Test de Puppeteer (PS3)

Dans un marché contrôlé par les conventions et les jeux qui font boom, Puppeteer s’est proposé modestement sur une console en fin de vie à une période un peu contraignante. Son prix d’entrée (une trentaine d’euros) en donne l’image commerciale d’un jeu qui ne s’assume pas tout à fait et son visuel et son genre en font un jeu qui désigne les enfants comme public cible. FAUX ! Puppeteer se présente comme une petite merveille, un condensé des stéréotypes des meilleurs contes occidentaux, le tout sous une robe esthétique, ludique et sonores à faire tomber. Ah oui ?

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Tout débute avec une sorte de Pinocchio en sens inverse : Kutaro, un petit garçon (parmi bien d’autres) qui se retrouve transformé en pantin de bois par le vilain Roi-Ours qui s’est fait un squat outrageant sur la Lune. Kutaro, anti-héros transparent, se prend finalement l’envie de – tout de même – récupérer sa tête auprès de l’ours l’ayant dévorée. Ainsi dans Puppepteer, Kutaro rencontre diverses alliés et ennemis et se munis d’une paire de ciseaux magique, du nom de Calibrus, en guise d’arme. Il s'agira d'ailleurs de sa seule arme – hors skills à tendances zeldaesques – et quelle arme !

Le jeu propose des défis physiques de taille où la paire de ciseaux permettra, notamment, de couper du tissu ou des bouts de corde et permettra ainsi de dynamiser les déplacements et les combats fabuleux contre les boss. Le pitch du jeu est déjà en soi à la frontière entre les clichés et un délire particulièrement jouissif.

The Show Will Begin

Puppeteer – le marionnettiste – induit d’emblée une notion de spectacle. Tout le jeu se déroule ainsi sur une scène de théâtre de marionnettes où tous les éléments débarquent via des rouages et autres astuces techniques. Ces dits-éléments sont donc essentiellement composés de tissus, de papier et de bois. Visuellement, la chose fait déjà grandement sourire. Le jeu est divisé en sept chapitres de trois niveaux chacun. Jamais un niveau d’un jeu de plate-forme n’aura été aussi éprouvant, varié et original.

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Ainsi, hors le fait que Puppeteer propose des zones de jeux qui mécaniquement se transforment comme si une équipe technique ultra compétente s’amusait à modifier au fur et à mesure le décor, on retrouve une notion de tête. La vraie tête de Kutaro étant aux abonnés absents, il s’en accommode en fixant sur son corps de bois un grand nombre de coiffes thématisés aux lieux visités.

Dans l’avant sortie, beaucoup de choses étaient promises par rapport à cela. Il est vrai qu’au final, cela ne change pas grand-chose. Seules certaines zones, marquées par un filigrane, permettent une maigre interaction permettant de gagner quelques bonus.

Kutaro peut pourtant switcher entre trois têtes en même temps. Cela représentent également la marge d’erreurs (jusqu’à trois) auquel est soumis le joueur avant de refaire la zone. Mais avouons que Puppeteer est loin d’être aussi punitif qu’un jeu indépendant de plates-formes à la sauce Super Meat Boy. Ses concepteurs classent ainsi le jeu dans la case « enfantillage ».

Un jeu pour les plus jeunes mais surtout les moins jeunes

Mais est-ce vraiment un jeu pour enfants ? Bien sûr il leur conviendra mais ce qui ressort avant tout de Puppeteer est le niveau de soin apporté à quasiment tous ses aspects. Sur le plan technique, le jeu fait honneur à la dame mourante PS3. Les contrôles sont plutôt précis (avec l’apparence jumelle que le jeu partage avec l’original Little Big Planet, nous aurions pu nous attendre à une version de déplacement lunaire… sans jeu de mots, mais non). Le second stick permet de contrôler le sidekick du héros afin d’interagir avec le décor – ce que l’on a tendance à oublier – et donne une ampleur supplémentaire à l’ensemble. Par ailleurs, un second joueur peut en prendre le contrôle mais est-ce nécessaire ?

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Je gardais encore une fois le meilleur pour la fin puisque ce qui est encore plus délectable, ce sont les partitions de l’Ecossais Patrick Doyle (Rebelle, Harry Potter et la Coupe de Feu ou encore le préquelle de la Planète des singes) qui sont un véritable délice. C’est à croire – et c’est naturel – que dès qu’un compositeur de talent s’exprime sur des images factices, son imagination se débride et sa musicalité nous raconte mille et une choses incroyables. Ainsi, la bande originale de Puppeteer est une œuvre à part entière où tous les genres sont présents.

De plus, qui dit imaginaire enfantine, dit chansonnettes sympathiques (et ça rime). Dans plusieurs niveaux, Doyle aura ainsi ajouté de magnifiques scénettes chantées synonyme des plus grandes périodes Disneyenne. Je… ah… oh…. les mots me manquent pour décrire la magnificence de son travail. Sur le plan sonore, la narration est également un travail d'exception à lui seul. Tout est fait pour nous faire vivre, à son meilleur, un conte exprimé par des marionnettes hautes en couleurs. Enfin, le (doublage du) narrateur comme les différents protagonistes est tout bonnement exquis. C'est drôle, expressif, bien écrit et parfaitement dans le ton. Un régal (encore une fois ! Oui, et alors ?).

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Gavin Moore, l’auteur du jeu, et son équipe se sont grandement inspirés des contes occidentaux, d’une part, mais aussi de l’univers satirique, noir et humoristique de Tim Burton, même si l’initiateur du projet dit davantage s’être inspiré du collectif britannique Monty Python dans le drolesque et le non-sens à outre-mesure. Puppeter est une œuvre dense, unique, complète et maîtrisée qui fait encore une fois honneur au dixième art ! Et il s’agit du genre d’initiative qui, forcément, pousse à éradiquer, durement comme souvent, les stigmates de l’activité vidéoludique comme activité à tendance terroriste et satanique.

Ma note : 4,5/5