Test de Danganronpa Ultra Despair Girls (PS Vita)

Spoiler Alert : ce test contient des spoilers de Danganronpa Trigger Happy Havoc.

Dangaronpa Ultra Despair Girls

Troisième épisode de la série à sortir sur PS Vita, Danganronpa Another Episode se démarque des deux excellents précédents titres en proposant, en lieu et place d’un visual novel agrémenté de scènes d’exploration et de procès, un jeu de tir à la troisième personne. Si cette évolution peut surprendre, le résultat reste assez fidèle à la série aussi bien grâce aux partis-pris musicaux et esthétiques, que par le scénario qui demeure ici l’attraction principale.

Juge, Juré et Bourrin

Danganronpa est une série de jeux japonais débutée sur PSP en 2010 à l’ambiance horrifique matinée de suspense sauce Battle Royale, agrémentée d’une pincée de Douze Hommes en Colère. Dans le premier épisode, nous suivions les déboires de Naegi Makoto, lycéen banal qui se retrouve enfermé avec 14 autres lycéens dans la prestigieuse école de Hope’s Peak, qui forme l’élite de la société japonaise. Accueillis par une sorte de mascotte du nom de Monokuma, les infortunés lycéens doivent dorénavant s’entre-tuer, le dernier pouvant retrouver sa liberté. Entre temps on apprendra que la situation du monde extérieur n’est pas aussi saine qu’on l’imagine.

Dangaronpa Ultra Despair Girls

Le postulat de départ de Danganronpa est tellement banal qu’il peut repousser certains joueurs. Mais c’est sans compter la richesse du scénario et des personnages et la très bonne mise en scène, notamment lors des mini-jeux de procès où l’on a alors à mettre ses méninges à rudes épreuves pour résoudre les divers meurtres proposés par le jeu.

Dangaronpa Ultra Despair Girls

Ultra Despair Girls diffère quelque peu de ses aînés et se situe temporellement entre les 2 premiers épisodes. En effet, nous jouons dorénavant la sœur du protagoniste du premier épisode, accompagnée de Fukawa Toko, un personnage schizophrène et délirant lui aussi présent dans Danganronpa premier du nom. Ici, point de procès et de huis-clos, nos héroïnes ont pour objectif de s’enfuir d’une ville prise d’assaut par légion de Monokumas. L’aventure est donc toujours ponctuée par de longues scènes de dialogues mais les passages de visual novel sont remplacées par de superbes cinématiques type japanime alors que l’action à la 3ème personne est le nouveau vecteur de progression du titre.

Un shooter intelligent

Vous l’aurez compris, le jeu se situe dans un genre bien différent de celui du reste de la série Danganronpa. Nous avons dorénavant droit à un TPS d’honnête facture qui ne rivalisera pas avec les meilleurs (ai-je entendu certains d’entre vous s’exclamer « Binary Domain » devant vos écrans ? Vous avez tout à fait raison !) mais qui remplit bien son rôle et permettra aux moins patients et littéraires d’entre vous de vous détendre entre les longs passages de lecture obligatoire (uniquement proposés en anglais qui plus est). L’action pourrait être répétitive mais les développeurs proposent ici d’utiliser son arme avec de nombreuses munitions diverses, provoquant des effets tels que brûlure, électrocution, désorientation…Des projectiles plus originaux forceront l’adversaire à danser ou un faisceau permettra d’explorer l’environnement pour découvrir les messages cachés et résoudre les nombreux puzzles du jeu. En effet, Danganronpa Ultra Despair Girls ne déroge pas à la règle et inclut toujours de nombreuses phases de réflexion, ici présentes sous la forme de salles à vider d’ennemis le plus discrètement et efficacement possible, à l’aide de réactions en chaîne.

Dangaronpa Ultra Despair Girls

Les ennemis peuvent aussi être détruit par des attaques au corps à corps, en prenant le contrôle de Toko, maîtrisant l’art des ciseaux pour meurtrir son prochain à défaut de maîtriser son propre esprit. Toko détruit ses ennemis en un tour de main et ne prend pas de dégâts. Son utilisation, limitée dans le temps, permettra donc aux moins doués en jeux de tirs d’entre nous de pouvoir finir le soft tout en profitant du scénario, tant le personnage fait office de mode facile.

Dangaronpa Ultra Despair Girls

Un jeu qui a du Character

Si le gameplay est tout à fait acceptable, c’est bien dans la progression de l’histoire que l’intérêt de Danganronpa Ultra Despair Girls réside. Ici, on perd tout de même beaucoup du suspense et du mystère qui existaient dans les deux précédents épisodes, dû au changement de lieu et d’intrigue (exit les procès). Malgré tout, les pérégrinations de Naegi Komaru à travers Towa City restent accrocheuses. Les environnements traversés sont variés et les développeurs s’en sont donnés à cœur joie dans leur utilisation des couleurs et des formes pour représenter cette ville apocalyptique. L’histoire revêt parfois une dimension épique, notamment à travers les combats de boss, une première dans la série. La véritable réussite du titre réside pourtant ailleurs. La relation entre Komaru et Toko, son évolution au fil de l’aventure et leurs dialogues sont excellents. A l’instar des conversations entre Drake et Sully dans Uncharted, celles de Komaru et Toko sont riches, amusantes, parfois clichées mais assez émouvantes et surtout montrent une vraie évolution de la relation entre les deux personnages, une véritable surprise quand on se souvient du comportement solitaire et désagréable de Toko dans le premier épisode de Danganronpa. L’un des souvenirs que je garderai du jeu est le fait de tomber sur des romans ou manga et de suivre alors le dialogue entre nos 2 héroïnes, savant que Toko, romancière de génie, prend un malin plaisir à détruire chaque oeuvre dans d’acerbes diatribes. L’humour des premiers épisodes est alors bien présent.

Dangaronpa Ultra Despair Girls

Le changement de genre d’Ultra Despair Girls entraîne cependant l’émergence de défauts nouveaux pour la série Danganronpa. Si l’on regrette bien sûr l’absence des scènes de procès, meilleurs passages des titres précédents, c’est surtout le manque de personnages charismatiques rencontrés qui fait le plus de mal à la fois au rythme mais aussi à la variété des situations proposées. En effet, la galerie de personnages s’est vue réduite par le scénario, passant d’un huis-clos à une fuite en avant et les antagonistes ne parviennent jamais au niveau de leurs aînés. Certes, la barre avait été placée très haute et le titre n’a pas les mêmes ambitions à cet égard mais nous avons bien droit ici aux moins bons antagonistes de la série, bien que certaines scènes demeurent très réussies.

Conclusion

Ultra Despair Girls en se démarquant autant du reste de la série Danganronpa était clairement un pari des développeurs, plus ou moins réussi, mais qui a au moins eu le mérite d’insuffler de bonnes idées dans la série. En ces temps de suites de jeux à succès sortant invariablement tous les ans, la volonté de changer un peu la série le temps d’un épisode mineur est tout à fait louable. Et c’est bien ce à quoi nous avons droit ici. Après les excellents deux premiers épisodes, l’histoire est ici plus intimiste, ce qui est d’autant plus paradoxal que le cadre de l’action n’a jamais été aussi étendu.

L’évolution psychologique des protagonistes est réussie, les environnements sont stylisés et la musique est toujours aussi entraînante. Ultra Despair Girls est donc à recommander aux fans de la série Danganronpa mais les autres devraient se lancer dans le premier épisode, véritable chef d’oeuvre, d’autant plus qu’il est très référencé dans cet opus.

Les plus :

  • La dynamique entre les protagonistes
  • L’utilisation des diverses munitions est très inventive
  • Les environnements sont variés et colorés
  • Le « style » Danganronpa est toujours présent

Les moins :

  • Les antagonistes sont les moins réussis de la série
  • On ne retrouve pas le suspense habituel
  • Le jeu est un peu trop long pour son propre bien

Note : 3,5/5