Chronique roman graphique Rien ne sert de m’aimer

Nous l’annoncions lors de la critique d’Un palais au village – Quand papa est devenu riche, ce mois-ci La Boîte à Bulles nous plongera dans la jeunesse de ses héroïnes. Toutefois pas uniquement, à l’instar de Rien ne sert de m’aimer de Jean-Christophe Morandeau (scénario et dessin), s’articulant également dans le présent, pour un incertain avenir.

Rien ne sert de m'aimer

Une dualité entre les chapitres, nous montrant une Elsa pleine de caractère et n’ayant peur de rien, ni personne, lorsqu’elle était plus jeune. Toujours prête à aider qui que ce soit. Se donnant corps et âme pour ses ami.e.s, relevant n’importe quel défi imprudent… Aujourd’hui, même si de façade on ressent un certain caractère et un piquant humour, elle se laisse néanmoins écraser volontairement sur certains côtés. Particulièrement dans cette histoire de cœur, au parfum d’adultère. Avec un homme n’ayant vraiment rien à faire d’elle, hormis vous vous doutez de quoi. Tout en ayant aucun risque qu’il quitte honnêtement sa femme, afin de construire quelque chose avec notre héroïne.

Dans le travail, en tant que traductrice pourtant émérite, la galère est également présente. Mais ça, c’est la loi du milieu et il faut lutter. Ce qui lui semble plus compliqué qu’avant. D’ailleurs elle n’est pas la seule. On le constate avec sa famille mal en point, entre son frère encaissant mal la séparation d’avec sa compagne. Tandis que ses parents sont criblé.e.s de dettes. On ne vous révèlera pas tout à propos des problèmes l’entourant, sachez juste qu’ils sont nombreux et portés avec délicatesse. Tout en y ressentant la profondeur de l’horreur des situations, la tristesse…

En marge de cette réalité, des mystères la hantent. Des visions, créant des folies artistiques d’encrage noir avec des découpes nous prenant aux tripes, ressurgissent de son passé. Dont des pélicans, sans aucune idée de la provenance de ces réminiscences. Cependant dans ses malheurs et à se faire mal elle-même en perdurant dans ce pseudo couple où l’autre se moque d’elle, elle pourrait bien remarquer qu’elle n’est pas si seule.

Et peut même avoir droit au bonheur, plutôt que de se laisser happer par le contraire, par crainte de solitude. Entre son amie/amante et ce nouveau voisin, les discussions seront ouvertes et pourraient éventuellement la sauver. Encore faut-il qu’elle le veuille. Et pour notre part, quotidiennement on constate que dans la réalité, les personnes dans un tel cas ont tendance à ne pas chercher à s’en sortir. Quitte à rendre malade l’unique tenant à elles et tentant de les extirper du marasme.

Conclusion

Entre chocs visuels et émotions scénaristiques, Rien ne sert de m’aimer s’ancre davantage dans la réalité, que beaucoup ne pourraient le croire. En voyant que le monde d’Elsa est gorgé de malheurs et de soucis très personnels. On la comprend pourtant tellement…