Chronique roman Le temps fuit

Le titre déjà poétique, laissant songeuses et songeurs, Le temps fuit (Éditions Milan), insuffle un vent de nostalgie avant même de lire ce que nous réserve Nathalie Wyss à l’écriture et Raphaël Beuchot au dessin. Alors, câpres ou pas câpres de nous suivre vers cet ouvrage ?

Le temps fuit

Ne croyez nullement à des fautes d’orthographe, dues à un estomac ayant un creux. Néanmoins, on avoue qu’après avoir dévoré ce roman sur la route, on a mangé une câpre (pas de gourmandise chez nous) tant on en salivait à force que l’autrice en parle. Car une de ses héroïnes, Solange 12 ans, s’avère l’unique héritière d’une faramineuse entreprise de câpres. Fermée depuis le tragique accident de ses parents. Depuis, elle vit seule ou presque.

Si elle invente des histoires à propos d’une grand-mère avec qui elle vivrait, il n’en est rien. En revanche, elle cohabite avec énormément de chat.te.s. Puisque dès que des petit.e.s naissent, tout le monde vient les abandonner chez elle. Plus celles et ceux survivant dans le quartier. Et même en réalité, dans tous les quartiers qu’elle peut atteindre. Grâce à son titanesque stock de condiments, elle peut les nourrir par du troc avec les commerçants. Tout en se nourrissant elle-même de câpres, directement ou dans des recettes, tant elle en est gaga.

Alec le libraire, engloutit lui plutôt les bouquins au sens figuré. Cependant l’âge ,’aidant pas, sa vue baisse. Si bien qu’il passe une annonce afin qu’une personne lui fasse la lecture de jour, comme de nuit. Seule à répondre à l’annonce, l’adolescente et lui tisseront une relation amicale et finalement filiale. Car si lui a préalablement besoin d’elle, quand elle se trouvera malade, les rôles s’inverseront un moment. Lui faisant découvrir à quel point cette jeune fille se démène pour s’occuper de ces animaux qui n’ont personne d’assez humain.e pour les soutenir. Elle-même qui n’a plus de famille, en dehors de ces tribus qui le sont bien sûr devenue.

Alors que du côté de l’homme, il s’est complètement renfermé depuis que sa femme n’est plus. Ses relations avec autrui sont encore plus inexistantes, néanmoins on sent qu’il n’est acariâtre. Et l’arrivée de l’un.e dans la vie de l’autre, pourrait bouleverser la solitude du premier et la semi de la seconde. Qui ne devrait être cheffe de famille, travaillant comme elle le fait, alors qu’elle n’est qu’une enfant. Ne pouvant justement profiter de cette période avec innocence, au moins en partie. Ce qui n’empêche la grande drôlerie de l’histoire. Par de rigolotes piques, des références à cette folie des câpres dans la ville, la vie de ces félidé.e.s…

Conclusion

Deux personnages « félins » pour l’autre, comblant mutuellement une certaine solitude, démontrant qu’une vie existe encore. Et que des personnes davantage livrées à elles-même dans ce monde égocentrique, méritent et nécessitent qu’on les aide. Le temps fuit est poignant, drôle et si vous agissez réellement pour les autres suite à sa lecture, vous constaterez qu’elle ne vous aura fait perdre votre temps !