Critique du roman Bamba

Anne Loyer est une autrice que l’on apprécie beaucoup et ayant su récemment nous toucher avec Celle que je suis. Autre ambiance désormais, mais toujours un univers fort, avec Bamba chez Les Éditions du Rocher.

bamba

Le monde entier est au courant que pour danser la Bamba, cela nécessite un peu de grâce. Et les premiers instants du livre nous le confirment en retrouvant Bamba, 17 ans, en boite de nuit. Celle-ci se lâche complètement sur la piste et la musique s’incarne en elle. D’ailleurs, la description de cette séquence s’avère d’une intensité et d’une précision, qui nous plongent littéralement sur la piste. Et semblent nous faire découvrir sa passion.

Effectivement l’on peut considérer qu’elle l’est, mais il s’agit également d’un certain exécutoire. Bien que l’on puisse songer qu’elle s’éclate comme n’importe quel(le) adolescent(e) pourrait le faire, celle-ci a une passion beaucoup plus grande qui l’attend là où elle vit : son fils Kylian ! La raison du choix de ce prénom aura de quoi frapper et démontrera parallèlement la facette écorchée vive de la maman du bambin. Ce dernier qui dort dans la maison où la doublette a trouvé refuge d’une certaine sorte. Celle de Paul, un retraité qui peut sembler un peu ours mal léché. Mais dont l’on ressent très rapidement le grand cœur. Ce qui se confirmera, tant il est toujours présent pour aider l’héroïne et prendre soin du bébé. Non sans la secouer un peu, puisque si le couple mère/fils se retrouve dans cette campagne auvergnate, c’est car l’ado s’est brouillée avec sa famille.

Précisément sa grand-mère paternelle et son père. Les 2 avec qui elle vivait à Clermont-Ferrand, tout étant lycéenne. Cependant tomber enceinte changea évidemment énormément de choses. Mais au lieu d’un potentiel rapprochement, peu importe sur ce que sa famille penserait sur les évènements à venir, la cassure fut encore plus profonde. Car depuis la disparition des suites d’un cancer de sa mère, Bamba a des relations compliquées avec sa doublette familiale.

Celle que je suis

L’ouvrage nous fera ainsi suivre en alternance le passé et le présent de Bamba. Qui devra assumer et se lancer dans ce que l’on craint le plus au monde : les responsabilités ! Tout en faisant confiance aux autres. Tandis que les souvenirs d’avant accouchement, ce dernier que l’on suivra aussi, se penchent notamment sur sa situation familiale plus ou moins récente. On lit ainsi comme si l’on y était à l’époque, l’évolution avec son entourage. Mais également sur les réminiscences de sa relation avec sa maman, en sus de révélations sur ses parents quand elle était encore là. Qui nous font instantanément songer qu’elles te feront danser Bamba, les neiges du Kilimandjaro.

On découvre en marge sa rencontre avec le père de Kylian. Même si l’on vous laissera vous rendre compte par vous-mêmes de ce passage très dur et pourtant crédible. Justement, c’est ce réalisme et pas un côté cliché ou larmoyant facile dans lequel tombe Anne Loyer. Ce qui fait la force de cette œuvre, au-delà de son histoire. Qui nous montre aussi son entourage scolaire et amical. Et il n’est pas tous les jours facile de devenir mère/fille, au travers des yeux et remarques des élèves. Heureusement, elle peut compter sur le fidèle Mozart, de son surnom. Sauf que le garçon a beau être son meilleur ami, il n’en est pas moins attiré par Bamba depuis toujours. Ce qui risque de compliquer les choses, mais à la fois rend le roman plus complexe, comme le sont  souvent les relations de ce type. Où l’on retrouve souvent un tel cas.

Conclusion

Une vie et par conséquent un livre à multiples tiroirs d’Anne Loyer, dont l’aventure humaine de Bamba secoue autant qu’elle pousse à la réflexion. Notamment sur la confiance à divers étages, une spécificité que l’on apprécie grandement tant elle n’est pas si souvent mise à ce point en avant. Alors qu’elle s’avère plus que jamais un fondement du monde, surtout si l’on désire qu’il ne coule pas davantage.