Test de Persona 5 (PS4)

Atlus bénéficie d’une certaine notoriété auprès des RP-Gistes en Europe depuis la sortie de Persona 3 (Et accessoirement car celui-ci édite les jeux de Vanillaware). Ce succès est surtout dû a Katsura Hashino qui a poussé encore plus loin le concept génial du Dungeon RPG marié à la simulation de vie estudiantine. Nous suivions de très prés Persona 5 vu la qualité que semblait présenter le titre, et encore plus après avoir appris que ces foutus donjons programmés aléatoirement allaient définitivement disparaître, sans doute abandonnés avec tous ces jeux procéduraux en early access et à la durée de vie forcement factice dont sont férus nos amis PC-Istes (on vous aime quand même les gars). Trêves de galéjades, (et place au vrai level design) car les nouveaux héros de ce cinquième épisode de Persona ne sont pas venus pour plaisanter mais pour voler le cœur des plus corrompus, et autant être clair, il va y avoir du boulot bande de vils gredins.

Persona 5

La psychologie analytique selon Atlus

Certains jeux japonais considérés « de niches » en Europe font parfois partie du haut du panier. Ce fût le cas de Persona 3 et 4 à l’époque, qui même s’ils gardaient le contexte des premiers épisodes, à savoir, jouer un étudiant dans un Japon contemporain, accentuaient encore cette idée du milieu scolaire en proposant carrément de gérer l’emploi du temps typique d’un étudiant atypique. Puisque notre brave petit lycéen pouvait faire appel aux fameuses personas, âmes humaines corrompues, afin d’y affronter des démons issuent de tous types de folklores et mythologies.

Persona 5

C’est à travers ces fameuses personas, parfois effrayantes, stylées, voir même totalement absurdes, que la série baigne dans un nombre hallucinant de références, qu’elles soient égyptiennes, celtiques, grecques, japonaises, d’ordre biblique, ou même liées à des légendes urbaines. Au final on se rend compte qu’aucun J-RPG ne rend aussi bien hommage aux esprits et divinités que Persona, surtout avec une telle fidélité, car oui vous allez pouvoir défoncer des mecs avec Yamata no Orochi ou Susanoo et cela n’a pas de prix, si ce n’est un excellent level.

Pour aborder le scénario sans trop spoiler, vous contrôlerez comme d’habitude un lycéen partiellement muet (vous ne l’entendrez quasiment jamais s’exprimer à part pendant les combats) et surtout très malchanceux, qui à cause d’une terrible injustice gagnera un joli casier judiciaire et un billet d’expulsion de son bahut. A la suite de cet incident, notre héros sera amené à être transféré au lycée Shujin de Tôkyô, unique lycée à avoir accepté notre délinquant juvénile.

Persona 5
Même l’interface des combats a bénéficié du plus grand soin.

C’est dans le grenier dégueulasse du petit café Leblanc que vous logerez, dont le gérant aussi aimable qu’une poignée de porte et tout aussi épicé que sa spécialité, le curry, ne cessera de vous répéter que vous êtes en probation, et donc qu’il vaux mieux éviter les conneries.

Conseil que vous ne suivrez évidemment pas, puisque Tôkyô sera le lieu ou vous forgerez la légende des « Phantoms Thieves », des voleurs d’un nouveau genre, puisque ce groupe a le pouvoir de voyager au sein du palais mental des êtres les plus corrompues et vont utiliser ce même pouvoir afin de voler la partie du cœur la plus dépravée. Ce processus amène un changement direct dans la personnalité de l’hôte, qui ne peux s’empêcher de confesser tous ses crimes. Ainsi, ce pouvoir s’il est mal utilisé peut amener une altération drastique de la personnalité voir une certaine manipulation psychique de la cible.

Persona 5   Persona 5

Extrêmement pratique pour s’exonérer d’impôts, mais surtout lorsque l’on applique ce pouvoir pour rétablir la justice. Car vous vous rendrez compte assez vite que les « Phantom Thieves » ne sont pas les seuls à disposer d’un tel pouvoir, et que votre mystérieux adversaire l’utilise à ses dépens, non pas pour se décharger des impôts locaux, mais afin de créer de nombreux incidents au sein de Tôkyô.

Le bon, la brute et le voleur

Grossièrement, la série Persona, à partir du troisième épisode, est une sorte de croisement improbable entre un Dark Pokemon, un Visual Novel et un J-RPG. Oui cela fait un peu flipper dit comme ça, mais la recette est si bien équilibrée qu’elle fonctionne à merveille.

Le coté Pokemon transparaît grâce au pouvoir de capturer tous les monstres que vous rencontrerez afin de les utiliser pendant les combats. Sachant que vous ne pourrez obtenir une persona qui a un level supérieur au votre, et que la capture se fait uniquement par la discussion et la négociation lorsque l’ennemi est en position de faiblesse. L’un des point fort de la série d’ailleurs, est que cette dernière réussie à donner une véritable personnalité à chaque ennemi, ces derniers étant dotés de la parole, il n’hésiteront pas à s’exprimer à tout moment.

Persona 5
Lors des coups critique, un artwork du plus bel effet apparaît à l’écran.

Ainsi, la négociation ne peut évidemment aboutir que selon certaines circonstances se devant d’être respectées, comme le caractère du monstre ( timide, contrarié, etc..) vous obligeant à choisir une réplique plutôt qu’une autre, voir l’offrande d’un objet. Il arrivera également que votre ennemi se rende de lui même et vous demande de l’épargner et de le recruter.

A vous de voir ce que vous souhaitez faire puisqu’il est même possible de dilapider les adversaires que cela soit de leur précieux yens ou d’objets particuliers. Mais lorsqu’un vil scélérat a l’audace de vous demander de l’épargner alors qu’il vient d’éclater la moitié de votre équipe, j’avoue qu’il est toujours grisant de lui balancer en pleine face le sort le plus puissant que vous ayez en stock, tout en l’entendant couiner comme un goret.

Après avoir été capturés, les diverses personas vous donneront accès à leurs sorts ainsi qu’à leurs stats (notamment forces et faiblesses aux éléments), il sera même possible de les fusionner grâce à la guillotine d’Igor, qui, dans un effet des plus glauques mais des plus saisissants vous permettra d’obtenir une nouvelle persona qui héritera des pouvoirs des 2 d’origines.

Persona 5

L’aspect Visual Novel se retrouve surtout dans la gestion de la partie estudiantine. Selon le calendrier de la plupart des étudiants japonais, vous serez amené à participer aux cours, à sortir avec vos amis et vous adonnez aux dizaines d’occupations que propose le titre, que ça soit regarder des dvd, lire, aller au cinéma, au resto, etc. Sans oublier notamment les examens trimestriels obligatoire, surtout si vous voulez être populaire à l’école puisque les résultats seront affichés à l’entrée.

Persona non grata

Persona 5 propose ainsi une myriade de choses pour vous éviter de vous ennuyer, Mais surtout pour faire grimper certaines stats indispensables (Connaissance, Cran, habilité, gentillesse et charme) pour le développement de votre héros à travers l’aspect social du jeu.

Persona 5

Cet aspect est marqué par les nombreuses rencontres que vous ferez, dont certaines ne sont accessibles qu’avec un certain niveau de «cran» ou de «connaissances» par exemple. Toutes les phases sociales ne sont évidemment pas la pour faire jolie mais rebondissent directement dans les phases en donjons ou « palaces » car elles permettent d’augmenter l’expérience récupérée lors des fusions de Personas, mais surtout elles servent à débloquer des tonnes de compétences, techniques ou objets de soins extrêmement utiles.

Le marchand d’ air soft gun par exemple vous proposera de la customisation d’armes lorsque vous aurez atteint un certain niveau de «cran», quant à Takemi, la médecin Gothico, celle-ci vous proposera dans un premier temps de plus en plus de choix de médicament, puis de l’équipement indispensable, etc.

En sus, ces rencontres améliorent l’affinité (définit par un level ) entre les personnages, leur permettant de déclencher des techniques spéciales plus fréquemment. En parallèle du scénario, chaque personnage important qu’il soit jouable ou non vous proposera une histoire annexe afin d’enrichir leur personnalité. Ces quêtes secondaires s’imbriqueront parfaitement dans la légende urbaine que représente les « Phantom Thieves ».

Persona 5
Voila à quoi ressemble le menu. Si vous trouvez que ça en jette, imaginez le tout animé.

Comme à l’accoutumé, l’augmentation maximale de ces affinités peut également s’ouvrir sur des relations amoureuses avec les divers et nombreux protagonistes de Persona 5, que ces derniers soient jouables ou pas. Et au cas ou vous vous poseriez la question, oui, vous pourrez pécho plusieurs persos à la fois sous le signe de la dépravation juvénile, mais cela sera à vos risques et périls le jour de la St valentin ou du réveillon de Noël.

Au final, tout cette progression de votre vie estudiantine fait écho en terme de gameplay à ce que l’on a l’habitude de voir dans les jeux de type Visual Novel. A savoir énormément de texte et très peu d’interactions, celles-ci se résument la plupart du temps à sélectionner une réponse. Même s’il n’en est rien, un joueur non avisé pourra considérer ces phases comme des défauts du jeu sur la longueur, en tout cas en terme de gameplay pur et dur.

Mais contrairement aux épisodes précédents de Persona, les développeurs d’Atlus ont tout de même ajouté quelques rares mini-game, comme le batting cage ou la pêche, ainsi que des jeux de rythme ou de hasard très sommaire mais toujours la bienvenue, surtout lorsque vous passerez du temps sur votre console rétro fraîchement acquise au petit magasin d’occaz’ du quartier. Evidemment toutes ces interactions feront également progresser vos stats et contribueront à votre monter en puissance au sein des donjons.

Persona 5   Persona 5

Edgar, détective cambrioleur

Venons en maintenant au fait, c’est à dire tout l’aspect RPG traditionnel de Persona 5. A savoir des donjons à traverser, forcement remplis de nuisibles en tous genres. L’originalité de ce cinquième volet vient du fait que les héros sont des voleurs, et qui dit vol, dit infiltration et furtivité.

Désormais, pendant les phases sociales vous devrez souvent réunir suffisamment d’information afin de pouvoir pénétrer dans le « palace » de l’ennemi. En donjon le but sera de la jouer furtif au maximum, pour cela vous avez la possibilité de vous plaquer au mur ou vous cacher derriere bon nombre d’élément du décor. Heureusement contrairement à un vrai jeu d’infiltration, l’I.A des ennemis est extrêmement laxiste. Lorsque vous êtes caché, vous pouvez porter une attaque à l’adversaire, même si ce dernier ne vous tourne pas le dos.

Grâce à cela vous entrez directement en zone de combat comme dans n’importe quel RPG au tour par tour, mais avez le droit en bonus d’attaquer dés le départ. L’argument de valeur de Persona 5 contrairement aux J-RPG traditionnels, vient du fait que cet enchaînement dans la zone de combat après le premier coup porté, se fait avec fluidité et dans un style ahurissant sans aucun temps de chargement apparent.

Persona 5

De même que lorsque le combat se termine, notre héros reprend sa course en passant devant chaque membre de l’équipe qui se permet de taper la pose tout en affichant l’XP et l’argent grappillés. Notre héros ralentit ensuite sa marche tout en vous faisant revenir progressivement dans le couloir ou vous vous étiez arrêté, le tout dans un déluge d’effets à l’écran. En deux mots : ça tue.

Les combats reprennent ceux de la série d’origine, à savoir Shin Megami Tensei. Ainsi Persona 5 conserve du combat au tour du tour avec la possibilité d’enchaîner une attaque si vous trouvez la faiblesse de l’ennemi. La ou l’épée se montre à double tranchant est que vos adversaires disposent des mêmes possibilités que vous, si l’un de vos alliés est vulnérable à la glace ou aux armes à feu et que vos opposants enchaînent ces mêmes attaques, alors le combat tournera très rapidement en votre défaveur. De facto, si vous connaissez déjà vos adversaires, les joutes se clôtureront très rapidement.

Take your heart

Globalement, l’interface du jeu ainsi que des combats est l’une des plus incroyable qu’il m’ait été donné de voir, le tout est toujours extrêmement stylé et cela jusque dans les boites de dialogues et onomatopées qui parsèment l’écran. Pendant les premières minutes cette interfaces peut d’ailleurs se montrer légèrement contraignante et gêner la lisibilité de l’action tant il y a de choses affichées à l’écran, surtout pendant les phases sociales ou les nombreuses promenades dans Shibuya ou Akiba sont agrémentés de phylactères venant des nombreux PNJs.

Persona 5   Persona 5

Mais que cela soit bien clair, la direction artistique et plus précisément toute l’interface graphique, que cela soit des phases sociales jusqu’au menus des combats, le moindre polygone de Persona 5 transpire la classe puissance 10.

Dans un soucis de crédibilité, chaque donjon étant lié à la psychologie de votre ennemi, vous vous retrouverez dans des « Palaces » très différents aux personnalités biens distinctes. Persona 5 met également en place plusieurs idées intéressantes liées à un « Palace » respectif en prenant soin de ne pas se répéter dans celui d’après afin d’éviter la monotonie. Sans trop spoiler vous pourrez tout aussi bien traverser un château moyenâgeux qu’une pyramide.

Persona 5

Au final (et c’est tant mieux) le seul aspect procédural que Persona 5 a conservé de ses aînés se retrouve dans le Mementos, donjon plus ou moins secondaire ou chaque niveau est créé aléatoirement. Mais même ce dernier se permet le luxe d’être intéressant à parcourir, puisque vous devrez menez l’enquête au 4 coins de Tôkyô afin d’obtenir les informations sur une cible particulière qui se manifestera au sein du Mementos.

Conclusion

Que dire de plus si ce n’est que Persona 5 devrait marquer des générations de joueurs tant ce dernier est peaufiner à l’extrême, que cela soit pour son visuel ou son gameplay, accompagnés par un scénario mature et intelligent, le tout servi par une durée de vie gargantuesque. Ainsi, à travers son dernier donjon, les réminiscences de tout ce que l’on vient de traverser dans Persona 5 nous sautent au visage et l’ on en vient en tant que joueur à remettre en question tout les RPG légendaires que l’on a écumer, pour arriver à la conclusion que Persona 5 est sans l’ombre d’un doute l’un de ses plus grands ambassadeurs.

Maintenant que Katsura Hashino a décidé d’arrêter de travailler sur la série pour voguer vers de nouvelles aventures, espérons que la saga restera entre de bonnes mains tant la barre de ce cinquième opus de Persona est logée à un niveau stratosphérique. Si tant est qu’il en ait un, les « Phamtom Thieves » ont définitivement dérobé le cœur de votre humble serviteur.

Les plus :

  • Visuel fantastique, surtout pour un jeu prévu originellement sur PS3.
  • Interface ahurissante et bénéficiant du plus grand soin.
  • Combats classique mais efficaces.
  • Thématiques sombres et matures qui sont la plupart du temps bien traitées.
  • l’Aspect social et gestion de son emploi du temps.
  • Les fusions de personas.
  • Personnages principaux et PNJs réussis.
  • La disparition presque totale des donjons procéduraux.
  • Les « palaces » juste géniaux.
  • Durée de vie à n’en plus finir.

Les moins :

  • Uniquement sous titré en anglais (heureusement avec voix japonaise en dlc gratuit.
  • Du blabla ad vitam aeternam pendant les phases sociales.
  • Joueurs encore trop passif pendant ces mêmes phases.
  • Durée de vie à n’en plus finir.
  • Une OST moins marquante que Persona 4.
  • Revenez Mr Hashino !!!

Note : 4,5/5