Chronique film La Maison des égarées

Notamment sélectionné au Festival d’Annecy 2022, La Maison des égarées (Les Films du Préau), réalisé par Shinya Kawatsura, au scénario de Reiko Yoshida et à la direction artistique de Yuki Hatakeyama, approche de sa sortie en salles en France. Une adaptation du roman “The House of the Lost on the Cape” (Kodansha) de Sachiko Kashiwaba, à l’ancrage autant dans l’humain et la réalité, que dans le fantastique.

La Maison des égarées

Soulignons dès maintenant que nous avons regardé Misaki no Mayoiga (titre originel), en version originale japonaise sous-titrée en français. Avec notamment les voix de Mana Ashida, Shinobu Ôtake et Sari Awano. Mais vous aurez également l’opportunité de le voir en français.
Justement en parlant de voix, la parole figurera parmi les principaux sujets du long-métrage. Au sens propre, la petite Yui n’arrivant plus à parler, depuis les drames qu’elle a vécus. D’abord un familial, puis le séisme ayant touché la région où elle se retrouve.
La Maison des égarées
Hiyori l’adolescente, quasi jeune femme, elle aussi a subi de douloureux événements lui ayant fait quitter le domicile familial. Avant de se retrouver seule comme l’enfant, dans cette région sinistrée. Cependant pas durant si longtemps, puisqu’une dame d’un certain âge, Kiwa, décide de les accueillir comme ses petites-filles. Jusqu’à ce qu’elles le deviennent réellement, sans besoin de liens du sang ? Évidemment, l’une des interrogations du film.
L’inquiétude se fait tout de même sentir chez l’aînée des ces 2 jeunes filles. On ressent derrière elle autant de sensibilité, qu’un caractère direct et une certaine méfiance. Surtout que cette mystérieuse dame les entraîne dans une maison au milieu de nulle part, où tout semble trop parfait. Un étonnement s’alliant à la première histoire de « jadis », que leur conta la mamie. Ces séquences de légendes narrées, changent le style visuel, mêlant estampes classiques, à une modernité des coloris et un grand dynamisme d’animation.
La Maison des égarées
La première y évoquant une maison surnaturelle, une Maiyoga, s’occupant de ses habitant.e.s. Mais au-delà de cet incroyable soutien, la vie quotidienne tente de reprendre son cours dans une atmosphère post-apocalyptique dans les faits, sans forcément la ressentir. Notamment de par l’entraide venue de partout, laissant d’autres surprises surgir.
Des créatures fantastiques existant véritablement et connaissant très bien la grand-mère. Malheureusement, si tant de ces personnages mystiques se rejoignent en ce point, cela est dû à une menace libérée. On ne vous dévoilera pas de quoi se nourrit le monstre en question, mais sa source poussera à la réflexion sur nos propres vies. Une facette s’amalgamant à la reconstruction, de soi plus que celle des habitations.
La Maison des égarées
La touchante poésie au fond de laquelle puise l’univers, se trouve davantage portée encore par la musique de Yuri Miyauchi. À laquelle s’ajoute l’accrocheur titre « Mayoiga » d’Hitsujibungaku. Et parallèlement ce mélange d’entités, yokais et autres, nous délivre énormément de personnages originaux artistiquement.

Conclusion

Traitant de sujets douloureux, tout en montrant d’amusantes scènes du quotidien, avec en toile de fond un relent du traumatisme sismique, La Maison des égarées s’avèrerait déjà une œuvre forte en s’arrêtant là. Elle va toutefois plus loin, en associant l’humanité au folklore nippon, afin de lutter ensemble contre un monstre nous rongeant en notre for intérieur, ici matérialisé.