Hautement contemporain, De Mort Lente de Michaël Mention, paru chez Stéphane Marsan, s’inspire clairement de faits réels et l’annonce d’ailleurs. Un point essentiel, avant de se lancer dans la lecture.
Dans un premier temps en avril 2009, l’on retrouve Marie, Nabil et leur fils Léo, deux ans et demi. Une vie quotidienne, pour l’instant » banale « , à ce que l’on remarque en moins de 3 pages. De l’autre, des pontes de sociétés amassant toutes plus d’argent les unes que les autres, au sein de divers milieux. Sans se soucier de la composition de leurs produits.
Malheureusement pour elles, la Commission Européenne commence à se pencher sur les perturbateurs endocriniens. Si bien qu’un ensemble de ces entreprises se réunit, à commencer par Barcelone à l’été 2009. Les manigances sont déjà en place, afin d’esquiver toute entrave à leur bon fonctionnement. Comme toujours, en jouant sur les mots. En évoquant des risques potentiels par tel produit et non une cause.
Sachez néanmoins que par la suite, l’on ne suivra pas directement les affaires de ce patronat malsain. Car évidemment si l’on était au cœur de leurs magouilles, il n’y aurait plus de suspense.
En revanche, l’on continue de suivre notre trio des Landes. Vivant dans un endroit plutôt tranquille, leur maison étant simplement entourée d’une ferme abandonnée. Même l’usine du coin reste suffisamment loin, en apparence.
Un tournant a pourtant lieu, quand Marie de plus en plus fatiguée subit des examens. Le verdict est assez cinglant, avec une thyroïde attaquée.
D’autre part, l’on suit l’évolution de Richard Fournier, biochimiste. Contacté pour rejoindre la commission mise en place pour définir et pointer les perturbateurs susnommés, sur les conseils de son ami Richard Delaubry, endocrinologue.
Il n’est pas forcément évident de se lancer dans une telle affaire, tant l’on sait par avance que celles et ceux ayant le pouvoir et l’argent, feront tout pour vous enfoncer. Sans oublier d’être efficaces, en n’oubliant pas vos proches et votre éventuel lourd passé.
Convaincu, Philippe s’attelle à la tâche. Tant qu’il restera en son sein, l’on suivra les réunions de l’équipe. Toutefois, les pressions auront raison de son engagement. Cela n’est pas un retournement vous gâchant le bouquin, l’on vous rassure.
En parallèle, Léo a de plus en plus de problèmes comportementaux. L’apparentant selon le diagnostic, à des troubles proches d’un autisme. Et même si l’on peut très bien vivre avec, ses parents n’en sont pas moins dévastés.
Entre les 2 maladies de la famille, au travers de recherches, Nabil pense avoir trouvé le coupable : ChimTek. Par le biais de perturbateurs endocriniens, utilisés par la fameuse usine.
Le couple tente ainsi d’alerter les médias, dont le service Planète du journal Le Monde. Via une scène intense, où Nabil essaie tant bien que mal de transmettre son dossier.
Justement, ce combat pour titiller l’intérêt et réussir à trouver quiconque croyant à leurs propos, s’avère une rude bataille. Quasi sans espoir, tant les portes se ferment. Et l’on sait pertinemment que cela n’est pas forcément à cause de l’imagination d’une lubie, afin de justifier des drames de santé.
Les tierces personnes : avocat, journalistes, associations… sachant très bien qui se trouve en face. Un amas de dirigeant(e)s qui vous exterminera à coups de glyphosate. Car même dans la situation où vous auriez tout pour vous au tribunal, elles et ils vous atteindront dans votre quotidien pour vous faire lâcher.
Il en sera de même envers Franck. Le journaliste du Monde qui se retrouvera contre son gré avec l’affaire. Lui-même n’y croyant pas dans un premier temps, puis devenant le porte-étendard de cette lutte finale.
Bien que l’on aura de quoi se poser des questions à son sujet, même après avoir lu la dernière page. Si le pouvoir et l’argent sont à l’épicentre des choix d’à peu près tout le monde, tant pour imposer sa loi, que s’abaisser devant les puissants pour conserver son petit confort, on sait que les histoires de mœurs s’avèrent également souvent un déclencheur. Et Franck ne sera pas en reste sur ce point.
De mort lente délivre une dynamique narration, aux chapitres courts, voire très brefs. Pas de longue plongée dans un maximum d’informations, sur un seul des partis, avant d’en faire autant avec un autre.
On enchaîne les focus entre Marie, Nabil, Léo, Philippe et Franck. Entre l’évolution de la vie de chacun(e), les pressions, leur avancée ou non dans l’affaire. Avec la menace pesant en face de chacun(e). De fait, l’on absorbe tout de manière limpide. Et dévore, non sans émotions, la bataille faisant de plus en plus rage, en attendant le verdict.
D’autant que la crainte pèse constamment sur leurs épaules. Tout en voyant à quel point la famille loin des lumières parisiennes, chute plus profondément.
Tandis que dans les hautes sphères, les soupçons à propos de trahisons planent et renforcent l’identité suspicieuse du roman policier.
Conclusion
Réaliste, inquiétant et si actuel, De mort lente s’avère un thriller figurant plus que jamais dans notre monde. Réflexion personnelle que je me suis déjà faite à propos d’autres œuvres : » Que penserais-je si mes convictions de toujours, étaient totalement l’inverse de ce qui me fait lutter ? « . Assurément, sois je détesterais ce livre en pensant qu’il ne déblatère que des inepties. Soit cela me pousserait à réfléchir et à changer. On espère bien sûr que ce second cas sera le résultat du roman de Michaël Mention sur un maximum de personnes, pour bouger les choses.