Chronique roman Le Prophète et le Vizir

Sorti il y a 10 ans chez Dystopia, Le Prophète et le Vizir revient sous version poche chez Pocket, dans sa gamme Les étoiles montantes de l’imaginaire. Malheureusement pour le couple Ada Rémy et Yves Rémy, ce dernier est devenu une étoile filante il y a peu, en avril 2022. La rareté de leurs écrits en tant d’années, trouve néanmoins par cette édition une nouvelle occasion de briller. Un univers qu’on pénètre en prenant l’entrée de la couverture de Léonard Dupond.

Le Prophète et le Vizir

La vie est déjà dure quand physiquement on répond aux fameuses normes de la société, elle le devient davantage encore quand on a une quelconque différence. Et c’est encore pire quand elle est directement visible, voyant les gens fuir, se moquer… Une réalité depuis la nuit des temps, ayant tout autant lieu au sein de la dystopie qu’on suivra.

Se déroulant au VIIIe siècle de l’Hégire, ajoutez-en donc pas mal pour correspondre au calendrier Grégorien, c’est pourtant bien plus loin que les personnages désirent voir ou verront venir les évènements. Une capacité due à toutes ces personnes rejetées, semblant bénies d’Allah, avec des pouvoirs plus ou moins puissants. Permettant à certaines de connaître des actions futures, plus ou moins lointaines. Quelque chose dont rêve l’émir, afin de tout anticiper. Rapidement, on verra sa folie rassembler un maximum de ses « infirmes », afin que de leurs habiletés associées, résulte une vision sur un plus long terme que juste le lendemain par exemple. Il ouvrira même les portes au public richement doté, pour qu’il vienne chercher des réponses, souvent incompréhensibles, contre des fortunes.

Dans ce grand fatras de voyances, il reste insatisfait, jusqu’à la trouvaille de Kemal bin Taïmour. Lui à l’expression beaucoup plus soutenue, néanmoins pas forcément limpide pour quiconque. Tant il apprécie manier la langue, aussi bien pendue que poétique. Cependant, il voit même bien trop loin pour son « propriétaire ». Se contrefichant de ce futur, ressemblant à notre présent, quitte même à se demander s’il s’agit de la vérité. Là où pour du tangible, il lui fait pleine confiance.

Le périple de ces êtres tant recherchés, se fait toutefois extrêmement dure. Et l’exaspération de l’émir sur ces voyances immensément lointaines, le pousse à le revendre. Non sans lui couper le 6e doigt de la main. Un détail non anodin dans la suite de son parcours. Alors qu’il se retrouve simple esclave rué de coups.

De là, on suivra son incroyable parcours, aux destins le projetant à bien des époques, au sein de nombreux lieux, contant des évènements pouvant nous parler. On ne souhaite trop vous en dévoiler à ce sujet, même si par notre don nous avons lu vu tout ce qu’il s’y déroulera. Quel sacré pouvoir ! Lui octroyant une facette de documentaire alternatif, à chaque plongée précise dans des endroits, siècles, technologies… inconnu.e.s de toutes et tous dans son monde contemporain. Avec même des changements de donne au niveau politique et religieux, ce qui peut s’avérer dangereux à révéler. Pire encore, se risquer aux confidences sur des évènements bientôt vérifiables. Son aventure obligera-t-elle le nouveau prophète à en arriver là ?

Conclusion

Par le biais de cette ambiance de science-fiction, Le Prophète et le Vizir nous entraîne dans les entrailles de l’humanité. Les horribles agissements, les réactions aux prédictions et bien d’autres éléments qu’on vous laisse découvrir, auront de quoi vous secouer. Ou finalement de vous montrer à quel point le quotidien de notre réalité inspire cet ouvrage.