Dire que l’on attendait Kingdom Hearts 3 est un doux euphémisme, mais c’est surtout Tetsuya Nomura que l’on attendait au tournant, puisque le célèbre character/game designer avait passé 7 ans de sa vie sur Final Fantasy Versus XIII/XV, projet chaotique qui au final n’aura abouti que sous la houlette de Hajime Tabata. Nous étions alors en droit de nous demander comment aller se dérouler le développement de Kingdom Hearts 3. On se disait que Tonton Nomura n’était surement plus dans le coup, bah on s’était bien planté.
Pourquoi Tidus brosse ? Parce que Mickey Mouse
Devant ce jeu de mot foireux se cache le secret de la saga Kingdom Hearts, sachez qu’elle vient d’une idée de Squaresoft (avant sa fusion avec Enix) de faire un A-RPG cross-over entre le monde de Disney et celui de Final Fantasy. Et même si mon fantasme se serait porté sur Ghibli plutôt que Disney, il faut reconnaître que le géant américain est beaucoup plus vendeur mais également plus prolifique.
Pour résumer brièvement l’idée que peut donner une telle fusion, on a d’un coté des méchants qui séparent leurs personnalités en 3 personnages distincts, des mondes parallèles, des voyages temporels, des cœurs volés enfouis dans le cœur d’autres personnes et de l’autre, un mec au cheveux rouges hirsutes sort de ses poches 2 glaces déballées avant de vous les tendre comme si de rien n’était. Alors on se marre, on se marre, mais pourtant, vous êtes bien dans l’univers de Kingdom Hearts.
Même si la saga Kingdom Hearts s’est toujours appuyée sur les histoires de Final Fantasy et Disney, avec le temps, la série s’est mise à étendre son propre lore excentré de ce fameux melting pot. Une histoire toujours plus folle et alambiquée malgré un univers enfantin, qui se permet de développer des personnages créés uniquement pour la licence.
Le soucis du scénario de Kingdom Hearts 3 est sans doute lié au fait que pour en saisir toute les subtilités, il vous faudra vous faire tous les épisodes jugés « annexes » par l’ensemble des joueurs ne les ayant pas fait (cherchez l’erreur). En même temps, voilà le résultat lorsque l’on donne des noms à coucher dehors aux trois quart des épisodes. C’est sans doute le plus gros défaut du jeu, car ces épisodes n’ont rien d’annexes et les différentes trames engagées dans les jeux respectifs se concluront (presque) toutes dans ce 3 ème opus.
Si vous êtes motivé, 2 options s’offriront à vous. La première, vous farcir les très moyens et rébarbatifs KH 358/2 Days et KH re-coded, mais aussi le fabuleux Birth by Sleep (ce battle system de folie!), le sympathique Chain of Memories et le très bon Dream Drop Distance qui est également la véritable suite à Kingdom Hearts 2. La seconde option, plus simple, consiste à vous souvenir que Youtube est votre ami.
D’un point de vue extérieur, il est concevable que le scénario et l’univers de Kingdom Hearts peuvent sembler niais et enfantin, effectivement niveau dialogues cela est souvent sans grand intérêt et sonne parfois d’une niaiserie affligeante. Mais pourtant il arrive que certaines cinématiques soient aussi capillotracté que la coupe de cheveux d’un personnage dessiné par Nomura himself.
Il faut comprendre que globalement l’histoire établit dans tout l’univers de Kingdom Hearts se complexifie à chaque épisode, dont les ramification scénaristique se font de plus en plus nombreuses. Bref le cerveau malade mais complètement géniale de Tetsuya Nomura a conçu un véritable capharnaüm dont les joueurs uniquement familiers de Kingdom Hearts 1 et 2 se sentiront rapidement largués.
Au pire l’archive des souvenirs disponible sur l’écran titre pourra peut être corriger les lacunes scénaristiques des retardataires, mais force est de constater que cela est loin d’être suffisant et que certaines explications auraient mérité d’être un peu éclaircies.
C’est comme le bordel avec le MCU, mais en mieux
Pour cette nouvelle aventure, Sora et ses amis devront réunir les 7 gardiens porteurs de Keyblade afin de mettre un terme aux agissements de Xehanort, ultime méchant de la saga, ainsi que leader de la véritable organisation XIII. Petit problème pour Sora, 2 de ces fameux gardiens sont enfermés dans son propre cœur (oui, oui) , et la seule façon de les en sortir est de récupérer le pouvoir de l’éveil. Pouvoir que notre héros a perdu à la fin de Kingdom Hearts Dream Drop Distance.
Pour reprendre l’un des nombreux tweete de Sora lors des écrans de chargement :
« Salut les amis ! Moi et les deux autres demi-portions, on part faire les cons dans les mondes Disney pendant que Riku et le roi Mickey font tout le boulot ! » #Sora #Donald #Dingo #Une portion et demie #Fête du slibard
C’est vulgairement comme cela que l’on pourrait résumer 80% du scénario de Kingdom Hearts 3. Car l’histoire de ce nouvel opus donne vraiment l’impression que Riku et Mickey essaient de régler la partie la plus difficile afin de retrouver l’un des 7 gardiens, pendant que le groupe de Sora part faire la fiesta à Disneyland avec comme prétexte de retrouver le pouvoir de l’éveil. Et tout cela est décidé au petit bonheur la chance par la Keyblade qui donne l’impression (en tout cas au départ) de tirer au hasard les mondes de Disney vers lesquels Sora et ses amis devront voyager.
Évidemment les choses sont un peu plus compliquées que cela et même si Sora récupère certains éléments de réponse afin d’avancer dans sa quête du pouvoir de l’éveil, scénaristiquement parlant on sent que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Au final, l’on constate que le gros de l’intrigue n’avance pas grâce à notre trio de héros. Par conséquent, à travers Sora, nous nous sentons beaucoup moins impliqués dans le lore principal que dans chaque petite histoire que les mondes Disney ont a nous offrir. Sora, Donald et Dingo semblent souvent s’amuser sans se soucier de la gravité de la situation. D’ailleurs certains élément de gameplay comme les attractions Disney lors des combats corroborent avec cette idée. Tout cela tend à rendre le scénario principal de ce Kingdom Hearts 3 un peu décevant.
Bien heureusement le dernier segment de jeu comblera une bonne partie de vos attentes, car Sora semblera enfin pleinement investi par sa quête et ce n’est qu’en outrepassant de nombreux combats épiques que vous obtiendrez quasiment toute les réponses à vos questions.
Concernant le voyage d’un monde à un autre, le vaisseaux Gummi est de retour… Avec un design toujours aussi moisi d’ailleurs, mais ne baissez pas les bras trop vite car la recette a enfin été revue et corrigée. Grosso modo, vous pouvez désormais vous déplacer librement avec votre vaisseau dans plusieurs système solaire. Imaginez l’espace façon mini monde ouvert, ou vous pourrez voir à l’aide d’une map le positionnement des divers mondes Disney, les coffres à déverrouiller, les constellations à prendre en photo, et forcément les nombreuses joutes spatiales qui vous attendent.
Les ennemis sont représentés par des vaisseaux de différentes couleurs et level et vous aurez tout le loisir de les éviter si vous préférez foncer directement au prochain monde. Mais si vous voulez faire progresser votre vaisseau, cela reste l’un des rares moyen possible. Il vous suffira alors de vous approcher d’un appareil ennemi pour rentrer en phase de shoot. Dés lors, tout se passera comme dans un rail shooter classique à la Starfox (Do a barrel roll!), ou vous devrez dézinguer plusieurs séries d’ennemis.
Heureusement le tout reste assez varié, il sera même possible de combattre des boss ou parfois une forteresse entière. Même si ces phases spatiales ne fonctionne pas à 100% en partie à cause de la caméra, il faut admettre que cela reste agréable à jouer. Bien entendu vous pourrez toujours customiser votre vaisseau de A à Z grâce à toutes les pièces que vous récupérerez sur le terrain.
Si vous avez suivi les différents trailers de Kingdom Hearts 3, alors sachez que la totalité des mondes Disney ont été spoilés par Square Enix. En revanche vous aurez quelques surprises concernant certains mondes propre à l’univers de Kingdom Hearts. L’exploration à travers les différents décors se fait avec fluidité et souplesse, Sora peut grimper presque partout. Ce dernier peut même interagir avec de nombreuses parties du décors comme les poteaux, piliers ou rambardes, mais peut également rebondir sur les murs ou encore courir le long de ceux en surbrillances.
La verticalité de la plupart des niveaux est impressionnante à tel point que vous pourrez également vous adonner à la chute libre en terminant même avec un coup fatal bien pété. D’ailleurs la plupart des attaques se changeront en mouvements encore plus puissants selon les éléments du décors avec lesquels vous interagirez.
Chaque univers contient souvent une nouvelle idée de gameplay, que cela soit pour vous faciliter l’exploration, vous faire jouer des scènes d’action inédites, ou même pour faire intervenir des mini-games liés à l’histoire ou pas. Il est intéressant de constater le niveau de liberté qu’a laissé Disney au développeurs de chez Square Enix, car cela est souvent surprenant. Avec des mondes qui s’étendent sur des zones que l’on voit à peine dans les différents films, intégrant même des PNJs entièrement originaux.
Évidemment tous les mondes ne bénéficient pas des mêmes faveurs, la question est de savoir si il s’agit d’un choix purement volontaire des développeurs ou de restrictions venant de Disney. Mais globalement cela reste bien plus impressionnant que dans les anciens épisodes, on regrettera sans doute le monde de Big Hero 6 (Les Nouveaux Héros) que l’on aurait aimé voir plus long et aussi audacieux que les autres. La plus grosse déception vient surtout du fait qu’absolument AUCUN personnage de Final Fantasy ne vous fera l’honneur de sa présence. A moins que les Mogs suffisent à combler ce vide intersidéral.
Graphiquement, même si ce n’est pas le cas, cela peut sembler irrégulier dans la mesure ou la D.A est similaire à chaque films Disney, par conséquent vous prendrez une énorme tarte dans la tronche pendant le monde de Pirate des Caraïbes, la où vous trouverez sans doute celui de Monstres et Compagnie beaucoup moins impressionnant. A contrario, la qualité de la mise en scène lors des cinématiques, est véritablement en dents de scie. Parfois statique et peu inspirée, et d’autres fois très réussies, surtout lors des grosses scènes d’actions. Néanmoins, la plupart des passages issues des différents Disney reprennent avec un respect jusqu’au-boutiste la réalisation des films respectifs.
La claque qui vient du cœur
Le plus gros point fort du jeu reste son battle system, où s’enchaînent combats aériens au commande d’un Sora défiant totalement les lois de la gravité. D’une richesse inouïe, ce système tente d’associer toutes les idées abordées dans les Kingdom Hearts précédent et s’octroie même le luxe d’en ajouter de nouvelles. On pourrait sans doute lui en vouloir de s’être un peu trop adapté au grand public, là où le système de Birth by Sleep était quasiment entièrement personnalisable.
Pour ceux qui l’ignoreraient, les commandes de bases de Kingdom Hearts sont similaires à un A-RPG classique, avec une touche d’attaque, une de garde et d’esquive, une de saut, ainsi qu’un raccourci bien pratique pour les magies, invocations et objets de soins. Les combos de Sora se développeront au fur et à mesure de l’apprentissage des compétences. Si vous appuyez sur le bouton croix Sora attaquera automatiquement l’ennemi le plus proche de vous, mais vous pourrez toujours verrouiller un adversaire spécifique, jusque la rien de révolutionnaire.
Le secret du gameplay réside dans les nombreuses Keyblades à votre disposition, vous pourrez en équiper 3 au maximum, ces dernières vous octroieront de nombreuses compétences particulières. Mieux, chaque Keyblade aura la possibilité, une fois votre jauge chargée à bloque, de se transformer jusqu’à 2 fois en armes diverses et variées (arbalètes, lance, vrille, yoyos, etc), afin d’accomplir des combos encore plus stylés et dévastateurs, parfois déclenchables avec carré et rond en plein enchaînement.
N’oublions pas la touche triangle qui sert d’actions contextuelles, elle vous sera utile pour asséner une super attaque dévastatrice (différente selon l’arme employée) lorsque votre jauge est à fond. Mais vous permettra également de faire des attaques combinées ou encore d’utiliser des magies surpuissantes après avoir éclaté la face d’un ennemi avec le même sort plusieurs fois d’affilé. C’est également cette touche qui vous permettra d’utiliser les attractions Disney, nombreuses et différentes selon le nuisible que vous abattrez. Ces dernières ont comme seul défaut d’être complètement cheatées, d’un autre coté vous subirez une avalanche d ‘effets stylés à rendre malade un épileptique.
Ajoutez encore à cela le fait que la plupart des interactions avec les décors donnent accès à des coups encore plus variés, puissants et stylés. Ainsi qu’un système de visée vous permettant d’envoyer des attaques chargées à distance ou de vous téléporter directement sur un ennemi. Est-ce nécessaire de citer les invocations ? Ou certaines magies qui différent selon la Keyblade utilisée ? Bref un système brillant et généreux, peut être un peu trop au vue de la difficulté d’ailleurs.
D’aucuns vous diront : « Mouais… spammer le bouton croix sans s’arrêter pour défoncer ses ennemis, je ne vois pas on ça rend le système cool ». Et effectivement cela peut passer en mode normal et facile ou la difficulté semble avoir été adapté à des joueurs casualisés. On se souvient d’ailleurs des précédents Kingdom Hearts bien plus exigeants (ce qui ne veux pas dire difficile). Nous encourageons donc la plupart des joueurs à augmenter le niveau de difficulté dés le départ. Certainement pas en gage de frustration, à moins que 2 ou 3 morts par monde soit pour vous synonyme de difficulté, mais surtout pour vous forcer à exploiter le système de jeu de Kingdom Hearts 3 au maximum de ses possibilités.
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Conclusion :
On y croyait plus, cependant Kingdom Hearts 3 est bien là, et marque enfin le retour de la licence ainsi que celui de Tetsuya Nomura aux commande d’un jeu. Et autant dire que le célèbre game/chara designer met les cœurs sur les « i » comme pour annoncer autant d’amour aux fans de la franchise. Le titre est d’une richesse époustouflante, autant dans son exploration que dans ses combats, où le framerate reste à toute épreuve devant un Sora qui se déplace à la vitesse du son. Sans compter les effets lumineux qui pleuvent comme autant de Sans-coeurs dans le dernier segment du jeu. On pourra regretter une aventure trop simple et l’absence des héros de Final Fantasy, mais la fin du chapitre Xehanort se clôture de façon magistrale. L’attente pour un futur épisode risque d’être longue…
Les plus :
- Enfin la conclusion épique à la trilogie Xehanort
- Des combats épique tout simplement
- Des idées de gameplay partout pour chaque univers
- Les musiques de Yoko Shimomura toujours au top
- Un respect jusqu’au boutiste des œuvres Disney
- Ça pète dans tous les sens à 100 à l’heure sans prendre le framerate au dépourvu
Les moins :
- Aucun challenge, même en mode expert
- Où sont les héros de Final Fantasy ??!!!!!
- Skrillex qui pollue Utada sans vergogne
- Un scenario dur à suivre pour les néophytes
- Pas de VF ok, mais pas de voix japonaises en 2019 sérieusement ???
Note : 4,5/5