Chronique roman Pas la fin du monde

T’en fais pas c’est Pas la fin du monde s’exclamait le philosophe Renaud. Le roman de Rachel Corenblit, paru chez Bayard, reprend lui aussi cette expression, nous absorbant dans une dramatique situation. Une histoire de famille, en pleine explosion de l’usine AZF à Toulouse en 2001.

Pas la fin du monde

On entend d’ailleurs fréquemment encore : on se souvient toutes et tous de ce que l’on faisait le 11 septembre 2001, en apprenant les évènements du World Trade Center. Si la catastrophe 10 jours plus tard dans la ville rose est différente, même si en direct tout était envisagé et plus encore avec l’enchaînement de ces horreurs, on a quasiment l’impression que c’est oublié. Y compris en France, sauf évidemment sur place et pour les proches des victimes.

Justement, on vivra le périple d’une famille éclatée en plein cœur de la situation. Mal en point dans les relations entre la grand-mère, la sœur, le frère et le père, chacun.e avec ses idéaux, ses blessures, son caractère… Et une tension globale par rapport aux autres membres, sans être totalement fâché.e.s, mais quand même. En revanche, quasi tout le monde semble se rejoindre sur la colère envers la mère. Enfin pas vraiment pour François, son désormais ex, qu’elle a quitté pour un autre homme depuis un moment. Le bouleversant à un très haut point, le rendant plus faible que jamais. Finalement dépendant de sa mère âgée et de sa progéniture récemment entrée dans « l’âge adulte ».

La frangine Frida et le frangin Léon, pas vraiment sur la même longueur d’ondes. Néanmoins, la terreur des évènements les verra se retrouver pour des buts communs : sauver leur famille. Physiquement dans un premier temps, dans cette atmosphère apocalyptique, sans information, ne sachant tout bonnement ce qu’il vient de se produire et peut encore arriver. L’urgence est de mise, tout en croisant d’autres personnes en difficulté, voyant des pillages, des scènes d’angoisse… Dans tout ce marasme et en quête de leurs proches, dont le duo ne semble pas si proche, les langues se délieront. Parfois violemment, où les non-dits se lâcheront. Tout en en apprenant progressivement sur divers protagonistes par des chapitres consacrés…

Notamment à propos des relations de cœur. Entre Julie la guindée, à laquelle le garçon semble avoir tout donné, peut-être trop. L’univers dans lequel gravite la demoiselle, n’étant pas vraiment celui de Frida. Une raison de plus d’éprouver de la rage, elle partant au quart-de tour systématiquement. Toutefois, peut-être que son amie Émilie s’avèrerait capable de l’apaiser. La jeune femme que n’ose apparemment présenter pour l’instant notre héroïne. Mais cette expérience aussi lourde, que libératrice pour chacun.e, pourrait faire évoluer les choses.

Conclusion

Au cours d’une situation de destruction collective d’une profonde émotion, c’est une reconstruction familiale ne tombant dans la facilité qui se développe. Pas la fin du monde pourrait ainsi servir à tant de familles qui se déchirent, pour de fallacieuses raisons ou pour un rien, au lieu de s’entraider.