On a souvent l’occasion de vous parler de sport, de mangas, ou encore de mangas de sport. Franchissons avec un cap avec cette alchimie si symbolique du milieu, au travers de l’ouvrage d’Antony Teixeira, Manga & Sport Une passion japonaise (Third Editions). Brassant plusieurs facettes de ce cocktail souvent aussi prenant qu’une véritable compétition.
En ce qui concerne ces fameuses facettes, l’auteur nous plonge même grandement en amont de la création des mangas axés sur le et même les sports. Le contexte historique nippon est évoqué de manière suffisamment riche. Afin de se rendre compte de son évolution, en grande partie forcée par l’Occident et ce à diverses époques. L’ouverture de l’archipel au monde s’avère une bonne chose pour le mélange des cultures. Voyant les pratiques ancestrales japonaises, essentiellement dans le combat archerie compris, se mêler à celles de l’Europe et des Amériques. Toutefois au fil des évènements, les choses s’exécuteront autrement. D’ailleurs ce n’est pas que la culture sportive qui s’inscrit de plus en plus dans la société au Japon. Tant dans son éducation, que son armée. Mais bien de véritables échanges culturels profonds, artistiques, autant que commerciaux.
Y compris dans l’évolution de la presse, voyant le manga se déployer avec brio. Cependant pas encore dans le sport. Suite à la Seconde guerre mondiale, les ouvrages du genre pointeront le bout de leur nez. Avec Batto-kun de Kazoue Inoue en 1947, pour le base-ball, sport symbole de l’implantation des U.S.A. au Japon, bien avant les horreurs de cette guerre. Devenu rapidement une véritable passion pour le pays. Le sport en général se ferra alors à cette époque plus présent dans le quotidien. Entre compétitions suscitant de plus en plus d’intérêt, retransmissions des médias, revues spécialisées…
Mais aussi l’influence américaine davantage forcée évidemment à l’époque. On ne va pas tout vous détailler, le livre résume déjà avec qualité ce long pan historique, dont découle l’arrivée tout autant de la majorité des disciplines depuis retranscrites, que de la machine médiatique et cette passion pour le sport. Loin du côté ancestral souvent et guerrier parfois. Car forcément si la boxe a autant de succès directement, dur d’apprécier l’envie étasunienne de mettre le ju-jitsu de côté et vanter le pugilat… Le bouquin ouvre ainsi aux réflexions sur la vie et pas seulement à une histoire de ce combo de format et de sujet.
Et encore, il ne s’agit là que d’un bref pan de Manga & Sport Une passion japonaise, imaginez la suite ! Néanmoins, cette partie plaçant le contexte absorbe et permet de mieux appréhender la suite. Tout d’abord par la relation entre le manga et le sport, les adaptations… Avant de farfouiller dans les catégories sportives : combat, balle, ballon, nature et jeux de réflexion.
Mais également la seconde identité qui fait généralement la force de ces œuvres. Rarement, surtout pour les meilleures, juste axées sur le sport. On y remarque à chaque fois des héroïnes et héros marquant.e.s. Leurs chemins de vie emplis d’émotions fortes et sensibles, des parcours initiatiques, des romans d’amitié et de rivalité s’entrecroisant… Tout cela évidemment abordé ici. Permettant autant d’en apprendre davantage, que d’être émoustillé.e tant on ressent cette capacité à nous faire vibrer, rien qu’en lisant ces points nous ramenant à tel ou tel manga. Et les sensations vécues au travers, à l’instar de matches et autres véritables compétitions. Tant les histoires magnifient l’aspect sportif et nous ramènent souvent à des éléments connus dans la réalité. Ou qu’on aurait désiré vivre, en ayant été sportives/ifs ou l’étant encore, peu importe l’âge et le niveau.
Au sein de l’ultime partie, à l’instar des derniers instants d’une rencontre sportive, un bouleversement a lieu et nous secoue. Pour mieux nous emporter vers un grandiose final. En l’occurrence, on s’y plonge dans les techniques visuelles et narratives. On en a qui nous reviennent en tête et découvrir cette analyse ressasse ces moments, nous en explique… Virage artistique grandement apprécié.
En parlant d’artistique, Ken Bruno et Frédéric Tomé nous proposent un éventail de sagas cultes en une de la version classique de Manga & Sport Une passion japonaise. Alors que la first print laisse la « Touch » de Sourya nous entraîner dans la mythique association du base-ball et du manga.
Conclusion
Loin de ne s’avérer qu’une penchée sur les ouvrages du genre, Manga & Sport Une passion japonaise ne se contente pas d’une simple analyse non plus. Contexte historique venu de loin, thématiques, codes graphiques et narratifs… L’effectif est au complet et mérite un trophée !