Chronique roman Rouge

Il a suffisamment été proclamé que, derrière la manière parfois gentillette de narrer les contes, se dissimulaient des horreurs. Tantôt toujours bien présentes dans l’histoire, tantôt estampées par des adaptations. Ces cultes sont également l’apanage d’inspirations, comme tel est le cas pour Rouge (Gulf stream éditeur) de Pascaline Nolot. Déversant désormais ses lourds secrets, sous la couverture de Frédéric Tacer, en petite taille chez Pocket. Au sein de la collection, menée par Charlotte Volper, dont on vous parle souvent : Les étoiles montantes de l’imaginaire.

Rouge

Reculé, voire éloigné de toute échappatoire, Malombre n’est pas qu’un banal et ignoble bled. Entre l’enfant martyrisée « à cause » de son physique, la « folle », la sorcière… D’ailleurs ces trois protagonistes féminins y existent ou existaient bel et bien. Mais comme toujours en ce genre d’endroit, toutes ces haines et croyances, ne sont provoquées que par les femmes et les hommes.

N’hésitant jamais à se cacher derrière des forces dites supérieures ou occultes. Pratique pour s’en prendre à Rouge, une adolescente à la marque sur son visage, affichant son identité sans même prononcer son prénom. Raillée, lynchée, jamais touchée par autre chose que des projectiles, la jeune fille souffre évidemment.

Tout en s’interrogeant sur ses origines. Si son père semble établi, le tavernier la repoussant autant que le reste de la populace, on découvrira progressivement la légende autour de sa mère. La narration nous fait ainsi suivre l’aventure en temps réel de notre héroïne. Puis alternera avec des séquences du passé. Nous laissant notamment vivre la tentative d’exorcisme du prêtre ou encore l’accouchement de Liliane. La maman de Rouge, accusée d’avoir passé un pacte démoniaque. Si ce n’est copuler avec Le Malin, pour enfin assouvir son désir d’enfanter.

Cependant, suite à certains événements et les mystères derrière cette bourgade, s’est formé un arrangement avec une sorcière. Communément appelée la Grand-Mère et vivant dans le Bois Sombre empli de loups entourant les lieux, des filles venant d’avoir leurs premières menstruations, doivent être bannies et l’y rejoindre. Nul.le ne sait pourquoi, toutefois jamais une n’en est revenue.

Et c’est alors la fête au village, puisque Rouge a elle-même sa première saignée. Le.peuple s’en libérant enfin, tout en espérant qu’elle devienne la dernière, peut-être grâce à son supposé maléfice. En lequel ne croit pourtant Liénor, son unique camarade de jeu. Pas camarade d’école par contre, puisque les filles n’ont le droit à l’instruction, en vue de leur éviter des tentations futures si elles venaient à réfléchir.

Par conséquent, à l’instar du Petit Chaperon Rouge, elle s’enfoncera dans la forêt. Y effectuant de nouvelles rencontres et avec pour objectif de découvrir la vérité. Sûrement bien moins écarlate qu’elle ne l’imaginait.

Conclusion

Rouge casse les règles des contes passés à la machine. L’émotion et les terribles secrets se révélant en grattant son vernis, vous croqueront ! On vous conseille de l’ajouter à votre panier, à côté de la galette, pour l’offrir à une mère-grand et à bien d’autres personnes.