse sans bouche (Bayard Jeunesse), de Florence Dutruc-Rosset, illustré par Julie Rouvière et avec la participation de Mélanie Dupont, psychologue et présidente de l’association Centre de victimologie pour mineurs.

La princesse sans bouche

Si l’on connaît l’autrice en tant que rédactrice en chef des excellents magazines Les Belles Histoires et Mes Premières Belles Histoires, que l’on lit et fait lire depuis longtemps, il en sera de même pour cet ouvrage de la collection « Albums découvertes ». Néanmoins, par un biais encore plus accompagnateur. Et pas uniquement chez un public d’au moins une dizaine d’années. Au contraire, il ne faut pas hésiter à leur confier et/ou leur conter assez tôt.

Et à ce propos, le conseil de l’éditeur est dès 5 ans, ce qui semble adéquat. Quatre évidemment si suffisamment éveillé(e) à certains thèmes. Puisque ce livre traitera d’inceste, à l’instar de Peau d’Âne. En vue de mettre en garde les bambin(e)s de tout âge. Ainsi que de savoir qu’elles et ils doivent en parler, si jamais une chose horrible arrivait. Ou même ne serait-ce qu’un prémisse. Et ne surtout pas avoir honte, se sentir coupable, garder ce  » secret  » si le monstre derrière cet acte le lui demande…

L’histoire se déroule ainsi sur deux plans qui se rejoignent. L’on découvre tout d’abord une princesse, abusée par son père. Le roi que le peuple pense bon. Alors que sous son masque de façade, se dissimule un odieux personnage. Tandis que la mère ne réagit elle pas pour que cela change. Sa fille n’arrive point à s’exprimer sur le crime dont elle est victime. Si bien que progressivement, sa bouche s’efface.

Et alors que dans cet état elle s’en va au sein de la forêt derrière le château, elle fait certaines rencontres essentielles. Dans un premier temps avec une dame en bleu. Elle disposée à l’écouter et s’intéressant réellement à l’enfant. Puis une biche qui deviendra son amie. Ce qui sera nettement moins le cas du chasseur. Qui comme de coutume chez de tels gens, n’a que faire des autres. Et se sent tout puissant, comme si la vie d’autrui n’a d’importance. Que leur présence n’est justifiée que pour les distraire, lui et son fusil.

La conclusion de l’histoire ne s’arrête cependant pas ici, mais l’on vous laissera la découvrir. Signalons en revanche, qu’elle est suivie d’indications sur les multiples protagonistes, les reliant à la réalité. Deux pages indispensables, tant elles précisent des aspects plus qu’importants afin d’éviter de tels drames. Et s’ils ont lieu, d’en stopper les coupables et soutenir leurs  » proies « . Sans omettre l’indication de composer le 119, en cas de problème. Alors que l’on peut se sentir seul(e) et ne pas savoir comment agir. Qu’il s’agisse de soi ou d’une personne que l’on connaît. Julie Rouvière délivre également un impact visuel fort. Entre les horribles scènes qui marquent autant visuellement, que scénaristiquement. Et parallèlement, des passages plus doux, voire oniriques dans les bois.

Conclusion

Aussi bien un outil prédominant pour l’éveil et la compréhension, qu’un livre poignant, La princesse sans bouche s’avère typiquement un lien offrant le moyen de montrer la réalité horrifique que ce monde peut cacher. Dans le but d’en prévenir au maximum la jeunesse. Mais également d’inciter les adultes à en parler, pour que les enfants ne craignent de révéler de tristes sorts dont elles et ils ont connaissance.