Pour beaucoup de pécéistes, Fallout symbolise la naissance d’une saga mythique du RPG occidental, proposant un univers post-apocalyptique à la Mad Max, ainsi qu’un large éventail de possibilités en terme de choix scénaristiques. Alors que Fallout 4 fut annoncé en juin 2015 (lors de l’E3) pour sortir dés le mois d’octobre de la même année, cette sortie imminente avait de quoi rendre inquiet. Je fus d’ailleurs le premier à parier sur un report en 2016, peut être aurait-ce été le choix le plus judicieux, car depuis Fallout 3 ou autres Oblivion et Skyrim, Bethesda semble s’être reposé sur des bases concrètes : Un open world aux nombreuses possibilités de gameplay, une bonne direction artistique, mais des bugs à foison. Alors ? On prend les mêmes et on recommence ?
Hipster un jour, Hipster toujours
Mon histoire avec Fallout correspond un peu à celle de tous les joueurs ayant découvert la saga sur consoles. Si Fallout 3 n’était jamais sorti sur PS3/Xbox360 à l’époque, je n’y aurais probablement jamais joué. Ainsi, avec les Elder Scrolls de sa génération, Fallout 3 a contribué à un regain d’intérêt de ma part envers les RPG occidentaux, de part son immersion, et ses possibilités de gameplay, surtout en matière de choix moraux et de liberté d’exploration.
Pourtant, chez de nombreux puristes et fans de la première heure, Fallout 3 est visiblement considéré comme le plus mauvais épisode de la saga, forcement quand on décide de devenir plus accessible afin de se démocratiser chez les joueurs, on ne se fait malheureusement pas d’hipster amis. En ce qui me concerne, je suis assez d’accord sur les qualités de Fallout New Vegas en matière d’écriture, avec bons nombres de situations qui s’enchaînent de façon logique. Pourtant je reste un brin circonspect en ce qui concerne la direction artistique qui était à mon sens moins audacieuse. Quant au gameplay, celui-ci restait identique.
Je poserai donc les bases de ce test tout en prenant en compte le fait que je suis de ceux qui ont apprécié l’expérience offerte par Fallout 3 plus que par les épisodes fondateurs de la franchise.
Prise de risque à 10%
Cette petite parenthèse étant faite, immisçons-nous sur les terres désolées du Commonwealth. Fait assez original dans la série, Fallout 4 démarre alors que l’explosion nucléaire qui va transformer le monde en un immense tas de débris n’a pas encore éclatée.
Vous, votre conjoint(e), (vous avez le choix d’incarner un homme ou une femme) ainsi que votre nouveau né allaient assister à la fin du monde aux premières loges. Vous aurez heureusement la chance de vous abriter dans l’abri 111, un abri antiatomique ou ont lieux certaines pratiques douteuses qui vont vous propulser malgré vous des années après que l’arme nucléaire ait ravagé la totalité de la planète. Vous réveillant seul, votre objectif premier sera de partir à la recherche de ce qu’il reste de votre famille.
Nonobstant un scenario qui parait toujours un peu en retrait, certains événement de la quête principale demeurent extrêmement jouissif, attendez de voir la première fois que vous rentrerez en possession d’une armure assistée par exemple, l’impression de puissance est telle que les développeurs finissent par nous réserver une « surprise de taille » histoire de calmer vos ardeurs. En parallèle de ce genre de moment épique comme Fallout 4 peut nous offrir, de nombreux passages à vide des plus ennuyeux se font ressentir pendant certaines quêtes annexes rébarbatives.
Même si tous les personnages ne sont pas intéressants, certains comme Nick Valentine le détective synthétique, réussissent néanmoins à tirer leur épingle du jeu.
Mais efficace à 90 %
Parmi les petites choses anecdotiques pour la plupart des joueurs mais qui font leur petit effet sur moi, on peut citer le fait que le héros soit pour une fois doté de parole. Cela donne au final plus de punch aux dialogues, même si les angles de cameras n’aident pas toujours.
Le fait de donner enfin une voix au protagoniste principal lui confère un peu plus de personnalité, en partie grâce à une VF assez réussie. Mais on ressent notamment bien plus les motivations de notre avatar à retrouver sa famille durant les nombreux dialogues qui parsèment le jeu.
D’ailleurs, là encore Bethesda a probablement voulu rendre les dialogues plus accessible et rapide, en assignant à chaque bouton de la manette quelques mots afin de nous faire comprendre dans quel sens va s’orienter la conversation. Seul petit bémol, pas toujours évident de savoir dans quel sens le dialogue va tourner lorsqu’un seul mot est affiché, ce qui rend les négociations plus difficiles.
Comme dans tout bon RPG qui se respectent. Sachez que la plupart de vos actions vous rapporteront des points d’expérience afin de franchir le niveau suivant, ainsi crafter, tuer, cuisiner, déverrouiller ou encore pirater vous rapporteront de l’XP.
En ce qui concerne le système de combat de Fallout 4, celui-ci est sans doute la plus grande force du titre. Ce système est presque identique à celui de Fallout 3 ou New Vegas. Pour rappel, il était donc possible d’affronter vos ennemis à la manière d’un FPS classique (ou même un TPS d’ailleurs, le jeu proposant notamment une vue a la 3ème personne), mais l’on pouvait à tout moment figer le temps grâce à un système appelé le mode SVAV, afin de viser précisément une section du corps de vos ennemis. De ce fait, chaque partie disposait d’une barre de vie individuelle ainsi que d’un système de pourcentage vous montrant les chances de faire mouche.
Pour vous donner un exemple concret, éclatez totalement l’une des jambes de votre adversaire, et vous l’immobiliserez presque totalement, celui-ci pourra parfois encore ramper et vous tirez dessus, sauf si vous avez au préalable pris soin de l’amputer d’un bras. Bref, un système tout en « finesse » où les meilleurs bouchers/charcutiers de la planète pourront s’adonner au sadisme dans la joie et l’allégresse, le tout accompagné de plan de camera parfois réussis et d’autres fois complètement bugués.
La nouveauté de cet épisode réside dans le fait que le temps n’est plus figé mais défile cette fois au ralenti, cela demande donc d’être beaucoup plus réactif si vous vous situez dans la ligne de mire de votre ennemi, car celui-ci n’hésitera pas à vous canardez pendant que vous vous poserez des questions existentielles sur la meilleure partie de son corps à exploser.
Évidemment la furtivité est toujours présente, celle-ci n’a pas bénéficié de plus de soin que dans les épisodes précédents et reste donc perfectible, cela peut souvent se montrer frustrant surtout si l’un de vos alliés se fait repérer pour vous. Mais réussissez vos attaques en restant caché et vous aurez la chance de doubler vos dégâts, voir plus encore.
Comme le veut la tradition dans la série, un système de compétences enrichira encore le gameplay par de nouvelles capacités à débloquer, ainsi vous pourrez toujours devenir le roi des pickpockets, respirer sous l’eau, être insensible aux radiations ou même devenir un cannibale.
Le craft tient toujours une place prépondérante dans Fallout. Cette fois le tout semble plus accessible sans pour autant négliger les nombreuses possibilités de fabrications.
Il est possible de cuisiner, réparer ou améliorer ses armures mais aussi et surtout son armement. Le fameux bric-à-brac composé de fourchettes, de tasses, jerrycans d’essence et autres jouets pour enfants, était toujours sous exploité jusque là dans la série des Fallout, mais cette fois celui-ci s’est enfin trouvé une utilité à travers l’amélioration d’armes et armures.
L’amélioration des armes est extrêmement réussie, très vite on parvient à se servir du bric-à-brac récupéré un peu partout afin d’être recycler avec la compétence adéquate, puis parvenir à améliorer tout son équipement. Absolument toutes les armes peuvent être modifiées, que ça soit de la culasse jusqu’au canon, en passant par la tailles du chargeur, le viseur, etc.
La force de Bethesda n’ayant jamais été son moteur de jeu, sachez que chaque visage que vous croiserez au cours de vos pérégrinations dans Fallout 4, ressemblera trait pour trait à mon postérieur. Dans le doute, sachez qu’il s’agit bel et bien d’un défaut. Techniquement on est donc très loin de ce que peut offrir de mieux la PS4, sans compter les endroits charger en détails ou les échauffourées comportant de nombreux ennemis à l’écran qui diminuent drastiquement le framerate.
Bien heureusement, la direction artistique reste soignée, la force de Fallout 4 comme celle de la plupart de ces prédécesseurs, reste de vous parler à travers ses nombreux décors en ruines, que cela soit par le biais de quêtes annexes ou non.
Après une visite dans un laboratoire désolé, où les notes ainsi que les restes de scientifiques sont les seules preuves d’une expérience ayant mal tournée, ou encore sur les traces d’un régiment de la confrérie d’acier n’ayant laissé que leurs armures délabrées ainsi qu’un signal de détresse émettant depuis des années, ou même dans une vieille bâtisse, où toute les preuves mènent au suicide d’un couple avant que l’hiver nucléaire ne s’abatte sur eux. Vous découvrirez que chaque lieu en perdition de Fallout 4 a quelque chose à vous raconter, puisque c’est souvent par le biais de petites histoires parfois anecdotiques et souvent mis en valeur par une narration « visuelle » et indirecte que les nombreux décors du titre invitent à l’exploration.
Conclusion
Les immenses plaine radioactives, les bâtiments désaffectés, les vieux ossements laissés sur le plancher d’une vieille bicoque délabrée, tout dans Fallout 4 a une histoire, et ce genre de décors accompagné d’une musique la plupart du temps morose, contribue à donner une ambiance toute particulière au titre de Bethesda.
Bien entendu cette ambiance n’est pas différente de Fallout 3, et les puristes et fans des épisodes fondateurs ainsi que de New Vegas y trouveront encore à redirent sur l’écriture ou les réactions des protagonistes parfois maladroites pendant les dialogues ou encore certaines phases d’action, mais qu’importe. Ce Fallout 4 fait le job, sans prendre trop de risques et offre un RPG dans un monde ouvert post-apocalyptique d’une richesse sans pareille en terme d’exploration, d’équipements, et de craft ainsi qu’un système de combat encore amélioré, alors pourquoi bouder son plaisir ?
Enfilez de ce pas votre armure assistée et allez chasser le radcerf au Minigun, car ce sont souvent les plaisir simple qui font les titres de qualité. D’ailleurs, sachez que si vous n’avez jamais fait un Fallout, cet épisode est sans conteste parfait pour les néophytes de la célèbre licence post-apoca, une raison de plus pour les Hipsters de cracher dessus.
Les plus :
- L’ambiance post-apocalyptique et la D.A réussie
- L’immersion
- Un doublage français plutôt bon
- L’amélioration de l’armement
Les moins :
- Temps de chargement étrangement inégaux
- I.A des ennemis et des alliés souvent à la ramasse
- Loin d’être à la hauteur techniquement
- Quelques bugs parfois gênant (Personnage allié qui disparaît, pathfinding foireux, etc…)
Note : 4/5