Chronique roman Une sirène de poche

Vous le savez sûrement, mais il est un estuaire, un long fleuve de soupirs, où l´eau mêle nos mystères et nos belles différences. J´y apprendrai à me taire et tes larmes retenir… Ah ben non justement, il vaut mieux ne pas les retenir si vous désirez sauver Une sirène de poche (Poulpe Fictions). Une aventure durant laquelle Florence Medina et les dessins de Kim Consigny, nous feront voyager dans cet autre Finistère.

Une sirène de poche

Comme le dit la chanson, les garçons ne pleurent pas… Et on a envie d’ajouter, sauf quand ils pleurent ! Un constat qui vaut pour le jeune Maïlo. Qui comme tous les bonhommes, les mecs, les vrais, n’a jamais les glandes lacrymales qui s’expriment. Sauf lors de quelques exemples, que l’autrice nous confie avec beaucoup d’humour. Toutefois, l’heure n’est pas à la plaisanterie dès les débuts du livre. L’amie hamster de Maïlo, Bergère, n’est plus et évidemment l’enfant prend de plein fouet l’horreur d’une telle perte. Que seul l’être emporté pourrait atténuer en vous consolant. Saleté de cercle vicieux !

Cette première partie est bouleversante. D’autant plus qu’on ne nous y montre pas de manière simpliste les choses. Ni au contraire, en en faisant des caisses mal senties. En lieu et place, Florence Medina y glisse des détails frappants. Au sein desquels à peu près toute personne ayant connu un tel drame se retrouvera. Y compris par la fameuse boite. Parmi les premières illustrations de Kim Consigny, on se retrouvera tout autant porté.e par ce mélange des émotions. Allant de la tendresse, au poignant qui risque de nous faire fondre en larmes.

Sauf les mâles évidemment ! Enfin pas Maïlo qui lors d’une larme versée, en voit débarquer une sirène. Enfin voir c’est un bien grand mot, car pour sortir de là, elle s’avère minuscule. Rendant la rencontre cocasse et nous laissant nous demander si le garçon ne rêve pas. Ou s’il n’a pas mangé trop de kouign-amann végétalien. Mais non, l’espiègle et pétillante sirène existe bel et bien. Et il devra rapidement prendre soin d’elle, pour notamment éviter qu’elle ne dessèche sur place. Venus de son prénom, ne peut toutefois vivre que d’eau fraîche du robinet, de fleur de sel et de Polly Pocket. On n’en révèlera pas davantage sur ce dernier point, mais toute la dimension accessoire autour de cette invitée nous délivre de drôles de moments. Toutefois emplis de nostalgie, notamment par rapport à sa sœur, rendant encore plus touchant l’ensemble en juste quelques phrases à ce sujet, terriblement crédibles.

Revenons-en à notre mi-fille, mi-poisson, qui de par sa spécificité d’être une sirène de poche, nécessite un certain liquide pour survivre : des larmes ! Et même si son instigateur tient à elle et l’aide autant que faire se peut, il ne va quand même pas chialer, c’est un gars ! En revanche dans sa classe, une fille laissée de coté et raillée par tout le monde, pleure elle à volonté derrière ses lunettes. L’occasion est trop belle, mais bien que son camarade ne se moque pas forcément directement d’elle, il n’est pas mieux que les autres en riant à leurs méchancetés pour suivre le mouvement.

Ce n’est donc pas gagné d’avance. Mais les 2 se lieront pour soutenir leur nouvelle amie. Toutefois, cette dernière est destinée à rejoindre la mer pour continuer à vivre. Soit un potentiel déchirement supplémentaire, que le garçon acceptera ou non ? Peut-être que cette épopée lui permettra de se rapprocher d’une autre personne…

Conclusion

Aussi bouleversant qu’amusant, on ne ressort d’Une sirène de poche sans y penser encore des jours après. De sa première phase poignante, à d’autres moments rudes ou d’espoir, en passant par sa narration pleine de remarques rigolotes pour tous les publics et pas juste les pré-ados/adolescent.e.s, le roman nous marque dans tous les domaines.