Dans le besoin d’aider les plus jeunes sur des horreurs de notre monde, afin de les anticiper et, dans le pire cas, les dénoncer après-coup, les livres peuvent s’avérer le pont nécessaire. Y compris afin d’aider les adultes, n’osant y aller de but en blanc dans les explications. Ce qui toutefois ne retire en rien le devoir d’en discuter, au-delà d’un ouvrage tel que Le secret de Soro (Bayard), de Charline Le Maguet.
Habituellement, les enfants musaraignes Musa et Soro s’amusent énormément ensemble. Cependant aujourd’hui, Soro ne va pas bien. Mais ne veut rien confier à son amie. On sent l’envie de ne pas parler du tout. Et encore moins de ce qu’on lui a dit être « un secret ». Sa meilleure copine s’inquiétant pour lui, mais restant une enfant encore assez innocente, un tel drame ne lui viendrait à l’esprit. Elle confie juste à son père l’état de son copain. Lui l’incitant à en savoir plus.
Sans rien vous cacher, car ce n’est pas le suspense qui fait la qualité et qu’on guidera la jeunesse, ainsi que les adultes, vers cet album, il lui avouera la terrible révélation lorsqu’iels se reverront. Avec beaucoup de pudeur, par des mots simples dans des phrases courtes, il lui raconte les violences sexuelles dont il est victime. Permettant un discours direct, on ne peut plus compréhensible. Ce à quoi, quand alerté, le père de Musa ajoutera quelques précisions. Particulièrement sur le fait que le corps de chacun.e lui appartient. Et que personne d’autre ne doit le toucher, si on ne le souhaite. Une réalité si simple, si vraie, qu’on a tristesse à insister sur le fait qu’il faille la répéter encore et encore.
Les douces et épurées illustrations de Charline Le Maguet, renforcent en outre ce choix de la délicatesse. On ne se perd ailleurs, de même que pour les discours.
Conclusion
Nul besoin de beaucoup de mots pour symboliser l’atrocité des abus sexuels, pédophiles ou non ! Le secret de Soro aborde très bien le propos de cette façon. Offrant une accessibilité nette, autant pour que les victimes comprennent et agissent, dans le meilleur des cas refusent, fuient, crient. Et que le bon entourage soit attentif. L’amitié ici, permettant à Musa de commencer à retrouver au moins un semblant de vie, malgré ce drame. Et à s’activer pour stopper les agissements du monstre, afin qu’il ne puisse plus violer personne.