Test de The Evil Within 2 (PS4)

Shinji Mikami que l’on connait pour Resident Evil 1 et 4, a réussi par 2 fois à marquer de son emprunte le monde du Survival Horror. Dommage que l’on ne puisse pas en dire autant de sa dernière création : The Evil Within. Malgré tout, les résultats semblent avoir été suffisants pour convaincre Bethesda de remettre le couvert avec un second épisode. Cette fois Mikami troque sa place de réalisateur à celle de producteur exécutif et laisse John Johannas au bon soin de la realisation de The Evil Within 2. Tout ça pour le plus grand mal de notre héros Sebastian Castellanos qui, depuis les événements du premier épisode, est devenu le meilleur pote d’un certain Jack Daniels. Ça ne va pas l’arranger le pauvre.

The Evil Within 2

Belle et Sebastian

Pour résumer brièvement les événements du premier épisode, l’inspecteur Sebastian Castellanos a perdu sa fille Lily lors d’un incendie, sa femme s’est tirée, et alors qu’il suivait la piste d’un tueur, notre héros s’est trouvé plongé dans un cauchemar qui a pour nom : STEM. Une machine ayant la possibilité de plonger une personne dans la psyché d’une autre. Manque de bol pour Sebastian que son voyage se soit passé dans la tête d’un psychopathe.

Forcément après être sortie du STEM et avoir résolu l’affaire Beacon, Sebastian en est tellement traumatisé qu’il noie son chagrin dans l’alcool. Comme le dirait George Abitbol sur le point de rendre son dernier souffle : « Monde de merde ».

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Mais un nouveau rebondissement intervient dans la vie de Castellanos, celui-ci apprend par la société Mobius, créatrice du STEM, que Lily n’est pas morte mais fût enlevée lors de l’incendie ayant ravagé la maison de notre héros et par la même occasion sa vie.

Comme par hasard la gamine de Castellanos est enfermée dans le STEM en tant que noyau, afin de maintenir l’équilibre d’un monde imaginaire prenant la forme d’une ville appelé Union. Sauf que là-bas tout va mal et Mobius a perdu tout contact avec l’unité d’élite qu’ils avaient préalablement envoyée sur les lieux.

   The Evil Within 2   The Evil Within 2

Forcement Castellanos garde la tète froide malgré ses 4 grammes dans le sang, et se demande si tout cela n’est pas un nouveau piège orchestré par Mobius. Pourtant, l’espoir que Lily soit vivante va peser dans la balance. Nous voici donc repartis pour une petite virée dans l’antre des foldingos notoires.

Même si le point de départ du scenario est moins surprenant que celui du premier épisode, celui-ci ne vous balance pas à la tronche divers environnement et tout autant d’ambiance de façon incohérente et déstructuré avec le prétexte du : « on est dans la tète d’un psychopathe, celui-ci fait ce qu’il veut du monde qui vous entoure ». Dans The Evil Within 2 tout s’enchaîne de façon un peu plus cohérente, vous évoluez dans la ville d’Union, vous traverserez parfois d’autres mondes liés à des peintures ou des œuvres particulières, le tout à cause d’un taré qui confond l’art et la crasse. Et même s’il ne faut pas vous attendre à grand-chose, le scenario promet quelque rebondissement sympathique et surtout de bon moment de frayeur. Au final, c’est tout ce qu’on demande.

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L’antre de la folie

Le plus gros problème du premier Evil Within était sans conteste son manque de personnalité, celui-ci ressemblait déjà à tout ce qui était sorti dans le genre. Sauf qu’entre temps le Survival Horror avait pas mal progressait, et à vouloir singer toutes les idées de ses aïeux, The Evil Within manquait d’homogénéité. Finalement le titre ne trouva comme solution que de raconter son histoire à travers des chapitres déstructurés où apparaissait majoritairement un pan de gameplay spécifique.

The Evil Within 2   The Evil Within 2

On se retrouvait à jouer un chapitre faisant la part belle à la furtivité, à en jouer un autre à combattre une horde de monstre, ou encore à affronter un boss dans un railshooter sans saveur. Sans compter la camera trop proche du héros durant les phases d’actions rendant la visibilité et la visée catastrophique. Ajoutons à cela un équilibrage de la difficulté complètement foutu venant achever le reste des bonnes idées que proposait le titre.

La ville d’Union se voulant être une zone ouverte, The Evil Within 2 sera surtout un bon terrain de jeu pour tout explorateur en herbe. Et il vaut mieux dans la mesure où le titre se veut toujours avare en munitions (le système de visée n’arrange rien).

The Evil Within 2

Heureusement, certains survivants d’Union vous remettront des quêtes secondaires. Celle-ci seront indiquées sur votre map et leur but principal sera surtout de vous procurer des munitions ou mieux, de pouvoir en augmenter votre stock maximal.

Outre les munitions, vous aurez la possibilité de récolter de précieuses denrées que cela soit des soins, du gel vert permettant d’augmenter vos compétences ou encore toutes babioles permettant la fabrication d’objets (soins et balles). Il existe également des matériaux vous permettant d’upgrader votre arsenal, toujours en profitant au calme, du « clair de lune » de Debussy.

The Evil Within 2 se montre beaucoup plus homogène que son aîné, permettant presque n’importe quels styles de jeux dans les zones libres. Vous voulez vous rendre à un endroit précis, mais le chemin le plus court est criblé de monstres. Plusieurs solutions s’offrent à vous, vous foncez dans le tas comme un idiot en excès de confiance, vous y allez furtivement afin d’éviter un maximum le combat ou peut être que vous préférerez contourner en prenant une route plus longue mais également plus sûr ? Méfiez vous tout de même des autres joyeusetés qui vous attendent au coin d’une rue.

The Evil Within 2

Avec un peu de chance, si vous grimper un bâtiment assez proche vous tomberez certainement sur un fusil sniper qui vous permettra de faire le ménage en contrebas. Ou alors vous êtes un original et vous préférez briser la vitre d’une voiture et d’appuyer en continue sur le klaxon afin d’attirer la plupart des monstres dans un piège explosif ou électrique. Bref, de nombreuses possibilités s’offrent à vous et il faut l’avouer, dans la plupart des cas, cela fonctionne bien.

Cependant mieux vaut avoir bien calculé son coup, car si cela rate, votre dextérité va avoir du mal à rattraper la casse. Malgré qu’une grosse partie du jeu se passe en environnement ouvert, il arrivera souvent à Sebastian de se retrouver bloqué dans certaines zones (musée, hôtel, etc.) et là vous n’aurez pas beaucoup d’autres choix que de faire face.

The Evil Within 2   The Evil Within 2

Débile Within ?

Tout comme dans le premier opus, les développeurs ont préféré jouer la carte de l’immersion en gardant la camera très proche du personnage, cela au détriment des combats. Belle connerie.

Le FOV est tellement réduit qu’on ne voit jamais les ennemis arriver sur les cotés, faute à une camera trop proche, vous louperez la plupart du temps un pachyderme avec un shootgun à bout portant. Sans compter un Sebastian qui se déplace avec autant d’agilité qu’un octogénaire unijambiste et cela même en ayant boosté à 70% ses capacités physiques, imaginez le tableau.

The Evil Within 2

Malheureusement, l’une des principales qualités de The Evil Within 2, à savoir l’augmentation des compétences avec le gel vert recueilli sur les ennemis, se veut être à double tranchant. Car même si le fait de faire progresser notre héros permet de rendre le titre un peu plus profond, celui-ci commet les mêmes erreurs que son aîné. Il aurait fallut que son système de visée (sensibilité et camera) ne soit pas foiré dés le départ, ou que Sebastian se déplace rapidement malgré sa faible endurance, mais il n’en est rien. De nombreuses compétences sont inutiles et aurait dû d’office faire partie du jeu, plutôt qu’attendre d’être débloquées.

The Evil Within 2   The Evil Within 2

Au final, après avoir boosté la majeure partie des capacités on se rend compte que le jeu devient ce qu’il aurait déjà dû être à l’origine, même si la visée elle, reste toujours aussi foireuse. Et ce n’est pas un passage dans les options pour régler la sensibilité qui va améliorer la jouabilité.

Le pire dans tout cela est que même avec l’aide à la visée activée, vous aurez toujours l’impression d’aligner aussi bien les ennemis que Gilbert Montagné un lendemain de cuite.

Ce système de visée complètement foutu rend les combats frustrants et parfois involontairement difficiles. Pour avoir une visée « normale » vous devrez améliorer la stabilité et le recul dans les compétences, sans quoi Sebastian se comportera comme un malade atteint de Creutzfeldt-Jakob. Vous pourrez notamment mettre la main sur des armes disposant d’un curseur de visée différent, ce qui améliorera sensiblement les choses.

The Evil Within 2

Contrairement au système de compétences mal fichu, celui de l’amélioration de l’arsenal est bien mieux pensé, les armes de même calibre que vous améliorerez garderont les mêmes augmentations que la première que vous aviez récupérée. C’est illogique mais on s’en fout, vu le prix que coûte certaines améliorations.

On aura forcement tendance à préférer l’infiltration qui fonctionne un peu mieux que l’action et qui fait surtout économiser des balles. Ici, le jeu corrige de nombreuses erreurs du premier épisode, certaines compétences utiles, vous permettront même d’éliminer un ennemi au couteau alors que vous êtes à couvert.

The Evil Within 2

Dans le pire des cas il vous restera la fuite, vous aurez la possibilité de grimper sur les obstacles alentours comme les voitures ou les caisses par exemple, mais les ennemis aussi, donc prenez garde à votre angle mort.

The Evil Within 2   The Evil Within 2

Malgré une technique discutable, The Evil Within 2 s’en sort plutôt bien, le level design est d’ailleurs très bien pensé pour un jeu de ce genre, mais celui-ci marquera sans doute le plus de point dans la direction artistique de certains de ces environnements intérieurs.

Bien sûr, vous n’échapperez pas au vieux couloir de bunker sombre et grisâtre, mais vous aurez également droit à de véritables idées sur le plan esthétique. L’ambiance conférée par certains environnements mêleront parfois l’élégance et la splendeur avec le sinistre et le macabre, le tout vous confrontant à un étrange sentiment malsain et anxiogène.

Conclusion

Sans transcender quoique ce soit et certainement pas les ténors du Survival Horror, The Evil Within 2 reste un bon jeu. Celui-ci sait se montrer efficace et pourrait convaincre sans mal les amoureux du premier épisode, même avec un système de visée toujours perfectible. Quant aux moins conciliant, ils seront sans doute attirés par les possibilités de gameplay pour un genre souvent trop linéaire, ainsi que par la D.A de certains environnements extrêmement réussis et capable de conférer des sentiments paradoxaux. Rien de tel pour un genre qui ne demande qu’à inspirer la crainte aux joueurs. Dans tous les cas The Evil Within 2 est supérieur en tous points à son prédécesseur, et en cela, c’est une réussite.

Les plus :

  • Union, le nouveau terrain de jeu réussi
  • Une D.A qui a de la gueule et confère des ambiances vraiment chouettes
  • La customisation des armes
  • Quelques jumpscares bien flippants
  • Presque supérieur en tous points au premier épisode
  • Doublage anglais très réussi
  • Durée de vie d’une bonne vingtaine d’heures

Les moins :

  • Camera toujours aussi mal foutue pendant les phases d’action
  • Doublage français à la limite du risible

Note : 3,5/5