Chronique roman Les limbes sanglants

Se déroulant au sein de l’univers du jeu de société Claustrophobia 1643 (Monolith), Les limbes sanglants (Bragelonne) de Nicolas Texier profitent certes d’un fort décorum établi. Néanmoins, la tâche ne s’en retrouve pas simplifiée, puisqu’un public déjà présent, attend l’ouvrage encore plus grandement au tournant.

Les limbes sanglants

L’ouvrage nous délivrera une aventure à tiroirs, développée au cours de plusieurs grandes parties. Tout d’abord celle où on suivra Tilla, connue également sous le sobriquet de Nez-Cassé. Désirant s’extirper de son horrible vie, elle rejoint un certain Malachie. Précisons immédiatement que ce monde est sale et que l’auteur n’hésite pas à nous le montrer. Cet homme qui lui ne l’attendait pas vraiment. Le moine-chevalier s’apprêtant à partir en expédition dans les cavernes de la Nouvelle-Jérusalem. Là où une femme n’est habituellement pas la bienvenue. Surtout une « pécheresse ». Déjà qu’un tel périple n’est pas non plus vu du meilleur œil. Ces endroits sont considérés comme les marches de la Géhenne, d’où les terrifiants monstres sortent sporadiquement.

Mais apparemment, les richesses servant à certaines personnes bien placées, sont justement récoltées lors de tels périples. La jeune femme n’a alors rien à perdre. Et finalement, il parait qu’il n’y a aucun danger sous-terre. Tout du moins pour cette fois. Qui plus est, la petite bande de condamné.e.s formée avec ses différentes qualités en cas de soucis, devrait pouvoir se serrer les coudes. Toutefois, on ne peut pas dire que l’ambiance soit au beau fixe.

L’une des grandes réussites du roman, s’avère ces houleuses relations durant la quête. Les échanges sont rudes, cradingues, quelques gestes peuvent parfois laisser songer à Tilla (moins craquée que ses camarades) un certain rapprochement amical. Puis un élément déroutant vient entraver avec plaisir cet instant. Ses membres s’aideront bel et bien mutuellement. Surtout quand il s’agira de faire face à une présence de plus en plus massive de créatures juste là pour les annihiler. Et vice-versa il faut bien avouer. Car celles-ci défendent finalement leurs ressources et le feront plutôt bien…

En effet, ce passage dans les souterrains ne sera pas très long. On ne va tout révéler à son sujet, on transitera donc directement vers ce qui suivra. En l’occurrence, le père jésuite Samuel Spaldini est dépêché pour faire la lumière sur cette affaire. La sœur de Malachie ne comprenant pas ce qui a pu arriver à son frère. S’en suivra une enquête, trouble dans le monde tortueux et torturé de la religion. Où les rencontres s’avèreront toujours aussi hautes en couleur. Mention au frère Otto, aussi important pour la progression, que pour insuffler de l’humour. Mais plus Spadini avancera, plus le danger guettera. Et les monstres ne seront peut-être pas ceux que la population peut croire. On passera alors à une autre partie. Où une aventure haletante et d’action, se mêlera à la poursuite de l’enquête, si ce n’est sa résolution.

Conclusion

Riche en rebondissements, Les limbes sanglants surprend également par ses dialogues. Crus, crades, durs mais non moins teintés d’émotions ou d’humour. Une originalité s’en dégage et rend la lecture d’autant plus intéressante, dans ce monde démoniaque si proche du nôtre.