Test de Dragon Quest Heroes (PlayStation 4)

La dernière fois que l’on a vu Dragon Quest en Europe, c’était pour la sortie du très bon remake de DraQue 6 sur Nintendo DS, puis ce fût le silence radio pour la série de Yûji Horii. Finalement Square Enix se décide à donner un second souffle à la licence en hexagone en lorgnant vers quelque chose de beaucoup plus orienté action. Mais malgré tous les bons sentiments de Horii afin de convaincre que Dragon Quest Heroes n’a rien d’un clone de Dynasty Warriors, ce spin-off de DraQue a aussi « peu » de similitude avec la série phare de Koei Tecmo que Dragon Quest Builders avec Minecraft. Dragon Quest s’essaie donc au jeu d’action avec néanmoins une légère composante RPG de peur de trahir ses origines, alors? Pari gagné pour (re)faire découvrir la saga aux occidentaux ?

Dragon Quest Heroes

DoraQuoiiii ?

DraQue (à prononcer Dorakoué, pour Dragon Quest), est une véritable institution au Japon, fort d’être le tout premier J-RPG (1986 sur Famicom), la saga est au traditionalisme ce que Final Fantasy est à la modernité. Dragon Quest est si célèbre sur l’archipel Nippon, qu’après la sortie du troisième opus, feu Enix avait décidé d’un commun accord de sortir les prochains épisodes les jours fériés ou les week-end, la cause à un taux d’absentéisme en classe largement supérieur au seuil respecté. En effet, les étudiants séchaient tous les cours pour se procurer la troisième merveille d’Enix !

En France, on est loin d’un tel engouement, nous avons eu néanmoins la chance de découvrir la série tardivement avec un très bon épisode, le VIII ème opus sous-titré « l’odyssée du roi maudit ». Devant le succès de celui-ci Square Enix s’est décidé a sortir Dragon Quest IX mais également les remake du IV,V et VI sur DS.

Dragon Quest Heroes
Les Slime, éternelles mascottes de Dragon Quest sont évidemment de la partie pour se prendre une belle dérouillée.

Comme je le soulignais plus haut, Dragon Quest Heroes est un spin-off de la série, celui-ci se veut bien plus proche de la saga des Dynasty Warriors (Sengoku Musô). En d’autres termes, vous vous retrouvez sur des champs de batailles noyé dans un flot d’une centaine d’ennemis, ou il vous est possible d’en faire voler 10 d’entre eux en un seul revers de la lame.

En gros, vous martelez les boutons carrés et triangle pour sortir des combos pouvant dépasser les 300 hits, tout en regardant un sourire aux lèvres et les yeux écarquillés, des myriades d’ennemis s’envoler comme de simples fétus de paille. Les plus détracteurs diront qu’il s’agit là d’un bon exemple de gameplay de merde… les autres (les vrais) nuanceront cela en parlant de gameplay mono-neuronal, mais pas que !

Dragon Quest Heroes    Dragon Quest Heroes

Musô chocolat ?

Dés l’écran titre accompagné du célèbre thème de la saga, Dragon Quest Heroes s’évertue à nous faire comprendre que l’univers de DraQue n’est pas qu’un simple skin collé sur un Musô, celui-ci apporte presque tout le bagage inhérent à la série en terme de Game Design.

Par exemple, votre vaisseau baptisé l’Aéroc, constitue un véritable petit village ou il est possible de discuter avec de nombreux PNJ. A bord de ce qui constitue le seul havre de paix, il sera possible d’apprendre de nombreuses compétences pour chaque combattants (aux nombres de 12), de créer une multitude d’objets grâce à l’alchimie, de faire du troc en échange des célèbres mini-médailles, d’acheter moult armes et boucliers, et enfin d’accéder à la carte du monde.

Dragon Quest Heroes
A l’intérieur de l’Aéroc, vous retrouverez entre autre l’église pour sauvegarder ou le bar de Luida pour discuter avec les membres de votre équipe.

Sur le champ de bataille, l’arrivée de nombreux sorts et techniques toutes issues de l’univers de Dragon Quest apporte plus de fraicheur et de variété aux nombreuses joutes. Le bouton R1 sert de raccourci pour afficher plusieurs sorts et techniques attribués aux 4 boutons principaux de la manette. On regrettera tout de même que ces sorts de magies soient limitées à 4 spécifiques par personnage. Il aurait été intéressant d’avoir un arbre de compétences plus riche en termes de sorts, mais également de pouvoir attribuer librement aux raccourcis les sorts et techniques que l’on souhaite pour chacun de ses personnages. Autrement dit si vous voulez recourir à un sort de flamme, vous devrez obligatoirement vous accompagner de la charmante Bianca (l’une des fiancées célestes de Dragon Quest V) ou de Maya (Dragon Quest IV).

Dragon Quest Heroes
L’équipe au grand complet ! Évidemment la plupart des personnages sont issus de l’épisode IV jusqu’au VIII éme de la saga.

Vous aurez dés le début du jeu le choix entre 2 héros, sachant que quelque soit votre choix, l’autre vous accompagnera de toute façon. Dommage qu’ils aient quasiment les mêmes compétences et sortilèges car au final leurs gameplay se voient inchangés.
Ces 2 protagonistes, même s’ils manquent d’originalité, réussissent à inverser les stéréotypes habituels du J-RPG, ainsi Luceus se comporte de façon intelligente et réfléchie quitte à passer pour le relou de service, quant à l’héroïne Aurora, c’est elle qui endossera le rôle de la tète brulée du groupe, son caractère ardent n’a d’égal que son impétuosité au combat, qui a dit que le jeu vidéo était machiste ?

Dragon Quest Heroes   Dragon Quest Heroes

Depuis les débuts de la saga, les héros étant toujours muets, il est intéressant de noter que pour une fois, ces derniers s’expriment dans Dragon Quest Heroes. Et même si les dialogues sont loins d’être intéressants, cela les rend pourtant bien plus attachants et on les sent enfin pleinement impliqués dans l’aventure, les très bons doublages japonais aidant. Mais ce qui rend les rixes bien plus intéressantes que les Musô habituels, c’est l’aspect Tower Defense, largement plus exploité et développé, avec des monstres que l’on pourra capturer sous forme de pièces pour les invoquer à l’ endroit que l’on souhaite défendre.

Mixez tout cela aux nombreux mécanismes de portes à activer pour contrôler le flux d’ennemis aux divers endroits de la map et vous obtiendrez la un Tower Defense, certes minimaliste en terme de gameplay , mais un atout indéniable dans un jeu d’action ou la réflexion semble secondaire de prime abord. En outre, la saga Dragon Quest amène également sa difficulté parfaitement dosée à ce qui aurait pu sembler être un curieux mélange.

Dragon Quest Heroes
Lors du passage en mode tension, on croirait presque voir un Super Saiyajin.

Techniquement, Dragon Quest Heroes est certainement le plus beau Musô sorti à ce jour, le jeu est très propre, mais aussi extrêmement fluide même pendant les rixes ou des centaines d’ennemis de types et morphologies différentes apparaissent à l’écran. Et contrairement aux Musô habituels, le jeu possède une très grande variété d’adversaires. Akira Toriyama garde évidemment sa place de Character Designer « santrosfouler »… ainsi, le héros a les traits et la coupe de cheveux d’un Gohan adolescent, et même lorsque celui-ci entre en mode tension, on croirait voir un Super Saiyajin déchainer toute sa colère, les fans de Dragon Ball seront aux anges.

Une centaine de Chinois énervés + Un Dragon en quête d’aventure = Un Dragon Indécis

Malheureusement, Dragon Quest Heroes ne fait pas qu’enchainer les combos, il en subit quelques uns également. Malgré les combats très orientés action ainsi que la composante RPG qui l’accompagne, Tonton Horii a beau user de tout son sophisme et sa bonne foi pour nous dire à quel point Dragon Quest Heroes n’a rien d’un clone de Musô, celui-ci n’est pas un A-RPG pour autant.

Dragon Quest Heroes
Durant les furies en mode Tension, vous aurez le droit a une petite mise en scène bien classe.

Ce dernier a l’apparence d’un A-RPG où l’on aurait gardé que les arènes de combat, sans transition entre-elles et avec un retour au QG (l’Aéroc) à chaque fin de mission. Cela a d’ailleurs tendance à casser le rythme vu que les missions sont la plupart du temps bien moins longues que dans un Musô classique. Autrement dit, la richesse du titre peut également passer pour son plus gros défaut car cet enrobage RPG ne donnera toujours que l’illusion d’en être un.

Dragon Quest Heroes est définitivement un jeu d’action qui bénéficie de l’héritage des Musô sur lequel on aurait apposé de nombreuses mécaniques de RPG. Les puristes et fans de Dragon Quest doivent donc savoir où ils mettront les pieds, et ça sera souvent dans la gueule, surtout si vous jouez avec Alina (DQIV), spécialiste en combat rapproché et princesse de surcroit.

Dragon Quest Heroes   Dragon Quest Heroes

Tout comme dans les J-RPG habituels, vous aurez le droit à de nombreuses quêtes secondaires qui se donneront du mal pour vous expliquer simplement, que vous devrez éclater un certains nombres d’ennemis et récupérer du butin afin d’être validées. D’autres Sub-Quest feront leurs apparitions grâce à des cartes aux trésors disséminées sur les champs de batailles. Ces dernières vous permettront de trouver des « grottes » cachés sur la carte du monde. Pourtant là encore ça sent le sapin, puisqu’on sera déçu de voir que ces endroits ne cachent en fait que des zones dans lesquelles on a déjà combattu plusieurs fois, et non des lieux totalement inédits.

D’ailleurs Dragon Quest Heroes ne se démarque pas uniquement de la série phare de Koei Tecmo grâce à son aspect RPG, il offre des maps souvent minuscules, par conséquent les déplacements des personnages sont également plus lents. On pourra tout de même nuancer cela grâce à l’aspect Tower Defense lié au jeu, ainsi qu’à un level design un peu plus élaboré. Ainsi, même si les protagonistes sont lents, il sera possible de se téléporter aux 4 coins de la carte durant certaines missions.

L’aspect RPG et l’héritage de Dragon Quest ne révèlent d’ailleurs pas que des bonnes choses, puisque le level up sera parfois obligatoire, surtout vers la fin du jeu où certaines missions se révéleront très difficiles sans le niveau adéquat. On pourra également regretter pendant les combats que l’écran soit surchargé d’informations qui gâchent la lisibilité, heureusement on peut alléger un peu cela via le menu options.

Dragon Quest Heroes
Bien entendu, de nombreux personnages de l’univers Dragon Quest sont jouables.

Dommage que le scenario transpire autant la naïveté et le manichéisme. Certes, la force des Dragon Quest n’a jamais été l’histoire principale, mais celle-ci était au moins narrée de fort belle manière. Car même si le scenario de base restait toujours : « vaincre le roi du mal », il était parsemé de nombreuses petites histoires souvent touchantes ou tristes, ici, on gagne en punch dans la mise en scène ce qu’on perd en terme d’écriture.
Heureusement, on est loin de la durée de vie famélique de Hyrule Warriors, le scenario offre une durée de vie digne d’un Dragon Quest, l’aventure principale est longue d’une trentaine d’heure minimum.

Conclusion

A cause de toute l’affection que je porte à la série, il me tarde de la voir revenir sous son vrai jour et dans le genre qui l’a rendu célèbre : le J-RPG traditionnel. Le XIème épisode est en chantier, mais nous pourrons d’ici là profiter des portages de Dragon Quest VII et VIII en espérant que la machine sera cette fois définitivement lancée.

Par conséquent, les premières heures passées sur Dragon Quest Heroes m’ont fait le même effet que sur Hyrule Warriors, le sentiment d’amertume d’avoir changé l’une de mes séries cultes en vulgaire jeu d’action et cela même en sachant pertinemment à quoi m’attendre dés le départ. Puis progressivement la pilule passe, on se remet en question en tant que joueur vis-à-vis du genre RPG attribué depuis longtemps à une série de légende. Puis le plaisir vient, on s’enflamme tel un Luceus déchainé entrant en mode tension, nait alors un sentiment jouissif qui vous empoigne, et change votre cœur en un vulgaire Slime touché par le sort de Megafoudre. Dragon Quest Heroes où tout simplement la définition du mot « fun », dans son état le plus pur, aussi pur que le cœur des héros de cette immense saga.

Les Plus :

  • Plus joli qu’un Musô
  • Des héros qui s’expriment !
  • L’univers de Dragon Quest respecté à la lettre
  • Les thèmes mythiques de Koichi Sugiyama

Les Moins :

  • Concept répétitif par nature
  • Des maps parfois ridiculement petites comparées à la plupart des Musô
  • Impossibilité de jouer à 2
  • Traduction/Adaptation souvent à la ramasse, même pour les prénoms !
  • Histoire vraiment trop manichéenne même pour un DraQue

Note 3,5/5