Jouer avec le clonage ne se fait pas. La pratique s’avère dangereuse. En revanche, un jeu de société avec des créatures clonées est adapté. C’est justement ce que propose Draftosaurus d’Antoine Bauza, Corentin Lebrat, Ludovic Maublanc et Théo Rivière. Qui vient de sortir chez Ankama.
On se doutait que cela arriverait un jour, les dinosaures ont été clonés ! Et ces derniers vont se retrouver dans des parcs ouverts au public. Les 2 à 5 participant(e)s de Draftosaurus dirigent chacun(e) un parc et il leur faudra l’organiser de la meilleure des manières. On ne peut évidemment pas faire n’importe quoi, entre les divers types d’environnements des lieux et les différents dinosaures. Une disposition adéquate ramène des points et celle ou celui qui en détiendra le plus, remportera le titre de meilleur(e) directrice/eur.
Tout le monde prend un plateau, qui représente son parc personnel. Premier bon point de Draftosaurus, celui-ci est recto-verso. On possède ainsi deux approches différentes. D’un côté l’été, de l’autre l’hiver. L’intégralité de la tablée utilise la même face lors d’une partie. On reviendra sur leurs spécificités par la suite. Sachez au préalable que de 3 à 5 personnes, une session se déroule en 2 manches, elles-mêmes divisées en 6 tours chacune. Les 2 se jouant exactement pareil.
Peu importe combien vous êtes, les préparatifs sont simples, puisque l’on adapte la quantité de dinos, par rapport à celle de directrices/eurs. Si l’on est 5, on les utilise tous, soit 60 à mettre dans le sac. Si l’on évolue à 4, on retire un duo de créatures de chaque type. On en conserve donc 48, les 12 autres ne serviront pas… Puis chaque personne en pioche 6 dans ce fameux sac, en ne les révélant point !
Selon les règles, la joueuse/le joueur le plus jeune lance dès à présent le dé de contrainte. Mais si vous désirez varier la méthode, allez-y. Comme par exemple la/le dernière/ier à avoir vu un dinosaure. Comme son nom l’indique, ce cube vous en fera voir de toutes les couleurs et ajoutera le soupçon de hasard, nécessaire pour dynamiter les stratégies et renouveler chaque session.
On pourra ainsi tomber sur Côté Cafétéria, qui demande de placer un dinosaure dans la section comportant le panneau cafétéria. Tandis que vous devinez déjà ce que demandera Côté Toilettes, puisqu’il s’agit d’un système identique. Enclos Vide oblige à positionner l’animal dans un lieu non habité par un ou plusieurs autre(s). Forêt demande de le situer au sein d’un enclos de la forêt. Ce qui vous fait automatiquement saisir ce qu’il faudra exécuter si le dé indique Plaine. Enfin, Attention Au T-Rex oblige à mettre la nouvelle créature dans un endroit sans T-Rex.
Ce que l’on peut imaginer avec la demi-douzaine de dinosaures tirés au début de chaque manche, avant les multiples lancements du dé, sera donc continuellement bouleversé. Et bien plus que vous ne le pensez. En réalité, après avoir sélectionné son animal à placer, suite au jet de dé, on passera le reste à sa/son voisin(e) de gauche. Toute idée est donc en perpétuel mouvement, même s’il s’avère probable de retrouver, du moins lors du premier échange, un dino du même genre, entre le quintet disponible. Mais au fil du temps, cette possibilité va s’amenuiser et potentiellement vous mettre en difficulté. Ou au contraire, vous octroyer une chance, alors que vous possédiez une ou des créatures que vous ne pourriez mettre dans un enclos.
Dans un tel cas, peu importe le tour, si vous ne pouvez en positionner un dans les lieux alloués, vous pourrez l’envoyer à la rivière, au milieu de votre plateau. Ce qui s’avère d’ailleurs envisageable même si pouvez le placer au sein d’un enclos. Accentuant la dimension tactique, en se laissant par exemple un enclos vierge, afin de s’en servir plus tard. Voire pour s’y délester d’un T-Rex, par crainte d’une contrainte faisant de lui un malus… Notons qu’un point est offert au final, par dino présent au niveau de la rivière.
En duel, on passe à 4 manches, toutes débutées en piochant 6 animaux, d’un côté comme de l’autre. Mais seulement la moitié de chaque sera installée dans les enclos lors d’une manche. On y lance le dé alternativement, sauf que cette fois la contrainte ne vaudra pas pour la/le lanceuse/eur. Puis lors du choix de la titanesque créature à mettre dans son parc, on en détermine une autre. Cette dernière qui sortira du jeu. Suite à quoi l’on procède à l’échange des dinosaures avec son adversaire. Et l’on réitère jusqu’au terme du quatuor de manches, où l’on aura engrangé 12 animaux.
Autre spécificité primordiale : les enclos extrêmement différents. Voyons d’abord celui estival. Le premier, la plaine des Différences, comme son appellation l’indique, ne peut contenir aucun doublon. Tandis que les animaux doivent y être installés de la gauche vers la droite, sur les emplacements prévus. Et selon leur quantité en son sein, vous pourrez remporter plus de points. La forêt des Similaires, vous vous en doutez va à l’encontre du premier enclos évoqué. On les dispose pareillement et la notion de points prendre la même voie. En revanche, on doit y placer une espèce identique.
Par conséquent, la prairie des Amoureux c’est un peu la fête. Ici l’on accueille tout le monde sans aucun souci. Cependant pour glaner des points, l’on nous demande de réunir des couples de même espèce. Vous pourrez donc tout à fait avoir, par exemple, une doublette de tricératops et une de paralosaurus. Voire 2 couples d’un même genre. Le trio des bois est lui aussi assez ouvert, mais restreint, puisqu’il ne peut en contenir qu’une triplette. Peu importe s’ils sont de la même caste ou non. Pour remporter ses points, il est requis d’y trouver 3 dinos au terme de la partie de Draftosaurus. S’il n’y a que 2, vous n’obtiendrez rien ici.
Les 2 ultimes enclos sont eux allègrement moins ouverts, puisque chacun ne pourra accueillir qu’une entité. Tout d’abord le roi de la Jungle qui, pour rapporter des points, oblige à établir une stratégie de grande envergure. Votre parc devant être celui contenant le plus (l’égalité suffit) d’animaux de l’espèce se trouvant dans cet enclos. Tandis que l’île du Solitaire peut lui aussi voir arriver n’importe quel dinosaure. Mais pour bénéficier de ses points, il sera indispensable qu’il soit le seul de son genre dans votre établissement.
Le plateau hivernal, regorge d’enclos plus retors. Un bon moyen d’augmenter la difficulté, au cas où vous trouveriez que vous maîtrisez Draftosaurus. On ne va pas complètement vous les détailler, afin de conserver des surprises. Apprenez toutefois qu’au lieu de la paisible installation de gauche à droite connue sur 2 autres enclos, vous aurez désormais droit au bois Bien Ordonné. Qui requerra l’alternance entre 2 espèces. Dès que l’on aura enfin un second pion similaire au premier installé, on s’empressera de l’y positionner. Encore aura-t-il fallu avoir déjà mis un dino différent auparavant, qui indiquera le genre nécessaire pour la 4e place…
Dit ainsi cela semble simple. Sauf que vous savez que le jeu détient des tas de conditions qui réclament une plus ample réflexion. On peut ainsi hésiter à user de 2 espèces au maximum, alors que l’on aura peut-être besoin d’une ou 2 figurines pour répondre à une requête sur un autre enclos. Comme la Pyramide qui, pour la jouer à fond, demandera de varier les espèces. Les 3 animaux au pied, les 2 au centre et celui formant le pic de la structure, ne pouvant avoir un(e) compagnon(e) semblable adjacent(e). Tandis que l’enclos le Point de Vue, amène un regard supplémentaire sur la concurrence. Plus précisément votre voisin(e) de droite. Car à chaque dinosaure du même genre dans son parc, que celui se trouvant dans cet enclos chez vous, vous récolterez 2 points.
Aux illustrations, l’on retrouve Jiahui Eva Gao et Vipin Alex Jacob, avec des tons très doux. On relève même une pointe humoristique de par la boite. Avec ce tyrannosaure qui peut sembler en colère. Mais dont le décalage avec l’homme et sa perche à selfies, en train de se faire baver dessus, montre que Draftosaurus se veut léger dans l’ambiance. Mention spéciale à la face hivernale des plateaux. Ce n’est pas souvent que cette période se retrouve dans des jeux de société. L’originalité en est donc instantanément présente. On a tellement l’habitude de plateaux ensoleillés, verdoyants… Que cette neige et tous les détails, font grandement plaisir.
Le dé de Condition amène sa touche et l’on apprécie toujours bénéficier d’un dé propre à un jeu. Toutefois, ce qui attire le plus ce sont les pions ! En bois de qualité, mais surtout aux formes de dinosaures. Six types différents, c’est déjà beaucoup si l’on compare avec les autres jeux qui savent s’extirper des meeples de base. La découpe soignée est au rendez-vous. On reconnait chaque dino au premier coup d’œil, si bien que l’on s’amuse avec et ressent un univers plus concret par leur rendu.
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Conclusion
On ne sait jamais sur quel pied de dinosaure l’on va danser durant une partie de Draftosaurus ! Tout est sujet à stratégie. Tandis que les rebondissements provoqués par les échanges permettent de ne jamais se reposer sur ses lauriers et d’offrir un dynamisme de chaque instant. La compréhension étant néanmoins aisée, il s’agit également d’un jeu accessible aux personnes non adeptes de jeux tactiques alambiqués, ainsi qu’à la jeunesse. Draftosaurus étant rempli de voies pour fomenter ses plans, il s’avère tout aussi top pour un tel apprentissage, que dans son plaisir ludique.