Le classique Rituel de chair de Graham Masterton, ressort en format poche. Pour notre plus grand plaisir, afin de le lire n’importe où, tout en mangeant sur le pouce. Enfin s’il vous en reste un de pouce.
L’entrée de Rituel de chair nous renvoie à des codes cinématographiques. Les images du boui-boui américain, où l’on n’est pas trop sûr(e) du contenu de son assiette, se projettent dans notre tête. On retrouve dans ce premier lieu Charlie McLean, critique gastronomique et son fils Martin. Il est d’ailleurs amusant de constater que le père travaille pour la revue MARIA. Il ne manquerait plus qu’un Ricky pour avoir la belle vie. L’atmosphère est particulière et l’on se demande si un drame ne va pas survenir, un événement surnaturel, une découverte dans son plat… Mais non, l’auteur ménage le suspens et cherche surtout à rendre nébuleuse l’ambiance d’emblée.
Cette première séquence passée, l’on découvre finalement la vie sociale du duo. Charlie va ainsi chercher son fils à la sortie des cours. Et l’on découvre qu’en réalité, ceux-ci se voient très peu. L’homme est constamment sur les routes à la recherche de nouveaux lieux à noter. Martin restant avec sa mère, séparée du père. Des informations non anodines, puisque Rituel de chair sera également teintée de relations familiales. Entre la dureté émotionnelle, jusqu’où l’on peut aller pour sauver son enfant ou encore la potentielle méconnaissance de celle/celui-ci. Voire la culpabilité à ce niveau. Puisque s’il lui arrive quelque chose et qu’elle/il déclare qu’il s’agit de sa volonté, comment ne pas ressentir un profond échec ? Entre avoir laissé la chair de sa chair de côté. Tout en la connaissant si mal.
D’ailleurs Charlie nous prouve constamment cela. Lui qui se trouve obnubilé par Le Reposoir. Un établissement dont il a entendu parler lors du repas évoqué précédemment. On lui déconseille pourtant, mais il n’en fait qu’à sa tête. Son obstination amène une grande dose d’humour au roman. Comme lors de son investigation avec les autochtones. Dont un savoureux échange, avec pour fil rouge la place de stationnement officieuse du patron de la banque. On sent bien que Le Reposoir cache quelque chose et l’on se doute même d’une partie. Si vous lisez le résumé du livre, vous saurez laquelle. On peut donc vous révéler qu’effectivement, on y déguste de la succulente chair humaine.
Et comme une sombre histoire d’enfants disparus dure dans le coin, on a plutôt envie de filer. Notre critique n’est pas du même avis. Surtout que lui n’en sait rien de ce Rituel de chair, il n’a pas lu le résumé. Sûrement trop occupé avec l’aguicheuse Velma. Tandis que, là aussi le résumé le confie donc on ne vous grille rien, son fils disparaît. C’est dans ce genre de cas que l’on se demande « Où est Charlie ? ». Justement, il était avec la femme en question. Pour une scène mordante ! Suite à quoi l’on plonge dans une facette nous faisant nous demander si tout ce que l’on vient de lire est factuel. Ou s’il s’agit d’une opération d’immense envergure. Ce qui rend l’histoire encore plus tourmentée.
Et il s’avère que Mr Musette, un nom fleurant bon ses origines françaises, auquel Le Reposoir appartient, est un délicieux personnage. On imagine sans mal son phrasé narquois et son air hautain. Mais nous, à l’instar de Charlie, sommes loin d’atteindre le sommet du problème. L’enquête, entre révélations, infiltration et rencontres musclées, nous démontrera à quel point ce monde peut-être dingue. Non pas car des gens mangent des humain(e)s, il y en a bien qui le font avec des animaux et cela semble ne poser aucun problème. Mais plutôt par ses lois d’un côté et la folie des croyances de l’autre.
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Conclusion
Loin d’être une simple histoire d’enlèvements et de régime alimentaire, Rituel de chair délivre un roman à divers étages, que l’on dévore sans faim.