Chronique roman Le Chant des glaces

Publié en 2021 aux Éditions Critic, Le Chant des glaces de Jean Krug sort d’une plus longue hibernation qu’un simple hiver, sûrement à cause du dérèglement climatique. Le froid lui a permis de rétrécir, en vue d’apparaître à présent chez Pocket. Version qui en plus de l’absorbante jaquette de Pascal Casaroll, nous laisse noter, par son autocollant, que l’ouvrage figure parmi la collection Les étoiles montantes de l’imaginaire.

Le Chant des glaces

Finalement pas si éloignée de notre réalité, la planète Delas semble être l’ultime espoir pour que la galaxie ne se trouve assoiffée. Monde de glace, les travailleuses/eurs sur place se bousculent malgré leur volonté, puisqu’iels y sont obligé.e.s. Ce dur mais essentiel labeur, étant dévolu aux prisonnières/iers. Ce qui tombe bien, puisque nous en suivrons une ribambelle. Des personnalités et parcours d’une grande variété, qui ne nous laissent pas simplement avec des criminel.le.s sans fond. La lutte pour leur liberté, va bien au-delà du principe basique auquel on peut songer.

L’exploration de divers milieux, leurs difficultés, particulièrement à cause d’un gouvernement qui n’agit évidemment en faveur du peuple, via les histoires de nos personnages, vaudra autant que l’exploration de ce lieu principal. Principal mais pas unique, par ces plongées dans plusieurs époques et domaines. Le travail sur leur vie d’avant, leurs choix et leur présent, accentue la dimension introspective. Les questions sur la liberté et les moyens d’agir face à un tel régime sont posées. Néanmoins avec de vrais propositions multiples. Et non une voie simpliste, manichéenne.

Ce space-opera creusera en outre les sujets environnementaux. Dont la surexploitation de ressources est évidemment l’un des plus importants rouages. Car en marge de l’approvisionnement en eau, se trouve un morceau de glace encore plus rare à ramener. : le cryel ! Ce dernier possède une nature incroyable. Des propriétés qui lui valent une folle recherche. On se projette alors immédiatement dans nos vies. Le substituant par de la vanille ou du lithium et tant d’autres denrées et matières suscitant le même genre de dinguerie IRL !

Un aspect approfondissant l’identité récit de SF, par l’emploi de taulard.e.s spécial.e.s : les chanteuses/eurs. Cette catégorie se compose des plus habiles et nous laisse penser à l’exploitation animale et humaine spécifique. Avec pour but de s’accaparer un élément rare, dur à atteindre. Et par conséquent dont tout le monde raffole. Chaque rapprochement avec cette caste, s’avère d’ailleurs particulièrement intéressant dans les échanges.

Conclusion

Proche de notre réalité, avec une planète glaciaire qui permet de survivre, à l’instar des rares sources d’eau terriennes dont l’épuisement n’est pas encore total, Le Chant des glaces ouvre aux questionnements internes et collectifs. La soif de liberté, l’écologie, les manières de lutter face à l’oppression…  Une histoire de science-fiction dans laquelle on se laisse glisser, servant parallèlement de vrais propos.