Ocarina of Time ayant démocratisé The Legend of Zelda pour de nombreux joueurs, lourde fut la tâche d’arriver après celui-ci. Trop longtemps perçu comme le vilain petit canard de la franchise, Majora’s Mask a finalement droit à son remake, et même si de nombreux fans l’ont à l’époque critiqué de façon virulente, Link vient leur remettre les pendules à l’heure à bon gros coup d’ocarina du temps dans les dents.
Le chant du temps
Remontons le cours du temps ensemble jusqu’en 1998, telle une Triforce flamboyante, The Legend of Zelda : Ocarina of Time illumina le paysage de l’Action-RPG, il se hissa au sommet du genre pour certains, voir au rang de jeu culte pour d’autres, fort d’être l’un des premiers jeux à transposer parfaitement la recette qui avait fait son succès dans un univers entièrement en 3D. C’est donc tout naturellement qu’il apparut comme remake sur une 3DS qui, à l’époque avait bien du mal à décoller dans les charts vidéo-ludiques.
Cette adaptation fut co-développée par Grezzo et gomma le peu de défauts qu’on pouvait lui reprocher. Difficile en 1998 de passer après un tel chef d’œuvre, ce fut pourtant la lourde tache confiée à Eiji Aonuma, nouveau superviseur de la série. Shigeru Miyamoto, créateur de la licence, lui demanda de concevoir un nouveau Zelda en un temps record grâce au moteur d’Ocarina of Time. Son arrivée vers la fin de vie de la N64 fut mitigée selon les joueurs, la faute à (un expansion pack à acheter en plus du jeu ??) un stress que certains affirment permanent : le combat contre le temps.
Toutefois, quelques années après, The Legend of Zelda : Majora’ s Mask a atteint pour beaucoup le statut de jeu culte. De nombreux fans ont alors exprimé leur souhait de pouvoir porter une nouvelle fois le masque de Majora. Ça tombe bien car pas moins de 4 ans après la sortie du remake d’Ocarina of Time sur 3DS, Aonuma, toujours accompagné du studio Grezzo, nous offre le retour d’un Link ayant presque réussi à esquiver les affres du temps, et sans besoin du pouvoir de la Triforce cette fois.
J’ai demandé à la Lune
Pour restituer le contexte de ce fameux Majora ‘s Mask, vous devez sauver le monde de son apocalypse causée par une lune au sourire narquois qui guette la fin des 3 jours fatidiques pour s’écraser sur le monde de Termina. Ce Zelda a pour particularité de mettre de côté le monde habituel d’ Hyrule. Ici point question de Zelda, de Triforce ou encore de Ganondorf.
La lune se rapprochera à chaque instant de Termina et constituera votre principale inquiétude dans le jeu.
L’histoire se déroule directement après The Legend of Zelda : Ocarina of Time. Link chevauchant tranquillement Epona se retrouve dépossédé de cette dernière par un étrange individu prénommé Skull Kid, mais dans sa fuite, le vil scélérat commet un autre larcin des plus importants : l’Ocarina du temps. Pour couronner le tout, celui-ci jette une malédiction qui métamorphose Link en peste Mojo. Vous voilà donc dès les premières minutes de jeu, en train de cavaler dans tous les sens afin de regagner votre apparence, de récupérer votre ocarina de façon à remonter le cours du temps et d’empêcher la lune envoyée par Skull Kid, de détruire Termina.
Plus sombre et inquiétant que les contrées Hyliennes, notamment à cause de cette lune au visage malicieux qui flotte au dessus de Link telle une épée de Damoclès, Termina regorge de personnages hauts en couleur. Mais après quelques minutes de jeux, on se rend compte que même les autochtones occupant Termina ont quelque chose de malsain, voir même un petit côté « maniaco-dépressif » pour certains, que ça soit le propriétaire de la foire aux masques ou encore Guru-Guru l’accordéoniste.
Guru-Guru l’accordéoniste et ses étranges changements d’humeur.
Le temps c’est de l’argent
Comme j’en ai fait mention dans le début de ce test, c’est un combat perpétuel contre le temps que vous allez devoir mener. Vous avez 3 jours pour sauver Termina, ce qui correspond plus ou moins à 3 heures dans le jeu. Passé ce délai le jeu vous gratifiera d’un bel écran de Game Over. Bien évidemment vous aurez la possibilité d’effectuer un bond temporel 3 jours en arrière mais chaque retour dans le passé vous dépossédera de la plupart de vos objets ainsi que de vos rubis, pensez-donc à aller les déposer à la banque de bourg-clocher au préalable, le voyage temporel n’affectant pas celle-ci. Ainsi le temps se pose directement comme votre principal ennemi, mais nonobstant le stress qu’il constitue, il sera possible de rapidement le dompter.
En effet, vous apprendrez le chant du temps dés l’ocarina récupéré, ce qui vous permettra de remonter au début du premier jour. Très rapidement vous apprendrez d’autres mélodies enchantées vous permettant de ralentir le temps ou encore de l’avancer à l’heure de votre choix, ce qui constitue l’une des nouveautés de ce remake. En plus des stèles de hiboux originelles pour pouvoir se téléporter d’un endroit à un autre rapidement, on saluera également l’apparition de stèles de sauvegarde toujours disposées là où il faut. Pour ma part, le temps additionné au fait de ne pouvoir reprendre sa sauvegarde à un endroit précis du jeu, constituait l’un des seuls défauts que je reprochais au Majora’s Mask originel.
Il faudra malgré tout apprendre à gérer le temps qui nous est octroyé correctement et remonter jusqu’au premier jour après avoir libéré un téléporteur juste devant un donjon. Cela permettra d’avoir 3 jours entiers pour terminer un donjon, ce qui est amplement suffisant, surtout si l’on a pris soin de ralentir le temps.
Dans ses grandes lignes de gameplay, The Legend of Zelda : Majora’s Mask reste identique au remake de son aîné sur 3DS. Ainsi l’écran tactile est utilisé pour la carte mais aussi et surtout pour l’inventaire, agrémenté de raccourcis facilitant grandement la transition d’un objet à un autre. Le mode de visée gyroscopique en « vue subjective» est toujours présent, ainsi que la pierre Sheikah qui donne accès à de nombreux indices pour l’aventure.
La transformation de Link en Zora lui donne désormais la possibilité de combattre sous l’eau, ainsi que d’y rester indéfiniment.
La grosse originalité du titre repose dans l’obtention des masques vous octroyant divers formes et pouvoirs. Ainsi, le masque Mojo vous permettra de pouvoir voler ou cracher des bulles. Outre la possibilité de vous métamorphoser en Goron, le masque homonyme vous donnera la possibilité de briser la roche à mains nues ainsi que vous mettre en boule pour vous déplacer plus rapidement, etc.
Le second stick de la New Nintendo 3DS rend le jeu un peu plus confortable, néanmoins celui-ci reste parfaitement jouable sans. On notera surtout de nombreux ajouts assouplissant considérablement le gameplay, tel que le réticule de visée en mode peste Mojo, mais également un bouton permettant d’avoir une vue de dessus lors de nos petites escapades aériennes, très utile pour savoir où se poser avec précision. Certaines échoppes dans la ville principale ont également été déplacées, comme la fameuse banque de Bourg-clocher qui se trouve désormais juste devant la stèle de téléportation du hibou, ce qui permet de gagner un temps non négligeable lors du retour dans ladite ville.
Viser la lune ça ne me fait pas peur
Malgré le faible nombre de donjons, 4 au total, la réalité en est toute autre. De nombreuses mécaniques de gameplay ingénieuses maquillent certains lieux, tels que la Montagne Goron ou encore la Forteresse Pirate, en donjon beaucoup moins conventionnel qu’à l’accoutumée, mais où il sera toutefois possible de récupérer les objets spéciaux nécessaires (Arc, grappin, masques, etc.) afin d’atteindre les « véritables » donjons si chers à la série. Ces derniers, jamais frustrants (Aaaah Ocarina of Time et son temple de l’eau…) révèlent d’ailleurs une véritable leçon de gamedesign dont de nombreux développeurs devraient s’inspirer. Cela vaut également pour les boss, peu nombreux mais toujours exceptionnels, mention particulière à celui du Pic des Neiges.
Link transformé en peste Mojo aura la possibilité de voler sur de courtes distances.
Après qu’une certaine mode du « Remaster Definitive Edition HD Deluxe » se soit bien ancrée en tant que nouveau modèle économique et ludique, il est légitime de se demander si The Legend of Zelda : Majora’s Mask est bel est bien un remake à la sauvette ou pas, et pour avoir remis en route ma N64 avec le jeu originel, je peux vous dire que les changements aussi bien graphiques que ludiques, sont flagrants. Quasiment tout a été refait graphiquement, depuis la plupart des personnages jusqu’aux textures appliquées sur les murs, les intérieurs ou les sols. Seul le nombre d’éléments à l’écran n’a pas changé, on a donc parfois une impression de vacuité dans certaines plaines, comme les plaines enneigées ou celles de Termina, bien heureusement cela ne nuit en rien au plaisir de jeu.
Conclusion
The Legend of Zelda : Majora’s Mask met une nouvelle fois en avant son concept frustrant pour certains et d’une incroyable richesse pour d’autres. Mais ce dernier a au moins le mérite d’apporter une approche différente de la saga que l’on connaît si bien. A l’aide de nombreux ajouts et changements qui ont assoupli le gameplay jusque dans sa forme la plus parfaite, les joueurs étant passés à côté à l’époque, n’auront désormais plus aucune excuse.
Et même si l’on pourra regretter ce côté épique présent dans The Legend of Zelda : Ocarina of Time au détriment d’un univers légèrement plus stressant, ne crachons pas dans le bon lait du ranch Romani, le masque de Majora est désormais vernis d’un enduit que l’on espère éternel.
Les plus :
- Un véritable remake, très beau comparé à l’originel
- Des quêtes annexes nombreuses et intéressantes
- Galerie de personnages hétéroclites
- Les stèles de sauvegarde
Les moins :
- Quelques rares ralentissements
- Certains masques sous exploités et utiles le temps d’une quête uniquement
- Quelques imprécisions avec le système de verrouillage lors des combats
Note : 4/5