Ah on on vous voit venir déjà avec vos blaguounettes : « Mais à qui est ce livre, ben il est à moi ! »… Mais avec les frissons que vous donnera Delilah S. Dawson, traduite par Patrice Lalande, durant À moi (Bayard), vous ferez peut-être moins les marioles en l’annonçant et en montrant la couverture d’Hugo Baurens.
Un déménagement n’est jamais évident. Généralement, on le ressent encore plus fortement dans sa jeunesse, à partir du moment où on appréciait l’endroit. Quittant autant notre environnement, que nos copines et copains. Partant du Colorado qu’elle adore tant, avec ses parents, Lily se retrouve dans la fameuse situation où l’on doit tout recommencer. Prendre ses marques dans sa nouvelle maison, rencontrer du monde, continuer à assouvir sa passion pour la comédie bien que sa mère et son père souhaiteraient qu’elle soit moins théâtrale…
Toutefois cette maison floridienne n’est pas des plus accueillantes. Pas du côté des lieux de villégiatures des retraité.e.s à Orlando, ni de Donald et sa clique. Elle se situe plutôt dans la Floride de Crocodile Dundee. Si les marécages piégeurs et la nature dans laquelle on peut se perdre sont au menu, un aspect bayou pourrait bien s’y ressentir également. L’ancien propriétaire apparemment atteint de syllogomanie, ne jetait rien, pas même les boîtes vides de pizzas. Soit un bazar monstre les accueillant.
Voilà sûrement ce qu’on doit appeler un meublé complet !
Entre tous ces détritus, l’adolescente trouve dans sa chambre des affaires appartenant à une petite fille, Britney. C »est pire qu’une inscription flippante, alors qu’elle investigue pour dénicher des objets cachés, qu’elle découvre sur le lit : À MOI ! Ses parents trop occupé.e.s et ayant du mal à la croire pour quoi que ce soit, en nous laissant planer le mystère de la raison, ne prêtent attention à ses dires. Voire l’accusent de certains évènements de destruction dans la maison.
La jeune fille enquêtera ainsi sur les secrets de cet endroit. Tout en faisant avec cet esprit apparemment fâché, lui intimant de partir. On y suit son parcours, en la voyant se lier avec une adolescente du coin, Rachel. En vue de stopper, peut-être ensemble, ce cycle infernal. En se demandant soi-même quel est le lourd passé autour de cette bicoque. L’ambiance est angoissante et on sent que le roman ne jouera pas d’un subterfuge, le rendant moins puissant au final. La facette surnaturelle s’intensifiera même. Seul biais pour notre héroïne d’entrer en contact avec les personnes concernées. Pour enfin comprendre ce qu’il se trame et éventuellement régler le problème avant qu’un (nouveau) drame ne survienne…
Conclusion
Suspense à la teinte fantastique, mais émotions profondément humaines, À moi ne délaye absolument pas ses sujets forts. Nouant notre cœur et nous tenant avec notamment 2 grandes questions que l’on se pose, les mêmes que Lily, dont les réponses n’amoindriront pas cette atmosphère.