Critique du livre Les Mémoires du Jeu Vidéo Japonais

Adaptation française chez Third Éditions de The Untold History of Japanese Game Developers de John Szczepaniak, ou plus exactement de son condensé par Alex Wiltshire, Japansoft: An Oral History (paru chez Read-Only Memory), Les Mémoires du jeu vidéo japonais nous entraîne dans les souvenirs des gens ayant façonné l’histoire vidéo-ludique du pays, jusqu’à une échelle mondiale.

Les Mémoires du jeu vidéo japonais

En recueillant les propos il y a quelques années d’autant de monde, John Szczepaniak et soi-même en tant que lectrice/eur devons évidemment tout prendre avec des pincettes. Chaque intervenant ayant ses propres souvenirs évidemment. Mais surtout, ils ont éventuellement évolué dans leur représentation d’aujourd’hui, par rapport au milieu du JV actuels et à la société contemporaine. Voire ils se sont étiolés et même tout simplement, les points de vue d’alors peuvent diverger. Et ainsi rendre des souvenirs très différents sur d’identiques éléments. En somme, comme pour toute participation à un ouvrage, d’autant plus s’il devient collectif.

Une assemblée qu’on lit avec grand plaisir, tant les histoires nous replongent dans les contextes d’époque. Que nous les ayons vécus de près, de loin, voire n’étions pas né(e)s. Les sensations s’avèrent distinctes pour le lectorat, mais passionnantes pour quiconque, tant on retrouve davantage que des anecdotes par-ci, par-là. On (re)vit une véritable aventure historique. Celle-ci au travers de parties se consacrant chacune à une société. On considère qu’il est préférable de le parcourir dans l’ordre chronologique, étudié afin de mieux palper ce cheminement. Néanmoins, rien n’est figé et vous pouvez picorer d’une structure à une autre, dans le sens que vous désirez. Les Mémoires du jeu vidéo japonais s’ouvrant à de multiples manières de l’appréhender.

Y compris, il le propose d’emblée, en se concentrant sur tel ou tel intervenant. En haut des pages, on retrouvera le nom des invités concernés sur celles-ci. Par conséquent, si vous désirez enchaîner les passages de quelqu’un précisément, vous en aurez l’opportunité facilitée. Des protagonistes d’époque, qu’on retrouve dans les firmes où ils ont travaillé, généralement longtemps. Créant d’autant plus une véritable empreinte chez chaque marque. Là où au fil du temps et cela n’a de cesse de s’accélérer désormais, de fréquents mouvements professionnels des unes aux autres ont lieu. Par ordre d’apparition, on se plongera dans les aventures aussi ludiques, qu’humaines, d’ASCII, Nihon Falcom, T&E Soft, Enix, Square, dB-Soft, Hudson Soft, Konami, Westone, SEGA, Capcom et Human Entertainment.

Les Mémoires du jeu vidéo japonais

Soit des noms forts, qui résonnent encore, à différentes échelles selon votre passion pour le jeu vidéo. Tout en voyant évidemment certains dans leur appellation d’antan, avant de nouvelles fusions et autres rachats. On nous conte ainsi une évolution certaine de cet univers, avec le déclic Space Invaders de Tomohiro Nishikado. Envahissant à tel point la planète, que le JV japonais arrive s’établir internationalement, au même titre que celui américain. Le livre nous offre cette remontée dans le temps, entre les doutes et l’envie d’accomplir cet objectif, semblant pourtant si loin de la réussite.

Et si la révolution informatique/numérique bat son plein sur ces 2 côtés du globe, l’un semble établi mondialement. Et l’autre ne demande qu’à le devenir. Ce que l’on remarquera progressivement, sans passer outre les ratés, au milieu des succès. On a ainsi droit à des détails sur la jeunesse formant un engouement autour de la programmation. Notamment via les modèles d’exposition. Ces détails qui ont tendance à nous faire vibrer, tant ils relatent une époque excitante dans la débrouille et un virage monumental. Avec toute la créativité que cette frange a su mettre en place, pour s’ancrer encore aujourd’hui dans nos esprits et nos sensations de joueuses/eurs. Toutefois l’inventivité se mêle parfois au piratage, tandis qu’à d’autres moments l’inspiration est claire, tout en sachant y insuffler une identité propre.

On navigue ainsi selon les avancées dans les idées, tant dans le hardware (machines), que le software (logiciels). Avec des associations essentielles entre les personnes, mais comme nous vous le confions précédemment, des cassures surviendront également. Sans oublier les évidentes confrontations en vue de la réussite. Des spécificités rendant d’autant plus attractive la lecture. Au même titre que les moult petits détails, à propos d’un développement. Nous laissant fréquemment songer que tout se joue à pas grand-chose. Ou encore on se demande comment untel ou untel a pu voir telle idée lui passer par l’esprit.

Et si vous avez l’occasion d’acquérir l’édition First Print, vous pourrez vous amuser avec vos couvertures. Celle de la version classique par Sourya, mettant en scène le pan gamer. Tandis que l’alternative par Guillaume Singelin, nous montre un studio dans une démence créatrice.

Conclusion

Aussi excitant dans l’historique que l’on voit se développer, grâce aux paroles d’acteurs d’alors, qu’empli de nostalgie, Les Mémoires du jeu vidéo japonais nous happe par ce sentiment d’aventure. Dont la créativité et les tentatives innovantes bousculeront le monde.