Dragon Age est une saga plutôt irrégulière mais assez jeune également (elle commence en 2009). « Inquisition » se présente comme le troisième volet. Après un second épisode ayant laissé un goût plutôt amer pour la plupart, Bioware avait fort à faire pour redorer le blason de sa série. Et plus que de le redorer, le studio a réussi à transcender son concept en puisant dans son plus bel héritage et nous offre en cette fin d’année LE RPG à l’occidentale que nous attendions. Dragon Age: Inquisition en trois mots : générosité, variété et chronophagie notoire !
Remettons les pendules à l’heure
Dès le premier opus, Dragon Age : Origins, en 2009, chez Bioware, on insuffle directement les éléments dont ils sont passés incontestablement maître au niveau du jeu de rôle à l’occidentale. Il faut dire que le studio canadien a marqué les esprits depuis sa création en 1995. Bioware, ça se résume tout de même aux plus grandes séries de jeux vidéo tels que Baldur’s Gate, Neverwinter Night mais aussi Knight of the Old Republic et plus récemment Mass Effect. Dans le tas, on a la licence Dragon Age. Le premier volet rencontre un succès critique certain. On fait alors l’éloge de sa très bonne durée de vie et de ses combats tactiques. Par contre, le jeu souffre d’un grand classicisme, d’un système de DLC multiples dès la sortie du jeu (dont le troisième volet ne semble pas souffrir, ou du moins, beaucoup moins) et de zones de jeu assez réduites.
Le second volet, sobrement numéroté, devait faire mieux mais déçoit partiellement. Le système de jeu est simplifié. On perd, à tort, les éléments issus des anciennes productions. Du coup, ça divise. La vue tactique disparaît, les origines également et le monde est encore plus cloisonné que dans le premier épisode. Le choc est tel que Bioware communique un mea culpa par le biais de l’un de ses designers, Mike Laidlaw. Si l’histoire du troisième opus prend le relais des deux premiers, est-ce vraiment important de les faire de « a » à « z » ? Pas forcément. Notons que s’il est impossible de récupérer ses anciennes sauvegardes pour profiter des choix effectués dans les anciens épisodes, un outil proposé par Bioware offre la possibilité de les parcourir afin d’impacter sa future partie de Dragon Age : Inquisition.
Dragon Age Keep est donc un utilitaire qui va vous permettre de façonner en accéléré votre expérience de jeu en donnant des indications passées sans pour autant faire les deux premiers volets. « 300 choix à faire à partir des deux précédents opus » dit-on, ce qui permet de personnaliser davantage le jeu, qui propose déjà quelque chose de complètement ahurissant à ce niveau.
Le chaos venu de l’Immatériel
L’Immatériel prend la forme d’une substance volatile verte qui ouvre une brèche permettant à des monstres d’apparaître.
Ce troisième opus prend place en Thédas, soit la même contrée que dans les anciens opus. Tout va au plus mal : une faille temporelle a ouvert des brèches verdâtres dans le ciel et des démons en sortent, menaçant grandement la tranquillité de l’univers. Concrètement, ces failles donnent accès à l’Immatériel, le monde des rêves, des esprits mais aussi de la magie. Votre avatar – conçu minutieusement via un éditeur de personnage très efficace, mais j’y reviendrai – se réveille, quasiment amnésique, suite à une explosion lors d’un événement où il était question de négocier la paix entre les mages et les templiers. Chance ou malchance, suite à cela, vous bénéficiez d’un pouvoir permettant de refermer les brèches.
S’il est impossible de changer la corpulence du personnage, il est néanmoins possible d’aller assez loin dans la personnalisation faciale.
D’abord douteux, votre nouvel entourage vous prendra pour cible pour se rendre compte que votre aide peut être le seul espoir possible. Votre personnage devient par le fait des choses « le messager d’Andrasté« , du nom de la prophétesse de l’Eglise de la Chantrie (le Vatican du coin). Pas de chance pour cette institution car l’explosion est aussi le théâtre d’une perte dramatique : la mort de la Divine. Naît de ce fait l’Inquisition, une faction regroupant des êtres de tous bords, dont la mission sera de mettre un terme à ce chaos. Et « chaos« , parlons-en, puisque la zizanie est omniprésente dès l’introduction. Les mages se soulèvent face à l’oppression des Templiers, tandis que la Chantrie se retrouve fortement affaiblie et meurtrie. Qui se trouve derrière ces failles ? C’est ce que le jeu nous propose de découvrir.
Le choix des races et des classes a l’air peut-être un peu juste mais l’approfondissement de ses facultés se traduit par une grande variété de gameplay.
Représentant sacré d’un genre ancestral, Bioware a tenté, avec cet épisode, de redorer l’image de sa vision des jeux de rôle à l’occidentale. Ainsi, on retrouve enfin un jeu de rôle dense, complet et très généreux. Tout commence avec un éditeur de personnages digne de ce nom. Quatre « races » sont proposées parmi les Nains, les Elfes, les Humains et les Qunari. Si les premières sont régulièrement retranscrites dans toute fiction d’heroic-fantasy, la quatrième race est propre à Dragon Age. Pour faire simple : il s’agit d’êtres humanoïdes dotés de cornes et affublés d’yeux particuliers. Une fois le physique défini, il faudra choisir parmi trois classes de départ : mage, voleur ou guerrier. Si le choix a l’air un peu étriqué au premier coup d’œil, c’est sans compter les spécialisations (héraut, templier, nécromancien, assassin, artificier, etc.) qui seront à choisir au fur et à mesure de la progression. Le travail effectué par la suite est vraiment impressionnant puisqu’en choisissant une race, les rencontres seront axées en fonction et l’on rappellera vos origines à diverses occasions.
Progresser au sein de l’Inquisition
De base, le Messager d’Andrasté est le personnage contrôlé par le joueur. En appuyant simplement sur bas ou haut, sur la manette de jeu, il est possible de prendre le contrôle de l’un des trois autres compagnons.
Dragon Age : Inquisition se joue à la troisième personne, un personnage à la fois. Si, de base, on contrôle l’Inquisiteur en personne, il est tout à fait possible de switcher de l’un à l’autre pour diverses raisons. L’une d’elles, très intéressante, est la complémentarité des compagnons. Le voleur peut crocheter des portes, le guerrier peut détruire des passages fragilisés et le mage peut défaire un ensorcellement bloquant l’accès à un passage vital. Autant dire qu’il est impossible de progresser dans le monde de Thédas en ne se focalisant que sur un profil unique. Il est ainsi grandement conseillé de se créer, à chaque sortie (où il faudra définir qui part ou qui reste), un panaché de compétences pertinentes.
Outre un mode classique inspiré de la plupart des action-RPG existants, le mode tactique permet de ralentir le temps et de choisir les actions de chaque personnage. On retrouve ainsi des combats en tour par tour. L’un ou l’autre : cela dépendra de votre façon d’appréhender ce troisième volet.
Le jeu propose un peu moins d’une dizaine de compagnons potentiels. Potentiels ? Oui, j’y reviendrai, mais tout n’est pas imposé dans le jeu et il est même possible de refuser de profiter des services de l’un ou l’autre. Inspirés des premier opus, certains de vos choix seront plus ou moins favorablement approuvés par votre communauté. Au niveau des combats, Dragon Age : Inquisition propose du classique mais du très efficace. Concrètement, il y a deux styles de combat. Le premier est en temps réel et s’apparente à ce que tout bon action-RPG propose. Le second style s’apparente plus à ce que Dragon Age: Origins proposait. Plus stratégique, le jeu peut se mettre en pause et le joueur peut assigner des ordres à ses personnages. La « vue tactique » quitte la vue à la troisième personne pour offrir une vue du dessus pour que tous les personnages soient visibles. Aucun des modes n’est imposé. Au niveau des attaques, la gâchette arrière droite permet d’asséner des coups. Un appui continu permettra d’attaquer sans discontinuité. Les boutons d’action (sur Xbox One, « Y », « X », « B » et « RB ») seront assignables à diverses compétences. En appuyant sur « LT« , une seconde série de compétences peuvent être placées sur les mêmes boutons. En simultané, un total de huit compétences sont donc activables en combat. Un beau panel d’attaques donc et des combats qui sont souvent variés et dynamiques.
Classique mais efficace : si les personnages montent en niveau, ils gagnent également des points de compétence. Il faudra les attribuer pour pouvoir développer son personnage parmi plusieurs arbres de compétences.
Naturellement, chaque action (les combats mais aussi la lecture d’une note ou d’un livre, la découverte d’un lieu, etc.) rapporte des points d’expériences. Les différentes caractéristiques du personnage évoluent mais il faudra également compter sur les points de compétences. À ce niveau, les compétences (qu’il faudra assigner sur les boutons de la manette) évolueront par le biais des points correspondants. Dans les « Archives personnelles » d’un personnage, plusieurs choses sont à faire. Au niveau des « capacités« , des arbres de compétences se développeront selon divers styles. Prenons l’exemple du voleur. Il offre le choix de développer des compétences par rapport à Dague Double. Mais il est également possible de lui développer des facultés d’archer (il faudra lui donner un arc pour bien faire), de saboteur ou de subterfuge (c’est un voleur, ne l’oublions pas). Comme il est impossible de gérer ses quatre personnages en même temps, lors d’un combat, l’option « Comportements » permet de définir l’attitude de l’IA du personnage non contrôlé. Il sera ainsi possible de définir le choix des cibles avec une attitude plus défensive ou offensive. Le jeu est vraiment pertinent à ce niveau et la personnalisation va assez loin. Un vrai plaisir en somme.
Le poids des choix
Si la plupart des discussions n’influent pas tellement, d’autres, par contre, sont à analyser pour arriver à ses fins. Vos échanges peuvent aboutir jusqu’à avoir des relations amoureuses. Il faudra tenir bon et échanger en ce sens dès que c’est possible.
À l’instar de ce que l’on trouve dans les Mass Effect, ce Dragon Age : Inquisition propose des choix moraux, certains étant plus impactants que d’autres. À divers moments, la « roue de dialogue » chère à Bioware propose de poser diverses questions mais surtout d’agir différemment. Le centre de la roue indique d’ailleurs la teneur de la réponse (regret, charme, surprise, etc.). Bioware a été même jusqu’à proposer la possibilité de vivre une romance avec la majorité des personnages. Cela demande de la rigueur et de la logique dans le suivi du personnage ciblé mais la richesse à ce niveau est tout bonnement incroyable. Les développeurs ont évoqué la possibilité de faire un total de huit romances finalisées par une scène sexuelle dite « mâture » et « élégante« . Les choix moraux ont un impact sur l’histoire en générale mais se contextualisent sur certaines séquences. Un bal où il faut se montrer diplomate tout en enquêtant sur un danger réel permet d’y voir une nouvelle dimension et de travailler sur de la réputation et des effets très variés.
Tant de choses à faire
Chaque zone offre un décor varié et surtout une profondeur de champ vraiment agréable. Le tout donnant vraiment l’impression que l’on peut aller partout.
Jeu de rôle dans la plus pure tradition, Dragon Age : Inquisition regorge de lieux à découvrir. Il y a d’ailleurs tellement de choses à faire qu’on peut avoir l’impression que le scénario n’avance guère car on s’entête, sans s’en rendre compte, à vouloir analyser chaque recoin d’une des grandes cartes (même les régions les plus étroites). Mais dans l’idée générale, l’objectif premier est de réunir des forces nécessaires pour se battre contre la vraie menace qui se montre enfin après quelques heures de jeu. Promu à la tête de l’Inquisition, c’est vous qui allez prendre les décisions… qu’il s’agisse d’actions à réaliser soi-même ou à faire par d’autres.
La carte du monde est divisée en deux régions : l’Empire d’Orlais et le Royaume de Férelden. Tel un point central du monde de Thédas, le QG de l’Inquisition sera un lieu que le joueur visitera plus qu’il n’en faut. En son centre, Bioware propose une table de commandement. C’est de là qu’il faudra analyser les lieux à visiter et surtout établir une stratégie en fonction des besoins militaires, etc. Naturellement, l’Inquisiteur et messager d’Andrasté sera entouré de personnages influents. On retrouve ainsi d’anciens visages connus des joueurs de Dragon Age comme Cullen Rutherford, un templier, Sœur Léliana mais aussi Joséphine Montilyet. Chacun d’eux, avec leur vision propre, représentent les ambassadeurs de l’Inquisition. En s’attablant dans la pièce de commandement, le joueur aura le choix d’opter pour plusieurs points d’intérêt avec une situation donnée. Certaines sont juste activables et seront réglées, passivement, par vos forces en présence (offrant naturellement leurs bénéficies à l’Inquisiteur). D’autres réclament une présence physique du Messager. Quoi qu’il en soit, l’histoire ne progressera qu’en se rendant régulièrement en ce lieu.
En mission, les cartes, aux environnements extrêmement variés, proposent quelques récurrences. Hors des camps (de base et à découvrir) qui seront le lieu pour se reposer, changer de personnage ou récupérer les rapports de ses fidèles, il faudra naturellement refermer les nombreuses failles menant à l’Immatériel. Le jeu propose également des « Ocularums« , une sorte de lunette fixe plantée dans le sol à un endroit stratégique qui va permettre d’identifier des éclats éparpillés. Ces derniers permettent d’ouvrir des portes, dans des grottes ou des cryptes, et donnent accès à du matériel de qualité. On peut également trouvé les « Astrariums« , des dispositifs antiques permettant de visualiser les constellations. Ces mini-jeux imposent de recomposer un dessin basique en reliant des points (de constellation) sans tracer le même trait. S’ajoutent à cela, la découverte des sites et régions, de nombreuses collections de lettres, de bouteilles perdues et bien d’autres choses. Autant dire que Dragon Age Inquisition se reconnaît là encore par sa très grand générosité. Aussi, comme dans tout bon jeu de rôle, de nombreux habitants sollicitent les services de l’Inquisition pour diverses raisons. Si l’originalité de ces quêtes mineures n’est pas toujours à la hauteur de l’intérêt général du jeu, elles permettent néanmoins de gagner en influences et en point de compétences et d’expérience.
Quoi de neuf à Thédas ?
Pourquoi cet opus est mieux que Dragon Age II ? Tout d’abord parce que Bioware a décidé de revenir aux sources de la jeune saga Dragon Age et propose un subtil équilibre entre l’action et la profondeur de jeu (parfois, jusqu’à perdre un peu le joueur mais cela dépend de votre motivation à visiter chaque recoin de Thédas). L’expérience de jeu se retrouve décuplée par diverses attentions, qu’ils s’agissent des zones bien plus riches aux relations avec les personnages jouables ou non, offrant une aventure presque unique. Le joueur peut passer des heures à lire les documents éparpillés ici et là, se renseigner sur tout et n’importe quoi. Si Dragon Age n’est pas le premier jeu de rôle occidental à le proposer, le background de cet épisode est tout bonnement colossal et fourmille de mythologies, de détails, de rumeurs et d’aventures en tout genre. Cet opus propose plusieurs nouveautés et équilibrages. Le plus intéressant, entre guillemets, ce sont les montures. Permettant de traverser plus rapidement les contrées de Thédas, le cheval est intéressant mais n’est pas aussi rapide qu’on le voudrait.
Techniquement, Dragon Age: Inquisition est très agréable (rappel : le jeu ici est testé sur Xbox One). Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est magnifique mais c’est régulier, propre et sans trop de bugs apparents (à part quelques positionnements un peu ridicules, un personnage bloqué dans une sorte de boîte transparente de deux mètres cubes ou un cheval qui apparaît sur une rambarde sans tomber). Ce qui surprend surtout c’est la variété des décors et leur générosité au niveau de l’espace. Qu’il s’agisse d’une forêt luxuriante, d’une zone désertique ou d’un champ recouvert de neige, l’animation et le design assurent à chaque fois.
Les combats, très lisibles, même lorsque de nombreux ennemis apparaissent à l’écran, sont vraiment agréables. Les effets de lumière sont esthétiques et enjolivent les duels. Au niveau des personnages, les nouvelles armes et armures sont visibles dès qu’elles sont équipées. Le character design est plutôt efficace (et que dire des différents artworks absolument magnifiques !) mais souffre malgré tout d’un côté générique très prononcé. Terminons sur les musiques, signées par Trevor Morris (compositeur notamment de la série Vikings), qui sont très réussies. Sans pour autant rester en tête, la bande originale accompagne les images de façon très efficace. Et au niveau des points négatifs, car même si le jeu est admirablement réussi, il y en a quelques uns ? Programmé avec talent, Dragon Age: Inquisition souffre malgré tout de quelques petits défauts. Les menus, tristounets dans l’ensemble et peu esthétiques, ne sont pas vraiment ergonomiques. À cela s’ajoute des chargements un peu longuets qui nous font réfléchir à deux fois… même quand l’inventaire est plein et qu’un tour chez le marchand s’avère plus que nécessaire.
Conclusion
La mission n’était pas aisée mais Bioware a réussi haut la main : Dragon Age Inquisition est l’opus tant attendu. Celui qui arrivera à gommer les écueils d’un second épisode trop simplifié et clairement paresseux. Sans revenir forcément aux habitudes du premier volet, cet « Inquisition » arrive à concilier l’accessibilité du précédent et la grande richesse de l’épisode « Origins« . Long, varié et généreux, Dragon Age: Inquisition s’impose manifestement comme une grande réussite du jeu de rôle à l’occidental. Pas étonnant quand on connait le passé vidéoludique de Bioware. Le jeu représente un rapport qualité/prix affolant et un voyage de longue haleine. Si les dragons ne vous font pas peur et que vous êtes prêts à porter le fardeau de Thédas, Dragon Age: Inquisition ne peut être qu’un choix judicieux. Une grande réussite.
Les plus :
- Une reprise de qualité par l’équipe Bioware ayant œuvré sur les exceptionnels Mass Effect
- On y retrouve le système de choix offrant une expérience très personnelle du jeu
- Un jeu d’une générosité monstre : le nombre de choses à faire est complètement hallucinant
- Deux styles de combat différents et très efficaces (Action-RPG ou plus tactique au tour par tour)
- Un doublage entièrement francisé plutôt réussi dans l’ensemble
- Un éditeur de personnages très complet
Les moins :
- Quelques bugs un peu idiots (des personnages qui flottent dans les airs, les bruitages qui disparaissent très rarement,…) mais dans l’ensemble, ce n’est pas gênant
- Des menus assez peu pratiques dans leur ergonomie mais aussi pour la pratique à la manette (malgré un effort colossal fait par rapport à la version PC)
- Un cheval, certes pratique, mais franchement pas réussi (au niveau du comportement comme au niveau de la sensation de vitesse totalement inexistante)
- Les temps de chargement un peu longs
Note : 5/5