Critique du roman Aurore

Avec juste le prénom de son héroïne Aurore en guise de titre, il est peu de dire qu’elle est à l’épicentre du livre de Jérémie Kisling. Néanmoins, vous remarquerez qu’il va bien plus loin que le bout de son nez.

Aurore

D’ailleurs offrir Aurore comme nom à l’ouvrage, donne un indice sur le ton. Puisque dans la foulée on découvre un prologue, qui nous montre que la narratrice/héroïne sait qu’elle nous raconte un pan de sa vie. Ce qui continuera jusqu’au terme. Le tout qui s’entrecoupera de dialogues avec les autres personnages. Mais l’on conservera régulièrement des discussions unilatérales entre Aurore et notre propre personne. Durant lesquelles elle adore nous conter ce qui se passe pour elle, avec son ton très humoristique. La jeune fille de 15 ans étant particulièrement portée sur les jeux de mots.

Cependant la rigolade en prend un coup quand elle apprend par hasard, qu’elle a été adoptée. Un choc, d’autant plus par la manière de la découverte. En plus de son âge déjà avancé, surtout qu’elle semble être une adolescente qui ne veut pas être infantilisée. Du moins dans ce genre de cas. Car aller retrouver du confort auprès de son grand-père, démontre à quel point elle reste une fragile enfant. Même si par conséquent elle n’a pas non plus de lien du sang avec lui. Et elle pourrait considérer qu’il est autant cachottier que sa mère et son père.

Aurore

Aurore se sent surtout perdue, se demandant d’où elle vient. La première allégorie via son amie chinoise, qui a du mal à se sentir chez elle en France, tant le dépaysement est total, renforce ce sentiment. Et de la rencontre avec Sliman, jaillira pour elle une sensation de situation commune. Bien que les 2 paraissent à des années lumières l’une de l’autre. On découvre un jeune homme, également troublé dans ses repères. Ayant fui son pays d’origine, perdu ses parents, dormant où il peut et mangeant quand cela est possible, le contraste est saisissant. Toutefois cette recherche identitaire, dans un monde où le duo semble perdu, à une échelle différente entre les 2, les fait se rapprocher.

Tout comme leur propension à user de jeux de mots. Même si pour Sliman cela s’avère parfois involontaire, à moins qu’il ne fasse super bien semblant. La doublette, sous la bienveillance du papy, part vers une quête parentale qui les mènera de la folie de la ville, à la solitude de la forêt. Des lieux et sensations qui s’échangent sur la couverture signée Zep. Où l’on ressent une Aurore un peu paumée au milieu de tous ces gens. Précisons que le roman s’accompagne d’un QR Code pour écouter une chanson de Jérémie Kisling. Composée en tant que bande-originale de cette lecture.

Aurore

Conclusion

Au-delà de l’humour constamment présent et même de la recherche intérieure (mais à l’extérieur) d’Aurore, l’on découvre une histoire particulièrement concernée par notre monde. Où le déracinement et le sentiment de ne pas se sentir chez soi et même repoussé, toucheront on l’espère quiconque. Afin de faire bouger les mentalités et les actions.