Naître ou être plus tard touché par un handicap empêchant certes bien des activités, n’entrave en rien la possibilité d’accomplir certains rêves. Malgré des mentalités et comportements dans la société, mettant des bâtons dans les roues. Mais tantôt, pour paraphraser ce qui fut dit de lui, les étoiles peuvent s’aligner. Lui, c’est Frédéric Coulaud, illustrateur de bandes dessinées. Aujourd’hui disparu, emporté par la maladie de Charcot. Bamboo Édition propose avec Le Livre de Fred T1, une aventure humaine. Et à la fois une mise en lumière, pour ne pas dire hommage, à cet artiste. Grâce à Christophe Cazenove et Pilau (auteurs), ainsi que Domas et Yann Madé (dessinateurs) et Maëla Cosson (coloriste). Mais pas uniquement, comme nous l’évoquerons.
Parallèlement à son activité dans un ESAT Menuiserie, Fred planche continuellement sur ses dessins. Et notamment son héroïne dont il rêve, tout court parfois, de créer ses aventures en B.D. ! Au-delà même de ses soucis de santé, empêchant ici et là une certaine concentration entre autres, il a comme beaucoup d’entre nous l’envie de continuellement peaufiner son travail. Dur dans un monde de dates limites. Tout en craignant de montrer ses œuvres à autrui, par timidité, peur de n’être à la hauteur… Ce qui risque forcément de se trouver accentué, en croisant des pas malins le tançant sur ses « différences ». Celles qui font tout autant sa force, amalgamées à son talent et son abnégation.
Un cocktail devant lequel l’association L’Hippocampe présidée par Mireille Malot et son jury, pour son concours de bande dessinée, ne passent à côté. Et ce pendant plusieurs années. Voyant notre héros du quotidien, continuer à remporter l’Hippocampe d’Or à Angoulême. Parcours que l’on suit entre émotion, humour, acharnement et rêveries. Une situation ne pouvant perdurer, incitant ainsi ses membres à soutenir le jeune homme afin qu’il puisse vivre de son art. Rejoignant notamment l’ESAT Image-Arts graphique, récemment lancé. Bossant en commun avec des personnes déjà réputées dans le métier, résidentes de l’Atelier du Marquis. Se liant d’amitié avec ces autres artistes sur place, nouant des relations avec d’autres personnes du milieu au fil des festivals… Mais jamais avare de gentillesse, ni de dessins, envers qui que ce soit.
Cependant, tout n’est pas toujours facile, particulièrement pour les petites choses de tous les jours. Mais les étoiles et et personnages qu’il semble avoir plein la tête, le font voyager, tout autant qu’il ouvre d’autres perspectives à ses compagnon.ne.s de route. Justement entre les chapitres, des relations, des amis ayant grandement côtoyé Fred, proposeront chacun une tranche de vie, avec leur propre identité visuelle. Apportant parallèlement à la tendresse et la rigolade, une diversité artistique. Duf, Jean-Luc Loyer, Marco Giudice, Fawzi et Yann Madé, y révélant des anecdotes. Tandis qu’une galerie de Spectra, stylisée par bon nombre d’artistes, viendra presque conclure le livre. La vedette de l’esprit de Fred, à l’histoire qui n’a finalement pu décoller. Toutefois on vous laissera en découvrir les raisons. Avec ce fil rouge de la page 1 et non de la page blanche.
En plus de certaines personnalités déjà citées, à nouveau présentes, on la retrouve dessinée par beaucoup de monde. Anne Teuf, Frank Margerin, Dan Verlinden, Arnaud Locquet, Bruno Bessadi, Bob Bergé, Carlos Aon, EFIX, Croque-Forme, François Ruiz, Bastien Bazar, Cécile Chicault, Guess, Karamba, Manon Ita, Gérald Parel, Julien Bisaro, Julien Mariolle, Isabelle Dethan, Christophe Lazé, Juliette Steren, Mazan, Olivier Supiot, Nesmo, Vince, Toru Tesada, Sébastien Peters, TaDuc, Patricio Delpeche, Nico, Oshima Hiroyuki, Scie Tronc, Rich, Pepitom et Stanislas Gros.
Ainsi qu’un portrait de Fred par Clémence Leclerc, durant une page explicative sur l’ESAT Image-Arts graphiques. Suivant une présentation du concours de L’Hippocampe, au jury coprésidé par Olivier Jouvray et Frank Margerin. Ce dernier dont on retrouve l’emblématique Lucien ici et là. Au même titre que d’autres protagonistes phares du 9e Art. On s’amuse ainsi à les dénicher. Tout comme d’autres clins d’œil. Dont la B.D. de L’Hippocampe, Les Lauréats, que l’on distinguera via la couverture de Serge Carrère.
Conclusion
Émouvant, mais jamais mièvre, ce sont énormément de tendresse et d’amusement que l’on retrouve via Le Livre de Fred T1. Et en marge de ces émotions, ce chemin de vie malgré ses difficultés, devient un modèle pour soi-même lutter contre ses problèmes. Non sans omettre d’aider autrui.