Les Jeux Paralympiques approchent de leur bouquet final, à moins qu’ils ne soient terminés à l’instant où vous remarquerez cette critique. Quoi qu’il en soit, chaque moment est bon pour prolonger l’évènement et sa connaissance des « handicaps », du sport et par conséquent d’évoluer les mentalités. Exercice de taille mais primordial, tenu par la Fondation Ipsen. Ici en l’occurrence avec un manga, Jeux Paralympiques, contenant 3 histoires voyant pour chacun.e un.e autrice/eur – dessinatrice/eur, entre Reptilian, Kat-chan et Kara7, s’associer à un.e athlète paralympique : Sonia Heckel, Renaud Clerc et Ryadh Sallem.
Première étape, Transformation, de Kara7, soutenue par Ryadh Sallem, en tant que spécialiste du rugby-fauteuil. La discipline mise en avant dans ce premier pan de l’ouvrage. D’ailleurs on soulignera que celle-ci s’avère également réputée au Japon justement grâce à un manga d’Hiya Keisuke, portant le nom originel de ce sport : Murderball.
Si sa déclinaison sous l’appellation rugby-fauteuil fait moins peur, elle n’en reste pas moins physique. Avec de forts impacts, faisant que si des sportives et sportifs cherchent un sport de contact, non dénué de stratégie, c’est souvent vers lui qu’on se tourne. Voire se redirige, quand on n’avait de handicap(s) et pratiquait un sport de contact, de combat… Par ailleurs les Jeux Paralympiques proposent une compétition avec des équipes potentiellement mixtes. Ce qui s’avère génial. Même s’il faudrait songer à une 100% féminine, car elles sont peu de sélectionnées. Zéro en équipe de France par exemple.
Haro lui-même a changé de voie, en tant qu’ancien boxeur accidenté. Suite à un match, il croisera une journaliste désirant rédiger un article sur lui. Mais pas à propos du sport en lui-même, du match… Ce qui l’énerve au plus au haut point. Plus que compréhensible, à l’instar des journaleux dans la réalité. Toutefois celle-ci a en réalité pour objectif, en revenant sur son parcours, de donner de l’espoir à son frère ayant perdu l’usage de ses jambes et se terrant dans un mutisme total. Mais aussi pour toute personne en difficulté. L’aidera-t-il en ce sens ? Tout en voyant ses efforts pour la compétition récompensés, entremêlé dans les difficultés engendrés par la Covid-19 ?
La Montagne de la Boccia, par Reptilian, en collaboration avec Sonia Heckel, traitera de ce sport d’adresse et tactique, tellement rassembleur. Tant il accueille, via les diverses catégories, des handicaps très différents. Dont des immensément pesants, accompagnés par un.e guide. Ce que Samara subira de plein fouet. La jeune femme se révélant en découvrant la boccia. Alors que sa maladie dégénérative la plombait plus qu’autre chose et qu’aucune activité ne l’intéressait.
Elle trouve alors le plaisir et le courage de tout donner pour atteindre les Jeux Paralympiques. Malheureusement l’horreur la rattrape et la paralysie gagne du terrain. Cependant l’amitié et le dépassement de soi, auront peut-être l’occasion de prouver qu’elle peut au moins la vaincre sur celui de la boccia.
Après un homme renfermé, puis une fille l’étant au début mais connaissant tôt dans le manga une folle joie, La course d’une vie de Kat-chan, accompagnée par Renaud Clerc, nous fait rencontrer un garçon particulièrement enjoué et motivé. Néanmoins on a pu voir les caractères et sentiments fréquemment évoluer lors des 2 premières parties. Il en sera de même ici. Sans trop vous en révéler sur les rebondissements, on suivra Noé. Adolescent passionné depuis longtemps de course d’athlétisme. Lui et son ami Liam ayant pour but d’atteindre le plus haut niveau.
Le temps a passé et les 2 ne se fréquentent plus. La moquerie est même de mise avec la bande du second envers Noé et sa jambe handicapée. Ce qui ne l’empêche pourtant pas de susciter la jalousie de son ancien pote, remarquant les capacités de celui-ci sur la piste. Mais aussi sa passion toujours présente. Là où Liam a abandonné son rêve… Pour l’instant ? Soulignons également la dose humoristique instaurée par les copains de Liam, juste excellente.
Au-delà de ces tranches de vie, capables de montrer, dommage que l’on en ait besoin, à quiconque que la large partie de « non handicapé.e.s » ayant tendance à changer de trottoir de peur par exemple de devenir paraplégiques en apercevant quelqu’un en fauteuil. Ou être « contaminé.e.s » en croisant une personne souffrant d’une déficience mental. Des exemples quotidiennement vus, doivent cesser. Au contraire, le rapprochement doit s’effectuer. Tout comme il faut arrêter de prendre de haut leurs sports. Alors qu’en tant que tels, il est souvent bien plus complexe de les pratiquer, que pour des « valides » de s’amuser au basketball et non au basket fauteuil (tentez de marquer dans un panier à 3.05m, assis.e). De nager avec ses lunettes de plongée, plutôt qu’en tant que déficient.e visuel.le. Ou encore s’éclater au ping-pong en tenant sa raquette avec les mains, là où d’autres n’en ont pas…
Le respect peut donc en découler. D’autant que des détails offrent une ouverture et une compréhension. Comme les conditions des handicaps pour pratiquer et former une équipe de rugby-fauteuil. Les titanesques changements d’une catégorie de à une autre en boccia. Ou encore les classifications en athlétisme, pouvant tout changer là aussi.
Conclusion
Avec ses scénarios et univers captivants, Jeux Paralympiques ne se veut pas un ouvrage moralisateur et froid, pour secouer les mentalités. Au contraire, une telle dimension artistique transmet bien mieux les messages, tout en apportant le plaisir de ces 3 mangas. Pour vous les procurer, rendez-vous sur le BookLab de la Fondation Ipsen pour les télécharger gratuitement en pdf en français ici et en anglais là. Aucune raison donc de ne pas partager l’information et ainsi davantage encore faire avancer les choses. Tandis que la structure les distribue en physique également aux clubs de sport, aux écoles ou encore aux personnes en état de précarité. Une initiative à soutenir, à l’instar des sujets que la fondation aborde, pour que tout le monde enfin s’entende et se soutienne, plutôt que de s’opposer, négliger, railler…