Les créatures barbotant dans le Block Ness (Blue Orange/Blackrock Games) peuvent parfois se sentir serrées et Laurent Escoffier nous met justement à l’épreuve durant le jeu du même nom, illustré par Christine Alcouffe et Simon Douchy. De façon à se mettre le plus en avant à la vue du public !
Il n’y aura pas forcément de place pour tout le monde dans ce lac. D’ailleurs, selon si on évolue à 2, 3 ou 4 personnes, chacune avec un animal, l’aire de jeu s’avèrera plus ou moins grande. Il serait trop évident de placer les 12 éléments de son personnage, si on bénéficiait de l’intégralité de l’espace à 2 par exemple. Sauf en cas de blocage ennemi acharné. Block Ness naviguant dans les eaux troubles de la tactique pour son but personnel, à savoir disposer un maximum d’anneaux du corps de sa créature, tout en faisant attention à l’adversité. Qui pourrait gêner volontairement ou non. Et par conséquent, également songer à vous en prendre à celle-ci, tout en restant vigilant.e afin de ne s’y fourvoyer et finalement se coincer.
Tour à tour, on devra ajouter une partie corporelle adjacente verticalement ou horizontalement, à l’endroit où figure pour l’instant notre queue ou notre tête. Qu’on retirera pour insérer le nouvel objet au support. Alors que l’extrémité enlevée, prolongera le mouvement en étant ajoutée à l’autre bout. Forcément au fil du temps, moins de cases restent et la tâche se complexifie, mais pas seulement via ce biais. Car entre nous et notre/nos rival.e.s/aux, des corps s’allongent un peu partout et des règles nous empêchent de faire n’importe quoi pour passer outre. En commençant par l’interdiction de se glisser sous un.e adversaire. Alors que les éléments s’avèrent plus ou moins hauts et longs, il est fréquent qu’un trou béant se dresse devant nous, avec un corps d’autrui au-dessus. Impossible donc de le franchir par le bas. Ni en prenant une pièce de même taille.
En revanche, passer par-dessus un autre animal est possible, même plusieurs à la fois. Toutefois pas s’il s’agit de sa/leur tête ou la queue. Alors qu’on peut le faire aux nôtres. Plus précisément juste sur l’une lors d’une phase. Puisqu’il faudra la déplacer sur le morceau neuf, afin de valider cet enjambement.
On a évoqué le fait que les parties du corps possèdent différentes longueurs et hauteurs. Cela tombe bien car on aura l’occasion de sélectionner celle qu’on désire à chaque phase. Évidemment cela renforce la stratégie et la profondeur de la rejouabilité. D’autant plus par l’astuce de Laurent Escoffier, donnant comme départ la pièce la plus basse à chaque camp. Normal, vous songerez. Sauf que les longueurs divergent entre les 4, offrant immédiatement de quoi se retourner l’esprit par davantage de manières.
D’autant plus en changeant sa couleur au fur et à mesure de l’enchaînement des parties. Qu’on gagnera en étant celle/celui avec le moins de morceaux restant en réserve, en cas d’impossibilité pour quiconque de continuer. Et donc victoire si la douzaine est établie. Sans oublier la subtilité d’avoir la tête placée le plus haut, pour se départager si égalité. Et pour varier l’ambiance, on nous propose une alternative. Cette fois, on ne prend pas une case directement adjacente. Il faudra un écart d’un espace entre la position de la queue ou tête actuelle et celle où on débutera notre ajout.
Le matériel de Block Ness contribue amplement à l’attirance première et finalement à la qualité du système ludique. Le plateau en 3D et les animaux à « assembler » dessus sortent du lot et renforcent le plaisir de jeu. Au même titre que la représentation par Christine Alcouffe et Simon Douchy. Avec des airs sympathiques, de ces héro.ïne.s aquatiques. Signalons enfin la présence d’un mode solo, aux puzzles à résoudre, via une application à télécharger.
Conclusion
Avec son contenu physique, univers compris, Block Ness propose un casse-tête stratégique simple dans son lancement, profond à maîtriser et immensément addictif. Qui parallèlement au plaisir de se triturer l’esprit pour réussir de son côté, en gênant simultanément notre/nos adversaire(s), nous fait éprouver du plaisir à manipuler ses originaux éléments.