Critique du roman Fureur Moustache

Il ne fait pas forcément bon(bon) vivre au royaume de Zanzivar. L’ambiance tyrannique contée par Gaël Bordet tout au long de Fureur Moustache (Milan), contrastant plus que jamais avec son décorum sucré, mis en images par Arnaud Poitevin.

Fureur Moustache

Les lieux ont beau sembler d’une douceur fruitée ou de gourmandise glucosée, l’atmosphère s’y avère plutôt acide. Azuela, l’impératrice, instaure un règne terrifiant sur le peuple et l’endroit. Et même envers son mari, Fureur Ier. L’empereur s’avère certes un tyran, mais il ne moufte pas devant son épouse. Cette dernière en profite et instaure carrément la destruction des maisons classiques, à remplacer par des bâtisses constituées de desserts en tout genre. Pain d’épices, nougatine et autres pâtes de fruits. Mais vous le savez, le premier problème avec ce genre de constructions, est qu’elles ont tendance à être dévorées. Animaux, enfants et adultes s’en retrouvent mal en point. Et cela devient encore pire quand les pirates s’en chargent !

Cette caste se retrouve emprisonnée, hormis quiconque fera amende honorable. Et non amande, même si elles et ils ne seraient sûrement pas contre un peu de frangipane. Maintenant que le chaos est là, la population réclame le retour à des habitations habituelles. Que nenni, on retourne aux pâtisseries ! Ce qui cette fois attire une menace théoriquement plus grande : les gloutons. Ressemblant à des ours et ne craignant plus les pirates, complètement disséminé(e)s dans d’autres activités. La tâche de les repousser en revient à la princesse Élize. Peut-être aussi détestable que ses parents, mais beaucoup plus maligne.

Et puis sa famille a d’autres histoires à régler. L’empereur ayant subi une fourbe attaque sur la moustache que sa femme lui oblige à arborer, sous prétexte que cela fait distingué. Sa désormais demi-moustache risque de casser le mythe, à ceci près qu’il instaure le port de celle-ci chez toutes et tous. Enfants, femmes et hommes ne peuvent y couper. Une aubaine pour le commerce, surtout pour les pirates reconverti(e)s en coiffeurs-barbiers-moustacheurs. Comme le père de Balthazar, qui malheureusement connu une déconvenue dans son nouveau métier, en rapport avec cette terrible impératrice. L’envoyant avec sa bande dans une geôle particulière.

Son fils aura toutefois dans sa tristesse la chance de rencontrer Zélie. Une jeune fille pleine d’énergie et si maligne, qu’elle compte bien employer sa fougue et son intelligence pour renverser le pouvoir. Cependant la révolte est mal vue et le supplice de la furache n’est jamais bien loin. Une pratique tant odieuse, que délirante dans son identité. On vous laisse la découvrir, mais glissons quand même qu’elle est emplie de caramel et de rebondissements. Justement des rebondissements, il en sera également question au cours de cette aventure continuellement amusante, mais parallèlement horrible par cette dictature.

L’auteur arrive toutefois à ne pas la rendre légère. Évitant ainsi au lectorat de prendre par-dessus la jambe de tels agissements. Tout en y voyant une histoire très touchante dans les divers sentiments, bons ou non, entre l’amitié, la famille et autres. Mais cette parodie reste tordante à bien des égards, notamment grâce à un style littéraire dynamique. Où s’enchaînent les bons mots, les vannes même juste pour les lectrices/eurs par la narration, des choix de termes tournant les phrases en rigolade… On se laisse alors autant emporter par ces spécificités, que le côté épique de l’objectif de notre duo. Tandis que d’autre part, les gens sont de plus en plus opprimés. On ne vous en dira pas davantage sur certaines séquences à venir pour ne rien gâcher. Mais vous y constaterez un périple rocambolesque, avec des questionnements réels chez les personnages. Nous faisant encore plus vibrer.

Conclusion

Gourmandise littéraire pour la jeunesse mais pas que, Fureur Moustache nous régale de son histoire parsemée de bonbons humoristiques. Tant par ses blagues, que ses références culinaires sucrées ou encore sa narration d’une intense drôlerie.