Critique du roman Celle que je suis

Bien qu’en France ce ne soit pas la joie au niveau de la liberté, puisque continuellement des énergumènes continuent de se soulever contre le mariage entre femmes ou entre hommes. Et qu’en parallèle, celles-ci restent dans la majorité des cas, inférieures aux hommes par rapport à la société. L’on pourrait presque se réjouir de notre situation, si on la comparait à l’Inde. Où dès leur naissance, l’avenir des filles semble tout tracé. Comme nous le raconte Anne Loyer, avec Celle que je suis.

Celle que je suis

Celle que je suis nous fait suivre l’histoire d’Anoki, 16 ans. Un âge où l’on s’approche d’un éventuel mariage dans le système indien. Mais pas noué de sentiments. Plutôt arrangé entre parents, avec souvent des marié(e)s qui ne se sont jamais aperçu(e)s avant la cérémonie. Justement, tout débute par sa belle-sœur, encore plus jeune qu’elle. Qui a épousé le frère d’Anoki, alors qu’elle ne le connaissait point. Bonne nouvelle, elle peut avoir l’occasion de devenir infirmière. Néanmoins elle connait suffisamment les codes pour n’oser parler du courrier confirmant cette possibilité. Ce que la fougueuse Anoki, qui a soif de liberté, n’hésite pas à révéler. En pensant bien faire. Tout le monde devrait se réjouir de cette chance.

Malheureusement pour elle et encore plus pour sa belle-sœur, que l’on sent très fragile, la lettre partira vite en morceaux. Choquant plus que jamais notre héroïne de vie, la rendant encore plus déterminée par la même occasion. Une envie qui se décuplera, dès qu’elle trouvera sa voie suite à une rencontre. Elle désire s’engager dans le journalisme. Ce qui par ailleurs nous donne droit à un terme qui, s’il n’était pas vulgaire et déshonorant, s’avérerait un très bon jeu de mots.

Plus on lui met des bâtons dans les roues, à commencer par ses propres parents, plus celle-ci part bille en tête. Fort heureusement, elle peut compter sur son grand-frère. Un autre, qui lui vit en France pour ses études. Les 2 échangent ainsi par courriers, avec un certain temps entre chaque. Ce qui forcément laisse un certain vide pour la jeune fille entre 2 échanges.

Mais à chaque lettre de son frangin, l’on prend une sacrée dose émotionnelle. Ses écrits paraissent si concrets et sont si touchants, que ces passages s’avèrent des moments très marquants de Celle que je suis. Si bien que l’on pourrait presque avoir envie d’en retrouver davantage. Sauf que s’il en envoyait plus, le charme et la longueur des textes, tant il tient à répondre à tous les événements, nous frapperaient moins. Au même titre que les éléments qu’il glisse sur sa vie. Particulièrement les différences dont il se rend compte entre les 2 sociétés.

Celle que je suis

D’autant plus en apprenant ce qu’il se déroule dans sa famille loin de lui, tandis qu’il découvre la vie  » à la française « . Où l’on retrouve une certaine liberté dans les amitiés. Qui se font aussi rapidement qu’elles se défont. Ce qui s’avère troublant et pas forcément meilleur finalement. L’attachement est envisageable, les femmes y sont  » émancipées « , le célibat n’est pas une mauvaise chose… Mais en même temps, ces approches sentimentales fluctuantes s’avèrent bien étranges.

Naoki peut aussi compter sa sœur, adolescente également mais un peu plus jeune. Dont le tempérament la faisant partir au quart de tour renforcera cette envie de choisir celle qu’elle sera. En plus de soutenir sa grande sœur. Ce dont elle aura besoin, pour ne pas devenir une simple épouse forcée. Surtout qu’en parallèle, des sentiments naissent envers le cousin de sa meilleure amie. Une situation inacceptable, voir un garçon en secret ! Celle que je suis nous montre à quel point la vie n’est pas la même quand on naît femme. Mais quand on est femme, on ne dit pas ces choses là.

Pourtant, ce n’est pas car un jeune homme entre dans sa vie, que lui aussi doit se croire tout permis. L’adolescente aura avant tout comme objectif de poursuivre son ambition de devenir journaliste, d’abord en réussissant ses études. Tout en se confrontant à ses parents. Des scènes très fortes, ne jouant jamais dans la facilité, ni le manichéisme, se révéleront face à nous.

Conclusion

Aussi touchant en lui-même, que percutant sur la confrontation des sociétés, Celle que je suis nous indigne, tout autant qu’il nous montre la chance que l’on peut avoir. Espérons que grâce à l’ouvrage d’Anne Loyer, un maximum de personnes réagira pour, au moins, soutenir les femmes dans cette situation. En Inde ou ailleurs. On ne l’a d’ailleurs pas évoqué, afin de vous conserver certains éléments, mais vous verrez au sein du livre à quel point l’on peut les aider.