Parfois, d’être une excellente licence découle d’autre bonnes nouvelles. Comme la sortie rapide d’un nouveau tome. Ce qui s’avère le cas de celle de Fanny Gordon, avec l’arrivée de Mytho – Artémis sort ses griffes (Slalom), descendant tout juste de sa liane.
Malgré les péripéties du précédent volume en compagnie de son épouse Héra, Zeus semble toujours aussi volage. C’est d’ailleurs avec celui-ci, que débute l’ouvrage, alors qu’il se trouve sur Terre. Obnubilé par une maîtresse, d’école cela va de soi, le maître, de l’Olympe dans son cas, compte bien en faire la sienne de maîtresse, mais pas d’école si vous voyez ce que l’on veut dire…
L’envie de l’approcher faisant rapidement son chemin, il décide d’y aller en douceur, en changeant diamétralement son apparence. Pensant que les humain(e)s adorent les animaux, il opte pour ce choix, reste à savoir lequel. La classe entonnant alors une chanson à leur propos, il est en pleine réflexion quand l’assemblée en arrive au tigre.
En voilà une bonne idée ! Se transformer en tigre blanc dans une cour de récréation. Rien de plus classique sur notre planète.
Tout le monde est alors pris de panique, pourtant ce pacha ne risque apparemment pas de leur faire grand mal. Attendant patiemment le retour de celle qu’il pense s’appeler Maîtresse, il n’imaginait pas que les autorités seraient requises, pour lui dégainer une fléchette tranquillisante.
Cette dernière particulièrement efficace. Puisque même suite à son réveil, le désormais tigre manque de force, pour utiliser ses pouvoirs et s’enfuir. Réussissant quand même à transmettre un PROUT à l’Olympe, en ciblant la personne la plus discrète pour l’aider. Ni Héra, ni quiconque ne devant savoir ce qu’il s’est déroulé.
C’est ainsi qu’Artémis est choisie, elle très éloignée des autres dans son quotidien, hormis les animaux.
Ce hasard l’entraînera dans le monde des animaux » sauvages » sur Terre, hors de leur milieu naturel, comme il est commun sur la planète. Soit autant une découverte, qu’un déchirement pour elle.
Une connaissance rendue possible tout simplement car Zeus le tigre, a été accueilli au parc animalier de Jolival. Toute ressemblance avec un autre situé en région Centre Val-de-Loire, serait purement fortuite.
Mytho – Artémis sort ses griffes, devient une véritable plongée dans cet univers pour notre héroïne. Elle y rencontre des personnes sensibles aux animaux, à l’instar des bien-nommé(e)s Lou-Anne (la directrice) et son fils de 10 ans à l’imposante crinière blonde : Léo. Pas des gens voyant dans les animaux un fructueux marché. Ni paraissant prendre leurs soins par-dessus la jambe.
Néanmoins, cela reste un parc de base. Avec quelques reproductions naturelles et un tas de grillages. Un public pas forcément malin et ne voyant pas l’envers du décor… Mais l’entreprise travaille à la réinsertion des espèces, en milieu naturel. Une obligation dans notre vie bien réelle, on le rappelle. Sans quoi cela ne serait jamais effectué, comme auparavant.
Cependant, la jeune gorille concernée ici appréhende bien entendu de rejoindre ce monde qu’elle ne connaît pas. Kiki, qui s’appelle sûrement ainsi car elle est la Kiki de tous les Kikis, en parle justement avec Artémis. Les discussions que l’héroïne aura avec les divers animaux croisés, s’avèreront d’ailleurs l’un des points forts du roman. Entre le récit de la vie en ce lieu d’une part. Et d’autre part, les doutes chez certains s’il advenait qu’ils devaient partir vers d’autres horizons, comme Kiki. Eux qui n’ont rien connu d’autre que la nourriture directement donnée, en enclot à peu près sûr par rapport aux dangers… Surtout ceux de l’extérieur. Sans oublier que la pire des menaces reste l’homme, le braconnier étant le plus dangereux des prédateurs.
Un problème bien plus horrible que celui de la circulation à l’extérieur. Une séquence de rapport de conversation très amusante. Déformant la réalité et nous laissant imaginer ce qu’une girafe doit croire de la circulation réglementée, notamment chez les oiseaux. Les sentiments et songes d’Artémis vogueront ainsi de tous les côtés, au même titre que certainement beaucoup de lectrices et lecteurs. Où sont le bien et le mal ? Comme pour tout, il y a en vérité de nombreuses nuances. Précisons à nouveau qu’elle est tombée sur un personnel et un parc apparemment sympathiques et respectueux. Sans quoi les nuances n’existeraient bien sûr pas. On ne parle pas des tortionnaires et autres cupides. Là, il suffirait d’écrire un volume se passant dans un cirque.
Et le cirque, ça le devient un peu au sein de l’établissement. Imaginez, Artémis se baladant au milieu de tous les animaux, fauves compris. Le public ahuri, n’attend plus que cela. En faisant l’écho sur le site de vidéos que l’on connaît désormais bien : MyTube. Les séquences incroyables de la déesse, devenue la jeune Diane sur Terre, cartonnent sur le Net.
On nous gratifie d’ailleurs de commentaires des internautes, totalement dans le ton du genre. Les fautes d’orthographe, de conjugaison et de syntaxe en moins. Même si l’on a droit à un symbolique » C koi ? « . Mais surtout, au commentaire totalement décalé, dont l’on se demande ce qu’il fait là. On vous le conserve secret, mais sachez qu’il s’agit du dernier de cette liste.
On retrouve évidemment d’autres images ou plus exactement des illustrations de Caroline Romanet. Autant préciser que l’on y croise nos favorites de la collection Mytho, celles d’animaux ! Une biche, des singes, un ours polaire voyant malheureusement sa banquise fondre à cause du réchauffement climatique… De sublimes animaux, tantôt joyeux, tantôt tristes. Car comme toute la saga, ce 4e volet n’hésite pas à montrer la face généralement cachée. Et ne se laisse pas simplement aller à la gaieté et à l’humour. Il en va par conséquent de même pour ses visuels.
Dont la drôlerie se dégage elle particulièrement via Zeus en tigre. Les regards dont il fait preuve sur ses dessins, sont tout bonnement au poil ! Enfin façon de parler Zeus hein, on ne voudrait pas te casser les pieds poilus avec ça…
Conclusion
Très concerné par rapport à la faune et la flore, Mytho – Artémis sort ses griffes pose un thème fort sur la table, avec la situation des animaux. Tant les enfermés, que ceux dont la vie en milieu naturel est constamment menacée par les femmes et les hommes. Y compris celles et ceux à des milliers de kilomètres, par l’impact de leur mode de consommation. L’œuvre nous touche ainsi autant à certains moments, qu’elle fait rire à d’autres.