La scène se déroule pendant l’E3 2015 et plus précisément au beau milieu de la conférence Electronic Arts. Tout se passait comme prévu entre deux trailers de FIFA et Battlefront, quand tout à coup un homme timide et mal à l’aise surgit sur scène, portant d’une main tatouée jusqu’au bout des doigts une sorte de peluche rouge… On saura plus tard que cet homme s’appelle Martin Sahlin, développeur et directeur créatif chez Coldwood Interactive, le studio suédois à l’origine de l’ovni Unravel.
Le fil d’Ariane
Huit mois plus tard, Unravel est disponible au téléchargement sur PS4, Xbox One et PC pour une vingtaine d’Euros. On pourrait le définir comme un jeu de plateformes parsemé de puzzles à résoudre à l’aide du gameplay propre au jeu. Mais revenons tout d’abord à Yarny, son (très mignon) personnage principal et à l’histoire du jeu.
Difficile de connaitre précisément le scénario d’Unravel étant donné que le jeu est dépourvu de dialogues et que Yarny est muet comme une tombe ! On comprends toutefois qu’il s’agit de l’histoire d’une dame âgée qui – à travers le personnage de Yarny – part à la poursuite de ses souvenirs et des principales étapes de sa vie. D’ailleurs, finir chaque niveau fait apparaître de nouveaux clichés dans l’album photo familial, qui permet tel un fil d’Ariane de reconstituer les moments marquants de la famille.
Yarny a beau être muet, il est tout de même capable de communiquer des sentiments très forts à travers ses gestes, ses attitudes et ses expressions. L’ambiance d’Unravel est d’ailleurs très changeante selon le niveau traversé. On passe par la joie, la peur, l’angoisse mais aussi la tristesse dans certains niveaux très mélancoliques lorsque le jeu évoque les thèmes du temps qui passe, de la vieillesse ou de la pollution industrielle.
Du fil à retordre
Du point de vue du gameplay, Unravel se base sur les capacités singulières de son personnage principal : Yarny est constitué d’un fil de laine rouge enroulé autour d’une structure en fil de fer, d’où son nom (yarn voulant dire fil en anglais). Au fur et à mesure qu’il avance dans un niveau, le fil de Yarny se déroule au point de ne plus pouvoir avancer. Il doit alors trouver une pelote de laine rouge qui constitue en même temps un checkpoint et une recharge en laine rouge.
Toute cette laine est à la base du gameplay et des puzzles de Unravel. Elle permet à Yarny – à l’instar d’un grappin ou d’un lasso – de s’accrocher à une branche, de tirer un objet, de se hisser au dessus d’une corniche ou de se balancer pour traverser un trou. Mais la capacité la plus importante de Yarny est sans doute le fait de pouvoir faire des nœuds pour descendre en rappel ou créer un trampoline. Mine de rien l’équipe de Coldwood Interactive a fait preuve d’une belle inventivité en mettant au point ce gameplay basé sur le maniement de la laine. On regrette toutefois qu’une fois les premiers niveaux passés, les énigmes commencent à se ressembler pour finalement ne plus poser beaucoup de problèmes.
L’autre particularité de Unravel est sa direction artistique absolument sublime. Le jeu est pratiquement photo réaliste à travers l’application de très belles textures et des effets de lumière à tomber. Le jeu gère également très bien la profondeur de champ et la physique de la neige et de l’eau. Bref, le jeu propose une modélisation très belle et très réaliste des paysages suédois, de sa faune, de sa flore et de ses conditions climatiques.
Conclusion
Unravel avait beaucoup étonné lors de son annonce inattendue. Finalement le studio suédois Coldwood Interactive a bluffé tout le monde en livrant à temps un jeu délicat, inventif et incroyablement beau. Unravel réussi également à aborder très sobrement et sans dialogues des thèmes très peu représentés dans les jeux vidéo comme la vieillesse ou l’écologie.
La copie serait parfaite si les énigmes et les éléments de gameplay parvenaient à se renouveler davantage dans la deuxième moitié du jeu. Mais ce léger bémol n’est pas suffisant pour gâcher la performance de Coldwood Interactive qui réussi en un jeu à devenir la caution indé de EA.
Plus :
- Direction artistique sublime
- Gameplay très original à base de fil
- Un prix doux pour une douzaine de niveaux (19,99€)
Moins :
- Les énigmes ont un peu du mal à se renouveler dans la deuxième moitié du jeu
- Une difficulté inégale tout au long du jeu
Note : 4/5