Les mystères aussi bien de faits divers, que familiaux, se lieront tout au long de La forêt des disparues (Bayard) de June Hur, traduit par Marion Roman et à la couverture de Pedro Tapa. Sous couvert d’un voile de fantastique, les enveloppant dans cette Corée du XVe siècle.
La jeune Hwani enchaîne apparemment les drames familiaux. Son enquêteur de père, disparu depuis qu’il est parti sur une affaire à Jeju concernant la disparition d’une dizaine de filles, étant le moteur premier de son aventure. Se rendant elle-même sur cette île qu’elle a connue enfant. Mais dont les souvenirs se complèteront, évolueront, changeront par rapport à la réalité actuelle. Voire celle d’époque, mais ignorée ou oubliée. Un lieu où vit cependant sa petite sœur, laissée ici par ses parents depuis plusieurs années. Non par plaisir, mais convaincu.e.s par la shamane du coin que cela serait pour son bien. Cette dernière toute puissante par son autorité, a apparemment tendance à annoncer aux familles que si telle enfant ne reste avec elle ici, elle souffrira d’une malédiction. Dont évidemment elle seule est au courant. Sachant se faufiler dans n’importe quel problème, pour en ressortir ce qu’elle désire. Tout du moins, voilà ce qu’on peut légitimement songer dès les premières découvertes de notre enquêteuse en herbe.
Car c’est en usant de toutes les méthodes usuelles, qu’elle part à la recherche d’indices. Que ce soit sur la scène de crime d’une fille sur laquelle elle tombe à peine arrivée, que sur les traces de son papa. Ou encore en interrogeant les différentes personnes influentes, recoupant des faits, cherchant les secrets enfouis chez chaque personnage sachant qu’il y en a à la pelle… Toutefois, c’est également dans sa propre vie intime, son enfance, qu’elle devra également fouiller et lutter. Notamment sur cette troublante fois où petites, elle et sa frangine se sont retrouvées en mauvaise posture dans la fameuse forêt. Mais la mémoire d’enfance s’estompant, voire se trompant, ne facilite les choses entre elles. Surtout après si longtemps, bien qu’elle espérait qu’elle l’aide.
Au contraire, les ressentiments chez la seconde qu’on peut comprendre, feront surface. Tout comme son respect des traditions imposées et de l’angoissante shamane. Mais cette dernière dissimule peut-être un secret pas si honteux. Sans s’avérer la coupable que notre héroïne pourrait trop vite croire ? Tout comme une autre cible, un homme mal perçu, pourrait s’avérer bien trop simple. Le suspense s’avère ainsi aussi intense pour elle, que pour nous. Surtout qu’elle n’est elle ni enquêtrice, ni particulièrement forte physiquement. Et les menaces risquent de rapidement se faire sentir !
Conclusion
Si la sempiternelle facette haletante attendue chez un thriller est bel et bien là, associée à un véritable suspense à bien des égards, la sensibilité de notre narratrice en découvrant parallèlement tout autant sur sa propre famille, rend plus poignant encore La forêt des disparues !