Test du jeu de société Mission Calaveras

Au travers d’Henri Kermarrec, Mission Calaveras met en exergue la confiance entre une personne ayant besoin d’aide et des organisations prêtes à tout. Au détriment de la vérité ?

Mission Calaveras

Le scénario est loin d’être anecdotique dans Mission Calaveras. Ce dernier propose même une bande-dessinée pour relater les faits, qui se déroulent en novembre 1983 à Mexico. La scientifique Nicole Gomez Santos est en danger. Suite à une découverte, elle pourrait mettre le feu en s’épanchant publiquement. Mais elle doit pour cela s’exfiltrer du pays, par crainte d’être sinon réduite au silence.  Elle demande de l’aide à un ami journaliste. Ce dernier aux abonnés absents lors du rendez-vous, incite Nicole à se rendre à son hôtel. Macabre révélation en y trouvant son ami assassiné.

Chaque joueuse/eur incarne un(e) agent(e), qui n’a que pour but de glaner la confiance de Nicole pour se charger de sa protection. Une seule solution pour y arriver, être la moins suspecte des personnes. Et désigner d’autres comme coupables. Mais attention Nicole, car vous finirez peut-être avec la/le coupable.

Précisons tout d’abord que ce sont des duos qui s’affrontent au cours de Mission Calaveras. Mais cela n’empêche pas d’y participer si un chiffre impair désigne la tablée. Dans le cas où vous seriez 3 (minimum requis) ou 5, un(e) partenaire « fantôme » accompagnera la/le solitaire. Cette entité fictive sera aussi importante que tout le monde, puisqu’elle pourra tout autant être désignée coupable. Ou bien être la personne la plus digne de confiance. Si vous êtes assez, vous pourrez y jouer jusqu’à 6.

Mission Calaveras

Chaque joueuse/eur reçoit 3 cartes Lieu/Rebondissement et l’on s’organise de manière à ce que l’un(e) des membres d’une organisation joue. Puis l’un(e) d’une autre doublette et enfin l’un(e) de la 3e, si l’on évolue à 5 ou 6. Puis c’est au tour du second élément de l’équipe… Le plateau permet de distinguer 2 côtés colorés. Le vert, la zone Innocent, et le rouge, la zone Suspect. Sachez aussi que l’on joue une carte à chaque tour, toujours face visible, et en piochera une nouvelle à la fin de celui-ci. Pour toujours en détenir un trio.  Les cartes Lieux représentent fort justement des endroits, pour servir d’alibi.

De cette façon, l’on peut affirmer que telle personne ou soi-même, était là-bas. Il suffit de positionner devant elle ou devant nous une carte, par exemple Aéroport et de proclamer fièrement qu’elle ou que l’on y était. Oui, Mission Calaveras est encore meilleur lorsque l’on y ajoute de la comédie. On doit à tout prix gagner la confiance de Nicole. Il ne faut donc pas hésiter à se la jouer Actors Studio, voire L’école des passions. Vous êtes au courant qu’il existe également une partie Suspect et une Innocent. Il est tout autant possible d’y mettre une carte. Si quelqu’un ajoute le Laboratoire dans la classe Suspect, toutes/tous les protagonistes avec une telle carte devant elles/eux, seront potentiellement suspect(e)s.

Rien n’est rédhibitoire. Si vous ou votre partenaire avez été accusé(e)s d’avoir été vu(e)s à tel endroit suspect, vous pourrez très bien changer la donne. Pour l’annuler, il suffit de poser une carte identique à cet endroit. Si votre équipière/ier est menacé(e) car on dit l’avoir croisé(e) à l’Hôtel, ajoutez une carte de ce type. Soit au niveau du plateau, soit directement devant la personne. Afin de potentiellement continuer à accuser un(e) ou des concurrent(e)s. Les 2 cartes Hôtel associées rejoignent alors la défausse. On peut aussi agir sur nos opposant(e)s. En plaçant une carte devant l’un(e) d’entre elles/eux, plus généralement pour la/le rendre suspecte, que pour l’innocenter. Mais si une carte devant elle/lui l’innocente justement, inflige-en lui une identique. Les 2 sont alors défaussées et l’alibi envolé.

Il est également envisageable de directement s’attaquer aux parties Innocent et Suspect du plateau, contre vos « ennemi(e)s ». De manière similaire. Le Carnaval est dans la case Innocent et cela les arrange ? Placez une seconde carte de ce genre, les 2 cartes Carnaval vont ainsi à la défausse. Et ce lieu ne peut plus innocenter. Jusqu’à ce que quelqu’un y mette une carte qui le représente. Mais peut-être que dès le prochain coup, un(e) joueuse/eur placera le Carnaval dans Suspect. Les personnes encore récemment innocentées par ce biais, deviennent ainsi suspectes.

De nombreux retournements de situation donc. Cela tombe bien, puisqu’il existe également les cartes Rebondissement. Ces dernières permettent de déplacer une carte déjà jouée, vers une autre zone. Tout est possible. Que ce soit entre les parties du plateau, entre les concurrent(e)s ou même entre une partie du plateau et l’un(e) des joueuses/eurs. Y compris soi-même. Son action effectuée, la carte Rebondissement est défaussée. Potentiellement avec 2 autres cartes selon son impact dans le jeu.

Mission Calaveras

Dès qu’une carte sera jouée, l’on vérifie s’il est possible de désigner un(e) suspect(e). Plusieurs voies existent pour ce faire. La plus simple, si une seule personne ne possède aucun environnement qui l’innocente, elle deviendra suspecte. Idem si elle est la seule à avoir une carte identique à celle/l’une de celles présente(s) dans la partie Suspect. Tandis que si l’un(e) en détient davantage qui correspondent à la zone Suspect, par rapport à ses adversaires, elle sera déclarée suspecte. En revanche, si l’on a au moins un alibi, mais aussi des cartes nous rendant suspect(e), la présomption d’innocence prévaut dans Mission Calaveras. Subtilité, pour pouvoir désigner un(e) suspect(e), 2 cartes au minimum dans la partie du plateau de jeu sont indispensables. Peu importe si elles sont toutes dans Innocent ou Suspect, voire dispersées.

Quand l’on se retrouve sous la chape de plomb d’être suspect(e), l’on reçoit des jetons de suspicion. On compte les cartes présentes dans les 2 zones du plateau et l’on prend la quantité équivalente en jetons. Au bout de 7, Nicole est sûre que l’on est coupable ! Celle-ci qui se déplace, au travers de son pion, tout au long de l’aventure. Elle se positionne toujours chez la personne la moins suspecte, selon les jetons. Mais étant donné qu’il est envisageable de prendre une rafale de ceux-ci en une fois, tout est possible. Nicole, tranquille car l’on n’a que 3 jetons et toutes/tous les autres 6, peut tout à coup s’apercevoir qu’avec nos désormais 7 jetons, nous sommes forcément la monstruosité derrière l’assassinat. Elle se monte la tête cette Nicole…

Cela n’empêche pas pour autant l’autre membre de notre doublette d’être la personne la plus digne de confiance à ses yeux. Si c’est elle qui a le moins de jetons. Dans ce cas, l’organisation remporte la partie, bien qu’elle se compose également de la/du méchant(e) selon Nicole. Dans l’éventualité où plusieurs joueuses/eurs possèdent autant de jetons, Nicole aura plus confiance en celle/celui avec davantage de lieux devant elle/lui. Mais si l’égalité persiste, elle reste avec celle/celui chez qui elle était déjà. Attention Nicole, car si ex-æquo il y a au terme de la partie, mais que tu étais avec la personne que tu crains désormais, tout le monde aura perdu ! Surtout toi Nicole…

Cette perspective de l’emporter, même si l’un(e) des 2 devient suspect(e) N1 au final, permet de jouer contre sa/son partenaire, voire contre soi. Tout autant que d’innocenter à certains moments ses adversaires. En vue de faire porter le chapeau à sa/son partenaire ou sa propre personne. En s’assurant que la seconde moitié de l’équipe soit elle la plus digne de confiance.

Prenant place au Mexique, Mission Calaveras offre un super plateau. On retrouve la culture du pays, avec des visuels typiques de leur fête des morts. Le travail de Philippe Auger est également présent sur les diverses cartes, qui accentuent les situations. Mention supplémentaire pour celles de personnages, très charismatiques. Le matériel est évidemment de qualité et l’on souligne en plus l’apport d’un pion à l’effigie de Nicole. On apprécie toujours lorsqu’un personnage est véritablement représenté.

Mission Calaveras

Conclusion

Empli de fourberies et de rebondissements, Mission Calaveras insuffle énormément de réflexion. Mais il le fait en plus avec des règles limpides. Débutant(e)s et expert(e)s y prennent ainsi le même plaisir à accuser, contrer, voire faire porter les soupçons sur son équipe… Le tout qui se prête à un jeu d’actrices et d’acteurs. Vous n’êtes pas obligé(e)s d’y aller à fond sur ce dernier point, mais nous l’on préfère.