Après les 4 années de débandade qu’a connu Nintendo avec la Wii U, Zelda : Breath Of The Wild représente un peu tous les espoirs de la firme de Kyoto et la preuve que Nintendo est toujours capable de sortir de sa salopette bleue des chefs d’œuvre qui resteront gravés dans les mémoires de joueurs pendant les dizaines d’années à venir. Mais également que Big N peut s’adapter en se hissant au même niveau que la concurrence malgré les carences techniques rédhibitoires liées à leurs hardwares. Et tant qu’a faire, pourquoi ne pas refourguer quelques Switch sous la tunique verte (ou bleue désormais) de l’Hylien le moins bavard de la planète. Maintenant que les notes dithyrambiques de toute la presse vidéoludique sont passées, je me propose de vous offrir le VRAI test de Zelda Breath Of The Wild, oui c’est présomptueux, mais rien à cirer !
Into The Wild
Etant fan de la saga à la Triforce flamboyante (ou force 3 pour les intimes) depuis le second épisode, je ne suis pas sûr que la majorité des fans souhaitaient que Zelda change, tout au plus que la série corrige les points qu’il était possible d’améliorer, voir de faire intervenir de nouvelles idées de gameplay, mais visiblement, la presse elle, était équivoque à ce sujet, en terme de liberté de progression, ainsi qu’au niveau de certaines mécaniques jugées désuètes, Zelda se devait de changer.
C’est donc avec cette idée en tête ainsi qu’en s’intéressant à la concurrence et aux porte-étendards vidéoludiques actuels, qu’Eiji Aonuma et son équipe sont arrivés à la conclusion que ce The Legend of Zelda: Breath of the Wild devait amener la plupart des mécaniques liées à la série dans un monde ouvert gigantesque.
Premier constat, la D.A pleine à craquer de références à Hayao Miyazaki. On ressent surtout beaucoup d’influences venant de Princesse Mononoke, Nausicaä ou encore Le Château dans le Ciel. Dans tous les cas, même si la technique s’avère discutable avec un framerate qui tousse un peu lors d’échauffourées où l’ennemi pousse comme du chiendent, la direction artistique quant-à elle, est simplement splendide.
Le monde ouvert de BOTW est probablement le plus riche et incommensurable qu’on ait vu jusque là. Un monde vivant et organique, aussi bien dans sa faune que dans sa flore. Les chevaux, élans et autres phacochères gambadent dans les prés ou forêt, jusqu’au plus petit brun d’herbe ou insectes qui virevoltent au grès du vent, tout semble doté de vie dans ce nouveau Zelda.
On peux également parler de l’incroyable météo qui influence directement le gameplay. Par temps de pluie vous aurez des difficultés à grimper toutes parois mais verrez certaines variétés de plantes ou de champignons qu’il est difficile de trouver habituellement. Lors de violentes tempêtes, tout équipement métallique vous portera préjudice puisque vous risquerez d’être frapper par la foudre, mais utilisez cela à votre avantage et envoyez une lance en acier valdinguer dans la tronche d’un adversaire pour qu’il y ait de grandes chances que celui-ci soit foudroyé.
LINK ! MON NOM EST LINK BORDEL !
Dés l’entrée dans ce nouveau Zelda, on constate un placement assez étrange des boutons, tout d’abord l’apparition du saut sur la touche Y semble trop éloigné du bouton de course situé sur B. Mais même si cela semble avoir été pris en compte dans la mesure où Link continue de courir pendant une petite seconde lorsqu’on relâche B pour atteindre Y, cela semble légèrement problématique sachant que vous passerez sans doute beaucoup plus de temps à explorer ce vaste monde plutôt qu’à combattre. Malgré tout, quelques heures suffisent pour se faire à cette jouabilité singulière.
Pourtant la navigation dans ce monde gigantesque reste extrêmement agréable, en partie grâce à la tablette Sheika, qui vous permet de marquer l’horizon et de servir de longue vue mais sans jamais trop en montrer afin de vous garantir l’effet de surprise à la dernière minute. Vous pourrez monter certains animaux et escalader tout ce qu’il vous plaira, sauf à l’intérieur des sanctuaires et donjons (forcément). Et après avoir grimper les plus hauts sommets, planez grâce à votre parapente sur de très longues distances afin de gagner du temps. Au pire si vous n’avez rien sur quoi grimper, pourquoi ne pas faire un feu afin de vous servir de son courant ascendant pour vous élever dans les airs ?
Certains codes de Zelda n’ont pas tant changé que cela, les fragments de cœur ont juste été remplacés par des symboles du courage que l’on obtient en réussissant l’épreuve d’un sanctuaire. Ces derniers représente des mini-donjons où le but est de réussir une série d’énigmes ou un combat.
Après 4 symboles du courage obtenus, nous avons le choix entre augmenter sa quantité maximale de cœur ou alors allonger sa jauge d’endurance, celle-ci ayant fait son apparition dans Skyward Sword. On regrettera d’ailleurs que cette jauge apparaissent grossièrement au dessus de Link au moindre effort de celui-ci, alors qu’elle aurait pu se trouver dans un coin de l’écran.
En ce qui concerne les grandes ligne du scénario, fini les histoires de Triforce, notre Hylien préféré se réveille amnésique après une sieste… d’un siècle, celui-ci se trouve ensuite guidé par la voix d’une Zelda télépathe, qui lui demande de détruire l’infâme Ganondorf qu’elle cherche tant bien que mal de retenir captif. Le titre vous laissera alors libre de foncer au château d’Hyrule après environ 2 heures de jeu, aidé d’un skill lorgnant du coté du divin, afin de mettre Ganon hors d’état de nuire, ou alors traverser les 4 donjons principaux de l’aventure afin de gagner assez de forces pour réduire Ganon à néant mais également de rentabiliser vos 70 sesterces chèrement dépensés. Vous êtes libre de commencer par le donjon que vous souhaitez, et bien entendu, rien ne vous empêche de foncer au château d’Hyrule afin de tenter votre chance à n’importe quel moment.
Les 4 donjons principaux sont juste brillants en terme de mécaniques et originaux dans leurs conceptions. Leur intégration à l’histoire ainsi que la manière de les infiltrer constituent certainement les meilleurs moments du jeu. On regrettera simplement que ces derniers soient aussi court et simple. Il aurait été sans doute préférable de réduire le nombre de sanctuaires et d’augmenter au moins BOTW de 2 donjons.
Pour ma part, même si je suis conscient que la volonté de Zelda n’a jamais été de briller par sa narration, cela reste l’un des défauts récurrents de la série, un point que j’aurais aimé voir changer et qui devient primordial pour propulser la saga encore plus haut. Malheureusement cela ne semble pas encore être la priorité de Nintendo. Il est d’ailleurs triste de constater que toute les cinématiques impliquant Zelda ne sont au final que des souvenirs à débloquer sur la gigantesque map grâce à des clichés pris de lieux bien précis. Et même si l’on nous donne parfois un petit coup de pouce grâce à certains PNJs, il n’est jamais aisé de les trouver, ce qui rend les choses frustrantes pour les joueurs désireux de connaitre tous les détails de l’histoire.
Le silence est d’or… Surtout à Hyrule
Autre point qui va de paire avec la narration, Link est son éternelle maladie du mutisme, cela pourrait paraître anecdotique pour beaucoup de joueurs, mais personnellement ce qui n’était encore qu’un détail il y a 20 ans de cela est devenu pour moi l’un des points importants à changer pour donner un coup de boost à la narration et surtout à l’empathie que l’on peut ressentir pour notre héros aux oreilles en pointes. Les fans de Zelda du monde entier sont désormais adultes et le personnage que l’on voyait encore comme un bête avatar il y a des années s’est transformé progressivement en bon vieux pote que l’on aime retrouver tous les 4 ou 5 ans.
J’émets désormais le besoin d’entendre notre valeureux héros parler, cela rend les choses encore plus ridicules lors des dialogues où la plupart des PNJs importants sont désormais dotés d’une voix. Cela permettrait également de servir une meilleure narration, où même d’enrichir les personnages. Voir Zelda critiquer solennellement notre héros qui reste bêtement muet après lui avoir sauvé la vie est terriblement frustrant, on a envie d’hurler à la place Link. Mais une fois de plus et malgré les nombreuses voix d’intégrées, ce choix ne semble pas avoir été remis en question.
D’ailleurs, mention spéciale au doublage français et notamment à Adeline Chetail (Iris dans FFXV et doubleuse dans la plupart des films Ghibli), dont la voix sied parfaitement au personnage de Zelda.
Venons en maintenant à la difficulté dont j’ai lu et entendu les bêtises les plus belles, on parlerait même de DarkSoulisation (à bas ce foutu terme…) de la série. Sachez que même si certains ennemis frappent fort et peuvent vous tuer en un coup en début de jeu, hormis votre skill, il existe de nombreuses façons de faciliter les combats.
La cuisine par exemple est extrêmement efficaces, outre donner un sens à toutes les saloperies que vous serez tenté de ramasser, vous pourrez confectionner des plats très simples vous remettant tous vos cœurs et mêmes des cœurs bonus vous permettant de dépasser votre jauge maximale. Sachant que vous êtes limité à une quarantaine de plats, sans compter les ingrédients seuls qui peuvent vous remettre un cœur, cela vous laisse énormément de marge.
De plus vous avez la possibilité d’entrer dans votre inventaire a tout moment afin de freezer le combat et vous régénérer autant que vous le voulez. Vous pourrez même vous régénérer alors que vous êtes suspendu à 800 mètres d’altitude. On est très loin des épisodes de Zelda limités à 4 flacons, sans compter les quelques moyens vous permettant de ressusciter immédiatement, comme les désormais célèbres fées, que l’on peut trouver très facilement.
A ce niveau, le jeu est extrêmement bien pensé car il vous obligera à user et abuser de la cuisine afin d’assurer vos arrières, et par adéquation à ramasser tout ce qui traîne afin d’essayer de nombreuses recettes.
Pour revenir sur la difficulté, ajoutons à cela que le jeu vous autorise des sauvegardes presque n’importe quand et n’importe où, sans compter les sauvegardes automatiques régulières et vous comprendrez que l’on est loin de la difficulté rencontrée dans Zelda 2 : Adventure of Link ou même le récent Skyward Sword extrêmement avare en cœurs.
Oppa Ganon Style !
Après quelques heures, on s’aperçoit que les combats ont du mal à se renouveler et surtout à se révéler grisant et ce, malgré les nombreuses tentatives d’approche. Heureusement les développeurs ont eu la bonne idée de pousser un peu la furtivité apparue dans Wind Waker afin de faciliter les rixes des premières heures, ainsi il est possible d’asséner une attaque critique en prenant un ennemi de dos lorsque celui-ci ne vous à pas remarqué.
Link peut également manipuler d’autres armes au corps-à-corps que l’habituelle épée. Quant à l’arc, il fait partie intégrante de l’arsenal de notre héros et dispose de son raccourcis sur la touche appropriée. Celui-ci se révèle extrêmement utile surtout conjugué à un saut afin d’effectuer à un petit ralentit pour atteindre plusieurs cible en même temps.
Mais quitte à changer, voir ajouter de nombreuses idées au système, pourquoi ne pas avoir ajouter un bouton d’attaque afin d’augmenter la possibilité de combos ? Et pourquoi avoir retirer les bonnes idées des anciens épisodes comme les techniques présentent dans Twillight Princess ?
On ne peut pourtant pas enlever aux combats de BOTW un certain coté stratégique du fait de la faibles durée de vie des armes. N’hésitez pas à balancer une arme en pleine tronche de votre adversaire dés qu’elle est sur le point de se briser, celle-ci fera alors le double de dégât. Malheureusement après qu’une arme se brise elle est définitivement perdue, alors petit conseil, faites appel à votre arsenal électrique qui désarme les ennemis en les électrocutant, si vous avez de la place dans votre besace, ramassez ensuite l’arme de votre adversaire afin de baisser grandement sa puissance d’attaque. Restez tout de même vigilant à ce que celui-ci ne ramasse pas quelque chose autour pouvant faire office d’arme.
Néanmoins on regrettera la fugacité de l’équipement, vu son design globalement fabuleux. Vous aurez probablement un petit pincement en cœur à chaque séparation avec une épée de feu ou une lance électrique que vous gardiez précieusement jusqu’au moment fatidique, mais ne vous attachez point, car 5 ou 6 coup suffiront à les détruire définitivement. Heureusement que les armures, elles, ne se brisent pas.
Pour appuyer l’argument des combats globalement moyens, on pourrait encore parler du bestiaire rachitique pour un jeu d’une telle envergure, ou même des Boss nullissimes qui font probablement partie des moins réussis de la saga, mais ça ne serait qu’un énième coup de Master Sword asséner aux fans de Zelda les plus hardcore.
Au final BOTW est une épée à double tranchant, sa plus grande qualité met en exergue son plus gros défaut, ce Zelda met la barre tellement haute dés le départ, qu’on s’attend sans cesse à être surpris, et c’est au final le cas si vous aimez flâner et vous promenez afin de tenter de découvrir tout ce que vous cache cet immense univers. Mais lorsque vous déciderez de rejoindre la quête principale, après avoir passer l’un des 4 donjons que compte le jeu, vous ressentirez un étrange sentiment vous emparer, comme-ci vous vous attendiez à ce que BOTW vous propulse encore plus haut émotionnellement parlant.
Malheureusement il n’en sera rien, et en terme de lore principal, de nombreux épisodes de la série ont réussi à faire bien mieux, c’était l’un des avantages des Zelda d’antans. Car en proposant des objets spéciaux dans chaque donjon, vous ressentiez progressivement cette montée en puissance de Link, ainsi que de nouvelles idées de gameplay qui se débloquaient.
Dans BOTW toutes les clés du gameplay vous sont offertes dés le début du jeu, et la montée en puissance se fait uniquement par le biais de votre équipement et par les sanctuaires qui vous aideront à booster vos cœurs et votre endurance. Ce qui fait que cette fameuse courbe de plaisir ressentie par le joueur est très élevée dés le départ mais se stabilise pour s’essouffler ensuite devant une quête principale qui n’offre que trop peu de moments épiques. Et l’on se retrouve en tant que joueur à attendre encore plus de ce Zelda, vu tout l’amour que celui-ci vous offre par ses « à cotés » quitte à y espérer une dernière fulgurance d’idée dans l’ultime donjon du jeu, mais malheureusement il n’en sera rien. Dommage.
Conclusion
En définitif, Zelda BOTW ne se contente pas seulement d’être un très bon open world, il redéfinit totalement le genre, et réajuste les codes déjà implémentés à de grosses productions précédentes, tout en les adaptant au monde d’Hyrule. Pourtant certains aspects de la série mériteraient encore d’être dépoussiérés, c’est le cas de la narration ou du système de combats, mais que cela soit sur sa splendide direction artistique ou sur l’exploration, La série Zelda n’a désormais plus rien à apprendre grâce à Breath Of The Wild, juste à enseigner.
Les plus :
- Incroyablement chronophage
- Des secrets et points d’intérêt absolument partout
- L’exploration à son paroxysme
- Une D.A sublime
- Un open world organique et gigantesque
- Les donjons et sanctuaires
- Les pouvoirs liés à la tablette Sheikah
Les moins :
- Les combats manquent de souplesse et d’idées
- Le bestiaire extrêmement chiche
- L’obtention des pouvoirs dès le départ
- Des boss loin du standard qualitatif de la série
- Un framerate instable
- Link, éternel muet devant des personnages on ne peut plus expressifs
- Un combat de fin loin d’être à la hauteur de certains épisodes
- Les musiques beaucoup trop discrètes et le célèbre thème (quasiment) absent
Note : 4/5