Critique de la bande dessinée Minneapolis Capitale du funk

La diversité des couleurs musicales s’avère une richesse artistique et de plaisir qui, comme pour tout, se trouve par-ci, par-là, entravée par une population pas très branchée mélange des teintes justement. Et pas que dans les genres musicaux ! Un aspect, pas l’unique, mis en avant durant Minneapolis Capitale du funk (Les Humanoïdes Associés). Bande dessinée écrite par Joe Illidge et Hannibal Tabu, traduite par Cécile Hermellin et dessinée par Meredith Laxton, avec la présence de Prince.Minneapolis Capitale du funk

Toutefois, si celui considéré par beaucoup comme The Artist de la ville en question, voire du Minnesota tout entier, il ne s’agit pas d’une B.D. à son sujet. L’héroïne, Theresa, se retrouve attirée depuis son enfance par la musique en général. N’hésitant pas à emprunter la guitare à son père sans son autorisation. Ce dernier préférant qu’elle se consacre à l’école et non à la gratte. On basculera rapidement jusqu’en 1982. Quand la désormais jeune femme décide de se lancer un ambitieux défi. Alors que jusqu’ici, elle se sent bloquée dans l’avancement de sa carrière. Qu’elle ait tort ou raison, par rapport au fait qu’elle pense que son funk n’est pas adapté à la plus rock Minneapolis. En plus de songer qu’être noire dans une ville à la forte culture caucasienne à l’époque, ne l’aide.

Elle rassemble alors des talents du coin. Qu’elle connait ou déniche, avec une phrase déterminante propre à chacun.e, afin de les faire accepter. Y compris son frère en bassiste. Rapidement, Starchild se forge une réputation dans le coin et Prince le repère. Conviant sa meneuse chez lui. Le sachant capable de lui donner le coup de pouce facile, pour que la formation franchisse un cap, dur de refuser. La troublante et mystérieuse relation à distance, reliée par l’assistante du pas encore Love Symbol, intensifiera le suspense du parcours des membres. Tout en voyant celles et ceux-ci forcément s’embrouiller. Comme tout groupe qui se respecte. En parallèle aux difficultés rencontrées, par jalousie ou autres. La bande réussira-t-elle à conserver son identité ? Tout en marquant les tympans, les esprits, voire leurs parents plus là pour la sœur et son frangin ?

De la une, à la 4e de couverture, on a l’impression que tombe sur Minneapolis Capitale du funk une pluie pourpre. Sous divers tons, notamment lors des prestations scéniques, des couleurs dues à Tan Shu. Et bénéficiant de jeux de lumière assez fantastiques pour nous plonger dans l’ambiance, même sans le son. En bonus, on a droit à un avant-propos de Josh Jackson du magazine Paste et une postface de Fabrice Sapolsky (notamment co-créateur de Spider-Man Noir). On nous y plonge notamment dans les galères des artistes du coin et sur la vie du Kid de Minneapolis. En outre, on découvre des œuvres nous révélant la création de personnages. Ainsi que des esquisses de couvertures par Jen Bertel, dessinatrice de la une de l’édition originale MPLS Sound. Et un portrait de Prince par Dustin Nguyen.

Conclusion

Au travers d’une épopée artistique, Minneapolis Capitale du funk traite de problèmes sociétaux et personnels, sous la finesse d’un solo de haut de niveau. Avec en toile de fond, ce sentiment bringuebalant en vue de partager sa musique. Entre rester fidèle à soi-même, se fourvoyer, voire trahir, ce dont on a l’habitude dans le milieu !