Innovant dans son approche, Intime Conviction (Éditions FiKA/Blackrock Games), appelle les participant(e)s à répondre à leur devoir civique. Effectivement, puisque l’on y incarnera un jury populaire, devant 2 scenarii déjà disponibles : L’affaire des Poissons de Chine et L’affaire du Passeur.
Si le principe s’avère original pour un jeu, il nous plonge ainsi dans la réalité. Car demain, une telle requête peut survenir à (à peu près) quiconque de majeur(e) en vrai. Ici environ 15 ans suffiront. Avec tout le poids qui incombe et quasi aucun moyen de s’en délester. Sauf si vous arrivez par exemple à prouver à chaque fois, que l’accusé(e) est votre plus proche parent(e)…
Toutefois dans Intime Conviction, pas d’esbroufe. Il incite cependant à la réflexion quant aux conséquences et à la discussion. Cette profondeur identitaire, au sein et à la fois au-delà d’une partie, s’avère particulièrement forte et intéressante. Des aspects de l’expérience qui changeront selon les personnes, bien que les 2 histoires soient les mêmes pour tout le monde. Ce qui est d’autant plus puissant dans l’atmosphère engendrée et ce que l’on en retire suite au jeu. D’ailleurs FiKA intensifie cette spécificité, par sa fiche révélation finale, à regarder après que le choix des juré(e)s ait été entériné.
Justement pour atteindre ce dernier, encore faut-il s’y lancer. De 2 à 12 joueuses/eurs, soit un jury complet. Mais à moins, l’on se partage les tâches, puisque l’on dispose de 12 cartes jurés. Tout d’abord, l’on peut très bien évoluer d’une traite ou décider, à l’instar d’un véritable procès, d’étendre la session sur plusieurs jours. Avec un ou quelques éléments dévoilé(s) quotidiennement et non d’affilé.
Concernant une partie en elle-même, l’on ne pourra vous en confier que très peu sur Intime Conviction, hormis son déroulement. Les détails scénaristiques, actions à accomplir… doivent rester dans le mystère, sans quoi l’on vous gâcherait le plaisir de la découverte. Mais aussi certaines mécaniques en elles-mêmes, que vous découvrirez progressivement. Vous le savez, l’on possède des cartes Juré, précisément numérotées du 1 au 12. On les découvrira tour à tour et exécutera ce que l’une demande, avant de passer à la prochaine.
L’on aura l’occasion de révéler des fiches d’enquête, qui serviront à se faire son avis, lors du vote de conclusion. En somme, coupable ou non.
Il faudra y obtenir la majorité, si l’on désire en venir à bout. En cas d’égalité, l’on continuera à débattre, et revotera, potentiellement encore et encore, jusqu’à ce que la balance penche finalement d’un côté. Ne lâchez rien si vous croyez au bien fondé de votre jugement, même s’il est 23H44, que ça filoche et que vous voulez rentrer. La vie de quelqu’un(e) est en jeu.
Évoquons tout de même chaque scénario. Dans un premier temps, L’affaire des Poissons de Chine. Sale affaire à Pékin… Enfin pas vraiment, elle se situe à Bruxelles ! Où une jeune femme est accusée d’homicide volontaire sur sa compagne. Innocente ou pas du tout ? Maladresse avec l’aquarium accueillant des poissons de Chine, tombé par inadvertance sur sa copine ? Il faudra démêler ce sac de nœuds, entre dépositions, preuves et témoins. L’affaire du Passeur fleure elle bon l’embrouille. Ou plutôt mauvais, puisqu’un fleuriste a quand même été assassiné et que la scène de crime laisse pantois(e). Un malandrin plaide coupable, néanmoins il ne paraît pouvoir avoir effectué cette horreur. Contrairement à son cousin. Que cela cache-t-il ?
Au sujet du matériel d’Intime Conviction, chaque histoire vient dans sa pochette, contenant tout le nécessaire. Dont un plateau avec diverses indications : image de la scène du meurtre, coupures presse… Les fiches d’enquête et chaque révélation finale, sont elles bien sûr scellées, grâce à des autocollant légers, n’abîmant rien. On voudrait d’ailleurs que toutes et tous les créatrices/eurs, éditrices/eurs et autres, emploient cette qualité d’adhésif.
Conclusion
Rafraîchissant dans son système et prolongeant la réflexion humaine après sa partie, Intime Conviction sait nous secouer. L’on a désormais hâte que le 3e scénario vienne rejoindre L’affaire des Poissons de Chine et L’affaire du Passeur.